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Au Mali, l’isolement du Nord fragilise l’action humanitaire

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Fragilité alimentaire et rupture monétaire

Les Maliens, qui vivent au nord du Mali, sont aujourd’hui exposés à une fragilité alimentaire, directement liée aux difficultés que vit le Sahel depuis de nombreuses années. Ils doivent également faire face au dysfonctionnement du système de santé, quasiment inexistant dans cette région du pays.

La rareté du travail et l’absence de système bancaire rend par ailleurs difficile pour les Maliens de se procurer de l’argent, et donc d’acheter des aliments. Face à la paralysie du système bancaire dans son ensemble, les Maliens vont être rapidement confrontés à une rupture monétaire qui risque de compliquer leur capacité à accéder aux marchés.

Vers un isolement total du nord du pays ?

Le nord du Mali se trouve isolé depuis plusieurs semaines. « Il faut savoir que dans cette région du pays, la plupart des approvisionnements commerciaux viennent d’Algérie ou des pays limitrophes comme la Mauritanie et le Niger. Avec la situation en cours, il est possible que ces « couloirs marchands » qui approvisionnent le pays en denrées de tous types soient interrompus ou en tout cas perturbés », explique Vincent Taillandier.

Les populations, qui vivent depuis près d’un an une crise alimentaire majeure qui sévit dans tout le Sahel, se trouvent aujourd’hui confrontées en plus à une crise politique qui les isole.

Quelles conséquences aurait une interruption des programmes humanitaires ?

Le Mali est confronté chaque année à des problèmes de malnutrition qui affectent des dizaines voire des centaines de milliers d’enfants (en particulier des enfants de moins de 5 ans). L’isolement du nord du Mali risque ainsi de compliquer l’accès des acteurs humanitaires à la région.

Or, si des organisations comme Action contre la faim (qui lutte contre la malnutrition aigüe sévère, notamment chez les enfants), ne peuvent relancer leurs programmes médicaux, le pronostic vital des personnes déjà sous traitement médical risque d’être engagé.

Pénurie alimentaire et déplacement de population

Par ailleurs, une partie de la population va probablement être contrainte de se déplacer, à l’intérieur du pays ou même à l’étranger, ou bien elle se réfugiera dans les pays limitrophes. Depuis un an déjà, la situation au nord du Mali s’est détériorée, et des déplacements importants de population ont eu cours au lendemain des combats entre les rebelles touaregs et l’armée, en janvier 2012.

On estime aujourd’hui à 150 000 le nombre de réfugiés dans des camps ou des pays limitrophes (en particulier en Mauritanie, au Niger et au Burkina Faso), et à 200 000 le nombre de gens qui ont été amenés à se déplacer loin de leur foyer à l’intérieur du pays, en raison de violences ou de risques de violences. Cela représente aujourd’hui 350 000 personnes ayant un besoin potentiel d’une assistance humanitaire. « Lorsque l’on part précipitamment de chez soi, on part avec rien, et l’on devient donc dépendant d’une aide extérieure », rappelle Vincent Taillandier.

« L’action humanitaire doit être neutre, indépendante et détachée de tout projet politique »

Lorsque l’action humanitaire intervient dans des zones de conflit politique majeur, elle risque toujours d’être « réquisitionnée » par telle ou telle partie du conflit. À ce titre, Action contre la faim rappelle que « les acteurs humanitaires doivent être protégés sur le terrain, et leur travail, leur indépendance et leur neutralité doivent être respectés ».

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