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Otages en Algérie: les islamistes cherchent l’extension du conflit

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En matin du 17 janvier, les détails de la prise d’otage dans une raffinerie d’In Anémas, à l’est de l’Algérie, revendiquée par les islamistes, restent parcellaires. Il y aurait près de 200 otages – dont environ les trois-quarts d’Algériens et le reste d’expatriés occidentaux.

Cet épisode tragique ne saurait être dissocié des opérations en cours plus au sud du Sahel au Mali où, au sixième jour d’opération, l’armée française est engagée dans des combats au corps-à-corps avec les forces d’AQMI.

Des Français parmi les otages ?

La présence ou non de Français est secondaire lorsqu’il s’agit de comprendre les motivations des islamistes et l’opportunité pour ceux-ci de conduire une telle opération.

Alors qu’il semblerait que les otages algériens soient progressivement libérés, il apparaît évident que ce sont les Occidentaux, dans leur ensemble, qui sont visés. Peu importe, dans ces conditions, qu’ils soient suédois, américains, britanniques ou japonais. Ce sont « les infidèles » que visent les islamistes et les musulmans, dans leur ensemble, qu’ils cherchent à rallier.

Pourquoi les islamistes ne demandent-ils pas la fin de l’intervention française au Mali ?

Si, dans leur revendication, les islamistes ne demandent pas l’arrêt des opérations françaises au Mali, c’est précisément parce que, cette guerre, ils l’ont souhaitée. En menaçant ouvertement la capitale malienne Bamako et, par là-même, la sauvegarde du Mali, ils ont volontairement provoqué l’engagement de la France, dont ils savaient que, plus qu’aucun autre pays, elle ne saurait tolérer l’établissement d’un califat, expansionniste et terroriste, dans cette région du monde, si proche de ses frontières.

Ils ont voulu tester la détermination du nouveau pouvoir français, dont certains auraient pu douter de la détermination à s’engager dans un conflit. Dans tous les cas, les islamistes avaient, d’une certaine manière, l’assurance de remporter la première manche : soit la France ne bougeait pas et ils installaient leur pouvoir sur l’ensemble du Mali, soit la France intervenait et ils pouvaient entamer ce djihad tant désiré.

Pousser l’Algérie à s’engager

Première étape d’une stratégie d’extension du conflit, l’Algérie, l’immense Algérie, ses 1300 kilomètres de frontière avec le Mali, ses centaines de milliers de kilomètres carrés de désert, son pouvoir quelque peu oublieux de deux décennies de lutte contre ses propres islamistes – les mêmes engagés au Mali – et ses relations toujours si compliquées avec la France que toute coopération militaire est nécessairement compliquée et explosive.

Dans l’état actuel des choses, on imagine mal l’armée française intervenir ne serait-ce que de manière ponctuelle sur le territoire algérien, mais on devine l’impact que cela pourrait avoir sur l’opinion publique algérienne.

Se mêler à la population pour qu’il y ait des pertes civiles

La stratégie des islamistes, telle qu’elle se développe au Mali – et peut-être ailleurs déjà, comme en Algérie -, est sans doute de se mêler aux populations locales de sorte qu’il puisse y avoir, comme en Afghanistan, comme en Irak, en Libye et ailleurs, des victimes collatérales.

Les islamistes pourraient alors aisément dénoncer une croisade des Occidentaux et rallier à leur cause une partie des opinions publiques, la « rue arabe ».

C’est l’ensemble de la région sahélienne qui doit résister

Tous les pays de la région – du sud du Sahel aux rives de la Méditerranée – qui sont concernés par les événements en cours. Sans attendre, chacun d’entre eux doit prendre toutes les mesures nécessaires pour résister à la poussée généralisée des forces islamistes.

L’Algérie a été le théâtre de la première opération en dehors du territoire malien. D’autres pays pourraient être visés très prochainement. C’est la raison pour laquelle le Quai d’Orsay a appelé à la plus grande vigilance tous les ressortissants français se situant dans la région. Cette menace concerne les Français, comme tous les Occidentaux et, au-delà, toutes les populations locales.

Le fait que certains pays africains aient hésité à envoyer trop de forces au Mali est la preuve que leurs dirigeants craignent de nouveaux développements sur leurs propres territoires.

Ce conflit n’est pas seulement l’affaire de la France

L’attitude des alliés occidentaux de la France a été plus que timide au cours des premiers jours d’opération. Certains ont feint de ne voir dans cette opération que la défense du Mali, au nom d’accords bilatéraux entre celui-ci et l’ancienne puissance coloniale.

Il est temps que l’Union européenne, l’OTAN, les Occidentaux dans leur ensemble réalisent la nature exacte du conflit qui se développe sous nos yeux et qu’ils s’organisent pour appuyer – avec tous les moyens disponibles – les efforts de la France.

Car l’embrasement de toute cette région de l’Afrique risquerait d’ouvrir un conflit généralisé d’une ampleur sans comparaison avec le bourbier afghan. Et dans ces conditions, aucun pays occidental ne pourrait s’estimer à l’abri de répercussions jusque sur son propre sol.

L’apaisement, la complaisance vis-à-vis de l’ennemi islamiste ne nous conduirait nulle part ailleurs qu’à la catastrophe.  

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