Site icon La Revue Internationale

Camille Perrin: «L’affaire Findus, produit de la crise économique»

[image:1,l]

JOL Press : Selon-vous, le scandale Findus relève-t-il de la crise sanitaire ou d’une fraude alimentaire ?

Camille Perrin : L’affaire Findus n’est pas un scandale sanitaire, contrairement à la crise de la vache folle dans les années 90, mais plutôt une tromperie du consommateur. Ce scandale des plats surgelés au cheval montre qu’on ne peut plus faire confiance à l’étiquetage des produits que nous consommons. 

JOL Press : Cette affaire révèle-t-elle une défaillance de la traçabilité des produits à l’échelle européenne ?
Camille Perrin : Nous ne pouvons pas parler de défaillance de traçabilité, puisqu’on a pu retracer l’itinéraire des plats frauduleux et retrouver ainsi le fournisseur de viande. Nous avons réussi à remonter cette chaîne de production complexe. Mais nous demandons plus de transparence pour le consommateur, qui n’a plus ou très peu confiance dans l’industrie agroalimentaire. 
 
Une enquête réalisée dans quatre pays européens – la France, l’Autriche, la Suède et la Pologne – révèle que sur les 4000 personnes interrogées, 70% en moyenne souhaitent connaître l’origine des produits, qu’il s’agisse de viande fraîche, de plats cuisinés ou de produits laitiers. Aujourd’hui, on dénombre beaucoup de pratiques abusives dans l’étiquetage des produits. Les fabricants jouent sur les mentions et les illustrations pour attirer le consommateur, avec des lettres grecques ou des drapeaux italiens par exemple pour appuyer sur le caractère régional du produit, alors que cela ne correspond pas forcément aux plats proposés. Cette stratégie commerciale de l’agro-alimentaire est totalement abusive. 
JOL Press : Les ministres chargés des questions alimentaires se réunissent mercredi 13 janvier à Bruxelles. Selon vous, quels types de contrôle faut-il mettre en place ?

Camille Perrin : Le contrôle des produits alimentaires doit se faire par les autorités nationales. Les États européens doivent se réengager dans la conduite des contrôles au lieu de se reposer sur un système d’autocontrôle de l’industrie afin de s’assurer de l’origine des aliments et avoir un meilleur étiquetage des produits. La crise économique a engendré une réduction des contrôles, et a par conséquent accru le risque de fraudes. Mercredi 13 février, les ministres européens concernés par l’affaire Findus se réuniront à Bruxelles pour discuter des mesures à prendre au niveau de l‘Union européenne et des compétences des autorités nationales pour se charger des contrôles à mettre en place. 

JOL Press : Après ce scandale, les industriels redoubleront-ils de vigilance ?

Camille Perrin : La crise économique a induit des coupes budgétaires dans le contrôle des produits alimentaires en Europe. Mais si nous faisons le calcul, avec ce que ce scandale risque de coûter à Findus – retrait des produits des grandes surfaces européennes, et la perte de confiance des consommateurs – les industriels ont tout intérêt à investir dans plus de contrôles.

JOL Press : Quel rôle jouera le Bureau européen des unions de consommateurs dans les prochaines semaines ?

Camille Perrin : Le rôle du Beuc est avant tout de défendre les intérêts de tous les consommateurs européens. Pour cela, notre organisation influera sur la réglementation de l’étiquetage de l’origine des produits alimentaires. Le Bureau européen des unions de consommateurs jouera également un rôle dans les discussions qui s’ouvriront à Bruxelles sur l’inspection des viandes, notamment sur la possibilité de déléguer certains contrôles aux industriels à laquelle nous nous opposons: ces contrôles doivent relever de la responsabilité chaque Etat. 

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

Quitter la version mobile