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Constitution égyptienne: l’opposition s’organise

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Douze jours avant le référendum qui portera sur le projet de future constitution égyptienne, les forces en présence se mettent en place et l’Égypte devient le théâtre de violentes manifestations qui opposent les partisans du président Mohamed Morsi et ses adversaires, réunis au sein d’un mouvement d’opposition désuni.

Un constitution décriée

Comme initialement prévu, le texte qui devra régir le pays sera soumis au peuple par voie de référendum, selon une annonce du président Mohamed Morsi samedi 1er décembre, lors de la soirée solennelle durant laquelle le président de la commission a officiellement remis le projet de loi fondamentale au président égyptien.

« Le projet de Constitution exprime les objectifs de la révolution », a déclaré Mohamed Morsi. « Avec nous tous, se construit la nation. La démocratie, c’est la participation. […] Je renouvelle l’invitation à l’ouverture d’un débat national sérieux autour des maux de la nation […] pour mettre fin à la période de transition le plus vite possible et protéger notre démocratie naissante. »

Contre les libertés de religion et d’expression

Malgré l’attente des Égyptiens, l’accueil réservé à cette Constitution est mitigé. Car, à l’image de la composition de la commission constituante, le projet de loi fondamentale égyptienne est islamiste.

L’opposition égyptienne, qui réunit ces mêmes entités qui craignaient, six mois plus tôt, l’élection de Mohamed Morsi à la présidence, revient sur le devant de la scène et condamne un texte qui, selon ses termes, viole la liberté de religion, la liberté d’expression et le droits des femmes.

Parmi ces forces, les chrétiens coptes représentent environ 10% de la population, mais également les laïcs ou les partisans de la gauche nassérienne. Autant de forces qui ont essayé de faire entendre leurs voix pendant les élections législatives, puis durant la campagne présidentielle.

L’opposition se mobilise

Mohamed El-Baradei, ancien secrétaire général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et, un temps, candidat à l’élection présidentielle, ne mâche pas ses mots face à ce qu’il considère comme un coup de force du pouvoir.

En à peine quelques jours, le Président a mené une première offensive en proclamant sa déclaration constitutionnelle, déclaration par laquelle il s’arroge de nombreux pouvoirs, notamment celui de protéger ses décisions d’un recours de la justice égyptienne.

Par cette déclaration constitutionnelle, le président égyptien s’offre une prise sur tous les pouvoirs. Un véritable « pharaon » pour Mohamed El-Baradei.

Car c’est ainsi que Mohamed Morsi protège sa constitution islamiste. Alors que l’opposition avait porté un recours devant la Haute Cour constitutionnelle pour revoir sa composition, le président s’est ainsi assuré de voir aboutir cette trop longue période de transition.

« Morsi soumet à référendum un projet de Constitution qui sape les libertés fondamentales et viole les valeurs universelles. La lutte continue », a ainsi écrit Mohamed El-Baradei sur Twitter, à la suite de l’annonce du président Morsi.

« Dernier avertissement »

Dimanche 2 décembre, plusieurs partis et groupes d’opposition ont annoncé un nouveau rassemblement, qu’ils ont qualifié eux-mêmes de « dernier avertissement ». Cette manifestation devrait se dérouler devant le palais présidentiel mardi 4 décembre.

Ces opposants avaient déjà appelé samedi 1er décembre au rejet du décret et à l’annulation de ce projet de constitution adopté rapidement jeudi 29 et vendredi 30 novembre.

La justice se met en grève

Face à cette opposition, la justice joue un rôle prépondérant, tant en termes de blocage qu’en termes de mobilisation au côté de l’opposition.

À la suite de l’annonce de Mohamed Morsi, les juges égyptiens, déjà mobilisés depuis le décret du 22 novembre dernier, ont annoncé qu’ils ne superviseraient pas le scrutin dans les différents bureaux de vote égyptien.

« Tous les juges d’Égypte et les Clubs des juges hors de la capitale se sont accordés pour ne pas superviser un référendum sur un projet de Constitution et pour le boycotter », a ainsi annoncé le président du Club des juges, Ahmed al-Zind, dans un communiqué de presse.

La Haute cour constitutionnelle a pour sa part annoncé une grève à durée indéterminée. Alors que cette dernière devait examiner le recours porté par l’opposition, les partisans du clan présidentiel se sont opposés à leur entrée dans le tribunal. L’examen de ce recours a été reporté à une date indéterminée.

Les acteurs de la crise que traverse l’Égypte sont déterminés, et dans cette dernière course avant que la constitution ne soit définitivement votée, tous les coups seront permis.

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