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Al-Qaïda et salafisme: les frères Al-Zawahiri, maîtres islamistes

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Le 2 mai 2011, un raid de l’armée américaine sur la maison de Ben Laden, à Abbottābād, au Pakistan, provoquait la mort du chef d’Al-Qaïda, l’homme le plus recherché au monde.

14 jours plus tard, en étant intronisé chef de l’organisation islamiste et terroriste, Ayman Al-Zawahiri devenait à son tour l’homme le plus recherché.

Depuis, ce dernier assure la succession, loin du monde, comme le faisait son prédécesseur. Depuis son entrée en fonction, il n’est apparu que deux fois en vidéo, pour exprimer son soutien aux révolutions arabes.

Successeur de Ben Laden

Né le 19 juin 1951, Ayman Al-Zawahiri grandit dans une famille égyptienne modeste, en banlieue du Caire, dans une période trouble de l’histoire égyptienne. À sa naissance, le roi Farouk Ier règne encore sur l’Égypte mais sera défait par un coup d’État le 26 juillet 1952, organisé par Mohammed Naguib et Gamal Abdel Nasser.

À 14 ans, Ayman Al-Zawahiri rejoint les Frères musulmans, créés une vingtaine d’années auparavant. Mais à cette époque, dans l’Égypte de Nasser, l’islamisme n’est pas autorisé et, alors qu’il n’est encore qu’adolescent, il est arrêté pour la première fois.

Ayman Al-Zawahiri finit ses études en Égypte. Inspiré par son père, professeur de pharmacologie, il obtient son diplôme de médecine et sa spécialisation en chirurgie en 1978.

Un an plus tard, il intègre le Jihad islamique et devient rapidement une personnalité incontournable de ce mouvement radical.

Formé à l’islamisme en Égypte

Comme de nombreux protagonistes du terrorisme mondial, Ayman Al-Zawahiri se rend en Afghanistan pour combattre l’armée rouge au côté des moudjahidines. C’est là qu’il rencontre Oussama Ben Laden. À cette époque, ce dernier tient un camp d’entraînement. Les années 80 viennent d’arriver, les deux hommes décident de créer Al-Qaïda.

Toujours actif au sein du Djihad islamique, il mène de nombreuses actions sur le sol égyptien avant d’être à l’origine de la réunion de son mouvement avec Al-Qaïda.

Après l’attentat du 11 septembre et le déclenchement de la guerre en Afghanistan, Ayman Al-Zawahiri disparaît. Il n’apparaît que sur quelques rares vidéos, au côté de Ben Laden, qui dirige les talibans depuis les montagnes afghanes.

« Rechercher le martyre et le paradis »

La philosophie et les principes religieux du nouveau chef d’Al-Qaïda sont relatés dans un ouvrage que cosignera ce dernier avec Oussama Ben Laden, en 1998. Dans Le Front islamique mondial contre les juifs et les croisés, Ayman Al-Zawahiri lance un appel au djihad pour les musulmans du monde entier. Un appel qu’il renouvellera notamment le 24 mars 2008, pour encourager les musulmans à mener de nouvelles attaques contre les intérêts juifs et américains et à « surveiller les cibles, collecter de l’argent, apporter l’équipement, effectuer les préparatifs, et ensuite – en invoquant Allah – rechercher le martyre et le paradis. »

Ayman Al-Zawahiri n’a que deux ans lorsque son frère cadet naît, en 1953. Mais s’ils ont vécu ensemble, les deux frères n’ont pas suivi le même chemin.

Un frère cadet

Mohammed Al-Zawahiri se tourne également très jeune vers l’islamisme, en Égypte. Lorsque son frère entre en guerre en Afghanistan, Mohammed Al-Zawahiri s’installe en Arabie Saoudite. Plusieurs années plus tard, le nom de Mohammed Al-Zawahiri est cité lors de l’assassinat d’Anouar el-Sadate, en 1981, alors que son frère est impliqué dans le recrutement de plusieurs terroristes. Il sera néanmoins reconnu innocent.

Il s’engage alors dans l’Organisation internationale de secours islamique et voyage autour du monde pour participer à la construction d’écoles et de cliniques médicales. Proche des milieux islamistes que fréquente son frère, il est arrêté en 1999 pour conspiration et tentative d’attentat et emprisonné en Égypte. Durant ses années de captivité, les États-Unis se serviront de son ADN pour retrouver la trace de son frère aîné en Afghanistan.

Il ne sort de prison qu’en 2011 et sera acquitté de toutes les charges qui pesaient contre lui en mars 2012.

La charia comme dénominateur commun

Aujourd’hui à la tête d’un parti salafiste en Égypte, Mohammed Al-Zawahiri a confirmé ne pas faire partie de l’entourage d’Al-Qaïda mais a également affirmé « être en accord – idéologiquement parlant, avec ces organisations. »

« Notre dénominateur commun est la charia islamique, » a-t-il affirmé lors d’une interview sur une chaîne égyptienne, le 4 octobre dernier.

« La lutte contre Israël, la lutte contre les Juifs est un devoir religieux qui incombe à tous. Le gouvernement égyptien devrait combattre l’ennemi juif […] C’est un devoir religieux pour tous les musulmans, » a-t-il encore indiqué.

Un plan de paix pour le monde

Pourtant, c’est par un discours relativement pacifiste que Mohammed Al-Zawahiri s’est également fait récemment remarquer. Interrogé par CNN, le 11 septembre dernier, le frère du chef d’Al-Qaïda a rendu public un programme pour la paix entre le monde musulman et l’Occident.

Son programme en six pages offre une solution négociée entre les deux parties sur la base du compromis. D’un premier côté, « les États-Unis et l’Occident doivent arrêter d’intervenir en terre musulmans, les États-Unis ne doivent pas interférer dans l’éducation musulmane, ils doivent mettre un terme à leur guerre contre l’islam et libérer tous les prisonniers islamistes. »

De l’autre côté, le monde musulman doit également faire sa part du travail et « mettre un terme à ses attaques sont les intérêts occidentaux et américains, protéger la légitimité des intérêts occidentaux et américains sur les terres musulmanes et arrêter de provoquer les États-Unis et l’Occident. »

La France se rend coupable par son intervention au Mali

Dans une plus récente interview pour le Journal du Dimanche, Mohammed Al-Zawahiri condamnait néanmoins l’intervention française au Mali, la jugeant « sauvage » et « inacceptable ».

« C’est une attaque sauvage et une intervention inacceptable dans les affaires intérieures des musulmans. Ces derniers avaient pour objectif d’appliquer la charia, ce qui était leur droit le plus strict, et la France s’est interposée dans l’espoir de s’emparer des ressources de ce pays, » a expliqué Mohammed Al-Zawahiri.

« Je ne représente que mon parti, je ne peux parler au nom de tous les musulmans. Mais tout ce que je peux faire, c’est mettre en garde la France et appeler les Français raisonnables et les sages à ne pas tomber dans le même piège que les Américains. La France s’est rendue coupable d’avoir occupé un pays musulman. Elle a déclaré la guerre à l’islam, » a encore ajouté Mohammed Al-Zawahiri.

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