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Dr Mohamed et Mr Morsi: la vidéo antisémite du président égyptien

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L’information est passée inaperçue. Elle a été rendue publique le 4 janvier 2013 par The Middle East Media Research Institute (MEMRI), un think tank américain – dirigé par un ancien n°2 du FBI en charge de l’anti-terrorisme – qui publie régulièrement des extraits traduits en anglais de programmes de télévision en arabe. Une preuve supplémentaire de la quantité de propos anti-juifs à laquelle les opinions publiques arabes sont soumises.

« Descendants de singes et de cochons »

Dans cette vidéo enregistrée le 23 septembre 2010, Mohamed Morsi qualifie les juifs de « descendants des singes et des cochons », de « suceurs de sang qui attaquent les Palestiniens… de va-t-en-guerre… Ils ont attisé les flammes des guerres civiles partout où ils se sont trouvés tout au long de l’histoire. Ils sont hostiles par nature ». Il y rejette aussi la perspective d’un accord négocié entre les Palestiniens et Israël, parlant d’une « perte de temps et d’opportunités… Ce rêve a toujours été une illusion ».

Ce n’est pas le seul exemple documenté de propos incendiaires – antisémites – dans la bouche de Mohamed Morsi. Si le président égyptien s’efforce de se présenter comme une force de modération et un facteur de stabilité, il use d’un double langage. Dans la version politiquement incorrecte de son expression, il qualifierait régulièrement les sionistes de « Dracula » ou « vampires », autant de termes traditionnels de l’antisémitisme.

Une référence coranique

La comparaison avec « les singes et les cochons » serait directement tirée de trois versets coraniques à l’origine de la référence islamique antisémite – 7 :166, 2 :65 et 5 :60. Ces croyances, auxquelles Mohamed Morsi semble souscrire depuis des décennies, ne sauraient disparaître en une année au pouvoir, même s’il est possible que celle-ci ait contribué à le modérer. Mais, c’est fort peu probable lorsqu’on se souvient de l’apparition du Président à la télévision égyptienne aux côtés d’un religieux priant pour la dispersion des juifs en octobre 2012.

Imagine-t-on un président des États-Unis, un Premier ministre israélien ou un président de la République française s’exprimer de la sorte ? Quiconque en Occident tiendrait de tels propos serait instantanément qualifié de fasciste et mis au ban de la société des nations.

L’ordinaire de « la rue arabe »

Cet épisode, révélé par NEMRI, soulève, une fois de plus, la question du niveau de haine répandu par les programmes de télévision courants sur les chaînes en langue arabe – des programmes désormais aisément accessibles via Internet partout dans le monde.

Quiconque prend la peine de regarder ces programmes – et est en mesure de les comprendre – pourra constater le niveau d’antisémitisme ouvertement exprimé. Antisémitisme mais aussi anti-occidentalisme, christianophobie…  L’histoire « officielle » offerte aux opinions publiques arabes ressemble souvent à une histoire parallèle, parallèle à celle répandue ailleurs – et notamment en Occident. Une histoire qui fait la part belle aux théories de la conspiration judéo-chrétienne, occidentale contre le monde arabe.

Dr Mohamed ou Mr Morsi ?

Mais, cette vidéo dans laquelle Mohamed Morsi qualifie les juifs de « descendants des singes et des cochons » soulève une autre question : pourquoi a-t-il cessé de tenir de tels propos ? A-t-il changé d’opinion ou se retient-il compte tenu de ses nouvelles fonctions ? Est-il désormais devenu trop bienveillant à l’égard d’Israël et des États-Unis depuis l’enregistrement de ses propos sulfureux ? Le satiriste égyptien Bassem Youssef, dans sa propre émission de télévision, a mis Mohamed Morsi au défi d’admettre que « tous les propos qu’il a tenus par le passé n’étaient en fait que des blagues, ou d’arrêter de bluffer ». Côté occidental, on préfère espérer que, s’il a bluffé, c’était avant…

Deux ans après le début de l’insurrection populaire contre Hosni Moubarak, l’islamiste Mohamed Morsi est au pouvoir. Celui-ci avance encore masqué et ses véritables intentions demeurent incertaines. L’Occident prendrait de grands risques à faire preuve d’angélisme à son égard. Mohamed Morsi n’est pas forcément un gentleman.

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