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Ronny Edry: «Les Israéliens doivent voter en faveur de la paix»

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« Vote peace »

Tout commence au mois de mars 2012. Ce jour-là, Ronny Edry, enseignant en graphisme, publie sur Facebook une photo de sa fille et lui accompagnée d’un texte : « Iraniens, nous ne bombarderons jamais votre pays, nous vous aimons ». Quelques minutes plus tard, des centaines d’Israéliens et de Palestiniens partagent et « like » le message. Un mouvement est né, celui d’Israël Loves Iran, qui prône la paix et le dialogue entre les peuples israéliens et iraniens dans un contexte politique tendu entre les deux pays.

Depuis ce fameux jour, le mouvement rassemble plus de 100 000 personnes sur le réseau social, un site internet a été créé, et plusieurs autres groupes comme Palestine Loves Israel ou Iran Loves Israel ont vu le jour… Des centaines de messages d’amour et de paix ont été diffusés sur Facebook, mais pas seulement. Dans les rues de Tel-Aviv, des posters géants d’Iraniens et d’Israéliens ont été affichés à travers la ville, avec le slogan « Vote peace ». Car pour Ronny Edry« à la manière d’une campagne publicitaire, il faut vendre la paix »

À quelques jours des élections législatives israéliennes, qui auront lieu le 22 janvier prochain, le fondateur d’un mouvement qui a fait le tour du monde, s’exprime sur l’avenir d‘Israel Loves Iran, sur les élections et la radicalisation des partis de droite en Israël

JOL Press : Dans la campagne « Vote Peace » d’Israel Loves Iran vous appelez les Israéliens à voter pour la paix. Concrètement, quels sont les partis politiques qui représentent vos valeurs ?

Ronny Edry : La situation est de plus en plus compliquéeen Israël aujourd’hui. La gauche est divisée. Les leaders politiques doivent trouver le courage de se regrouper pour créer un parti et espérer ainsi accéder au pouvoir. Quant aux valeurs que nous portons, elles se rapprochent le plus du parti politique Meretz, qui a notamment fait campagne sur la paix avec les Palestiniens.

JOL Press : Hormis le buzz, le mouvement Israel Loves Iran a-t-il permis une prise de conscience parmi la population israélienne ?

Ronny Edry : Depuis la création d’Israel Loves Iran, en mars 2012, de nombreuses autres pages Facebook ont été crées : Palestine Loves Israel ou Iran Loves Israel pour n’en citer que deux. Cela dépasse largement le mouvement de départ ! Ces initiatives permettent à des centaines de personnes de voyager virtuellement, de s’ouvrir à une autre culture et surtout d’instaurer un dialogue entre les populations, comme l’Israël et l’Iran…

Avec Israel Loves Iran nous véhiculons un message: il faut voter dans le sens de la paix. Nous avons eu un impact certes, mais de là à changer le cours des élections israéliennes, peut-être pas.

JOL Press : Savez-vous s’il y a eu des représailles des autorités iraniennes ?

Ronny Edry : Pour le moment, nous n’avons eu aucun retour concernant d’éventuels ennuis qu’auraient pu s’attirer les Iraniens en raison de leur implication dans le mouvement. Au contraire, les Iraniens sont chaque jour de plus en plus nombreux à nous envoyer leurs photos, et à poster des commentaires sur la page Facebook du mouvement.

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JOL Press : Quels sont vos projets à venir ?

Ronny Edry : Le but des médias sociaux est de faire avancer et d’améliorer les rapports entre les gens. Nous ne devons pas perdre de vue notre objectif de départ : instaurer un dialogue entre les Israéliens et les Iraniens. Nous continuons dans ce sens-là. Mais pourquoi ne pas élargir ce dialogue à tout les peuples du Moyen-Orient, et même à ceux des quatre coins du globe ? Pour cela, nous pensons organiser prochainement un grand match de basket en Europe, à Paris ou à Berlin.   

JOL Press : Qu’en est-t-il du mouvement Israel Loves Iran ? Y-a-t-il toujours le même enthousiasme de départ, ou cela s’essouffle-t-il un peu ?

Ronny Edry: Vous savez, je me demande souvent pourquoi à Paris, par exemple, lorsqu’un Israélien et un Syrien se rencontrent, ils arrivent à échanger facilement, se trouver des points communs, mais que deux pays situés l’un à côté de l’autre sont incapables de communiquer. C’est incensé ! Il y a encore un énorme travail à faire. Tant que la paix ne règnera pas, tant qu’il y aura autant de problèmes dans le monde arabe, les gens seront toujours impliqués pour faire bouger les choses. Voilà d’ailleurs pourquoi Israel Loves Iran existe : les gens ont besoin d’un espace où ils peuvent s’exprimer, poster leurs messages, et dialoguer avec les internautes du monde entier. Pour vous donner un exemple, lorsqu’il y a eu l’opération militaire d’Israël sur la bande de Gaza en novembre dernier, nous approchions les deux millions de visiteurs par jour…

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JOL Press : Vous lancerez-vous un jour en politique ?

Ronny Edry : Nous avons effectivement pensé créer un parti politique pour promouvoir la paix. Mais nous sommes arrivés trop tard dans la course électorale : juste avant la date limite pour s’inscrire sur les listes électorales, il y a donc environ deux mois. Nous avons finalement renoncé, car cela aurait segmenté un peu plus la gauche israélienne. En créant ce parti politique, nous aurions volé des voix à la gauche, au Meretz par exemple, ce qui était hors de question. Mais cela ne signifie pas que nous allons rester les bras croisés, simples spectateurs des élections législatives: nous diffuserons bientôt une vidéo sur YouTube afin d’encourager les Israéliens à voter pour les partis politiques qui se concentrent sur la paix.

JOL Press : Craignez-vous une radicalisation des partis de droite en Israël?

Ronny Edry : Effectivement, lorsqu’on se penche sur les sondages, cela va dans ce sens-là… On assiste à une radicalisation de la droite en Israël. Benjamin Netanyahu va chercher des voix dans les partis de droite et religieux. Déjà que nous avions un gouvernement limite fasciste, mais cela s’annonce encore pire… Quant à Naftali Bennett, représentant de la droite dure israélienne, il a une vision radicale et ultra-nationaliste d’Israël, notamment avec cette volonté de reprise de tous les territoiresNaftali Bennett ne voit pas de place pour les Palestiniens en Israël. C’est une vision dangereuse.

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