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Pourquoi l’Algérie a soudainement changé de stratégie au Mali

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Il y a encore quelques semaines, l’Algérie peinait à accorder son soutien à une intervention armée au Mali. Abdelaziz Bouteflika, réticent à s’engager dans un conflit qui allait inéluctablement déborder sur son territoire, persistait alors à prôner la voie diplomatique pour résoudre la crise malienne.

Alger et Paris travaillent ensemble

Il semble pourtant, qu’en quelques jours à peine, la position de l’Algérie, acteur incontournable de la région, ait radicalement changé.

Dès dimanche 13 janvier au soir, alors que l’Opération Serval avait débuté depuis deux jours, Laurent Fabius annonçait que Paris travaillait désormais « avec les Algériens » et qu’Alger avait autorisé sans limite le survol de son territoire par les Rafales français.

Le lendemain, le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, Amar Belani, affirmait que le ministre français des Affaires étrangères était entré en contact avec son homologue algérien, Mourad Medelci. C’est à la suite de cet appel que l’Algérie a annoncé la fermeture de sa frontière commune avec le Mali.

L’Algérie a toujours privilégié le dialogue politique

Abdelaziz Bouteflika change de cap et Alger, qui met traditionnellement un point d’honneur à ne pas intervenir dans un conflit étranger, entame un engagement subtil au Mali, bien qu’il ne soit pas question, pour le moment, d’envoyer des hommes sur le terrain.

Il faut dire que l’enjeu est de taille pour l’Algérie, qui partage 1376 kilomètres de frontière avec le Mali.

Depuis le début de la crise, le gouvernement algérien craint un effet de contagion. Une contagion d’autant plus probable que l’Algérie sait qu’une grande part des islamistes qui ont investi le Nord-Mali sont des ressortissants algériens.

C’est donc en connaissance de cause que l’Algérie a toujours voulu privilégier le dialogue politique entre les différentes factions en présence.

Alger mis en défaut dans sa politique de dialogue

Au départ, l’Algérie a voulu jouer la carte du « diviser pour mieux régner ». Le 21 décembre dernier, des représentants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et d’Ansar Dine se sont ainsi retrouvés à Alger pour signer un accord de cessation des hostilités dans le territoire de l’Azawad, région du Nord-Mali qui a revendiqué son indépendance en avril dernier.

L’accord de non-agression aura été de courte durée et la stratégie qui visait à écarter le mouvement islamiste Ansar Dine des membres d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a donc échoué en raison de querelles internes aux deux premiers mouvements.

La diplomatie algérienne a été mise en échec et c’est sans doute cet évènement qui a poussé Alger à accorder ses plans à ceux de la communauté internationale, d’autant qu’une non-intervention, au moment même où les islamistes menaient leur offensive vers le sud, aurait pu être considérée comme un appui implicite aux islamistes.

L’Algérie demande toujours un « dialogue inter-malien »

Si aujourd’hui l’Algérie semble prête à aider son voisin du sud, selon les moyens actuellement mis en place, Abdelaziz Bouteflika ne renonce pas pour autant à sa volonté de voir un dialogue inter-malien s’engager.

Lors de sa déclaration, Amar Belani a rappelé l’importance de trouver une solution politique « à travers un dialogue inclusif inter-malien. »

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a également évoqué « les revendications légitimes des populations du nord, » face à leur abandon par le gouvernement de Bamako.

« Ce dialogue, que l’Algérie a toujours préconisé, est incontournable pour une sortie de crise durable et définitive, » a ajouté Amar Belani.

Retour au dossier : Du Mali à l’Algérie, un conflit devenu international en quelques heures

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