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Otages libérés: que sont-ils devenus?

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Ingrid Betancourt (2002-2008, Colombie)

Ingrid Betancourt, ancienne sénatrice écologiste franco-colombienne a été enlevée le 23 février 2002 par les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) alors qu’elle était en pleine campagne présidentielle. Elle passera six années dans la jungle colombienne avant d’être libérée par l’armée, le 2 juillet 2008. Depuis sa libération, l’ex- otage, dont la détention fut extrêmement médiatisée, a abandonné la vie politique.

En juillet 2010, Ingrid Betancourt fait une demande d’indemnisation maladroite auprès du ministère de la Défense (dans le cadre de la loi en faveur des victimes du terrorisme). Elle réclame 6,6 millions de dollars de dommages. « Je n’éprouve plus de rancoeur, mais j’ai l’impression d’avoir subi de l‘injustice et de la cruauté », déclarera-t-elle en 2012, dix ans après son enlèvement. Devant une opinion colombienne choquée par cette démarche, l’ex-otage abandonne. En 2010, Ingrid Betancourt publie un récit fleuve de 700 pages intitulé Même le silence a une fin, dans lequel elle raconte sa descente aux enfers et les conditions de sa détention.

Jean Paul Kauffman (1985-1988, Liban)

Grand reporter à L’Événement du Jeudi, Jean-Paul Kauffman a été enlevé à Beyrouth avec Michel Seurat, chercheur du CNRS spécialiste du Proche-Orient, le 22 mai 1985 au Liban. Il a été libéré trois ans plus tard, le 4 mai 1988, mais Michel Seurat mourra en captivité. Six ans après sa libération, l’ex-otage a créé la revue L’Amateur de cigare. Auteurs de nombreux ouvrages comme L’Arche des Kerguelen, La Chambre noire de Longwood (Prix Femina essai 1997), La Lutte avec l’Ange, Jean-Paul Kauffmann reprend dans ses livres la thématique de l’enfermement sans jamais parler directement de sa condition d’otage. Ce n’est qu’en 2007 que l’écrivain – récompensé par le prix de la Langue française en 2009 pour l’ensemble de son oeuvre – aborde dans La Maison du retour ses trois années de captivité et le difficile retour à la vie normale.

Christian Chesnot et Georges Malbrunot (2004, Irak)

Christian Chesnot et Georges Malbrunot, journalistes français, ont été enlevés en Irak le 20 août 2004 par l’armée islamique. À l’époque, les ravisseurs lancent un ultimatum au gouvernement français : annuler la loi sur la laïcité dans les 48 heures, en échange de la liberté des deux journalistes. Après 124 jours de détention, Christian Chesnot et Georges Malbrunot ont finalement été libérés le 21 décembre 2004. Selon le quotidien britannique The Times, la France aurait versée 15 millions de dollars (11,8 millions d’euros) pour leur libération – bien que le gouvernement français continue de démentir cette information. 

À leur retour en France, les deux journalistes publient une contre-enquête sur leur enlèvement baptisée Mémoires d’otages. Dans leur ouvrage, ils confient les préoccupations les plus intimes de leur captivité mais abordent également la complexité du statut d’otage. Christian Chesnot travaille à la rédaction de France Inter depuis 2005. Georges Malbrunot, spécialiste du Moyen-Orient, est quant à lui grand reporter au Figaro.

Florence Aubenas (2005, Irak)

Deux semaines seulement après la libération des journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot, c’est Florence Aubenas, journaliste pour le quotidien Libération, qui fut à son tour enlevée à Bagdad, le 5 janvier 2005, en compagnie de son fixeur, Hussein Hanoun al-Saadi, lors d’un reportage sur les réfugiés de Falloujah.

Un mois après son enlèvement, la journaliste apparaît éprouvée dans une vidéo de 26 secondes, diffusée par Sky-Italia. Pendant ses cinq mois de détention, des comités de soutien se forment et le portrait géant de la journaliste est exposé sur la façade de la Mairie de Paris avant d’être retiré le 12 juin, jour de la libération de la journaliste. Après 157 jours de captivité, Florence Aubenas se plonge dans l‘affaire Outreau et sort un ouvrage d’investigation intitulé La Méprise. En 2006, elle quitte Libération, qui la considère pourtant comme l’une de ses meilleures plumes, pour Le Nouvel Observateur. De juillet 2009 à juin 2012, elle préside l’Observatoire international des prisons (OIP) et parallèlement s’installe à Caen, où elle s’inscrit comme chômeuse à Pôle emploi. Pendant six mois, elle mènera une enquête sur les travailleurs précaires, premières victimes de la crise, avant d’en faire un livre, Le Quai de Ouistreham, publié en 2010. Florence Aubenas est aujourd’hui Grand Reporter au Monde

Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier (2009- 2011, Afghanistan)

Journalistes pour le magazine Pièces à conviction (France 3), Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier ont été enlevés le 30 décembre 2009 alors qu’ils étaient en reportage en Afghanistan. Après 18 mois de détention, les journalistes ont été libérés le 30 juin 2011. « Nous allons bien. Nous avons eu un moral d’acier. Il fallait être solide et bien structurer son temps », expliquèrent les deux journalistes à leur arrivée en France devant une horde de médias, avant d’ajouter : « On ne savait pas combien de temps ça allait durer, mais on aurait pu tenir encore ». 

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