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Benjamin Netanyahu: vers une réélection par défaut?

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Le premier grand rendez-vous électoral de 2013 est fixé au 22 janvier. Ce jour-là, les Israéliens se rendront aux urnes pour des législatives anticipées. Grand favori du scrutin, le Premier ministre Benjamin Netanyahu rencontre quelques difficultés dans une campagne électorale marquée par le climat de tensions régionales.

La Knesset dissoute

Dans la nuit du lundi 15 au mardi 16 octobre, la Knesset, le Parlement israélien, a voté sa dissolution et convoqué des élections législatives anticipées pour le 22 janvier 2013.

Les prochaines élections auraient dû se dérouler en octobre 2013 mais, favori des sondages, Benjamin Netanyahu a décidé d’avancer le scrutin.

« Dans moins de cent jours, le peuple d’Israël décidera qui le dirigera face aux plus grands défis que nous ayons connus en termes de sécurité depuis la fondation de l’État, et qui le conduira face à la pire crise économique que le monde ait connue depuis quatre-vingts ans », a plaidé le Premier ministre. Benjamin Netanyahu s’est déjà présenté comme le seul garant de la sécurité d’Israël face à l’Iran, aux « bouleversements » régionaux et à la crise économique mondiale.

Benjamin Netanyahu, favori des sondages

S’il a invoqué des désaccords sur le projet de budget 2013, alors que la coalition de cinq partis – de la droite à l’extrême droite – dispose d’une majorité absolue avec 66 sièges, les motivations de Benjamin Netanyahu sont bien autres…

Tout d’abord, les sondages le donnait largement en tête et creusant même l’écart avec l’opposition du centre, de la gauche et des formations arabes. Les premiers sondages au moment de la dissolution lui prédisaient même une majorité renforcée de 68 sièges.

Des élections avant de faire face aux menaces régionales

« Celui qui minimise le danger qu’un Iran nucléaire pose à Israël ne mérite pas de diriger le pays ne serait-ce qu’un seul jour, a déclaré aux députés Benjamin Netanyahu, en plaidant pour la dissolution. Aujourd’hui, nous avons les capacités d’agir contre l’Iran et ses satellites, des capacités que nous n’avions pas auparavant. »

Par ailleurs, la question palestinienne fait également débat, a fortiori depuis que l’Assemblée générale des Nations unies à donner à la Palestine le statut d’État non membre de l’organisation internationale.

Une campagne qui cafouille

La campagne du Premier ministre ne s’est pas déroulée comme prévue. Le 29 octobre était annoncée la constitution d’une liste commune avec Israël Beïteinou du vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères, le populiste Avigdor Lieberman. Mais, le 14 décembre, ce dernier a été contraint de démissionner au lendemain d’une inculpation dans une affaire frauduleuse.

La campagne de la liste « Likoud-Beiteinou » a été lancée en grande pompe fin décembre, avec un Netanyahu triomphant. Depuis, un meeting du Likoud à Nazareth n’a rassemblé que quelques centaines de participants, loin des milliers attendus. D’autres meetings ont été annulés en raison de « problèmes d’organisations ».

À deux semaines du scrutin, son avance ne cesse de se réduire à une vitesse inquiétante. Désormais, les sondages ne promettent à la liste commune que 34 sièges, loin des 42 députés des deux partis dans la Knesset dissoute. Arthur Finkelstein, conseiller de Netanyahu après avoir été celui de Romney aux États-Unis, a été prié de revenir d’urgence en Israël.

La montée d’un ultrareligieux nationaliste

Certes, le Premier ministre a été surpris par la percée, sur sa droite, de Naftali Bennett, l’un de ses anciens collaborateurs. Après avoir fait fortune dans l’informatique, cet ultranationaliste et religieux, au sourire éclatant, est parvenu à placer sa liste, Bayit Yehudi – le Foyer juif -, en troisième position. Sa personnalité et son positionnement attire de nombreux électeurs du Likoud, ceux insatisfait de l’alliance avec les populistes d’Israël Beiteinou, parti nationaliste mais laïc et composé, majoritairement, d’anciens immigrants russes.

Benjamin Netanyahu a riposté en attaquant certaines positions de Naftali Bennett, comme l’appel à désobéir à d’éventuels ordres d’évacuation de colonies juives.

Pas d’adversaires crédibles

Pour autant, Benjamin Netanyahu semble assuré de retrouver son poste le 23 janvier au matin, faute de concurrents crédibles face à lui.

Son prédécesseur, Ehud Olmert, ne fait pas campagne. Hatnuah, le parti de Tzipi Livni, ex-n°1 de Kadima et ancienne ministre des Affaires étrangères, est loin derrière dans les sondages. Ehud Barak, l’ancien Premier ministre et ministre de la Défense de benjamin Netanyahu, s’est retiré de la vie politique.

Les figures de gauche, les anciens journalistes Shelly Yachimovitch et Yair Lapid, n’ont pas la stature de Premier ministre – pas encore.

Le scénario le plus probable : Benjamin Netanyahu devrait conserver son poste mais pourrait être contraint de gouverner avec des alliés qu’il n’aura pas choisis. Le Premier ministre sortirait profondément affaibli et sa ligne politique – son attitude face à l’Iran et vis-à-vis des Palestiniens – dépendrait largement du choix de ces alliés.

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