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Iraniens et Israéliens d’Allemagne unis pour la paix de leurs pays

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Avner Ofrath, un jeune Israélien de 26 ans vivant à Berlin, parle avec confiance de ce qu’il aimerait que le gouvernement allemand fasse différemment aujourd’hui.

Stop à la livraison d’armes aux pays en guerre

« Notre première requête auprès du gouvernement allemand, c’est qu’il arrête d’envoyer des armes à Israël, comme à tout autre pays de cette région et du monde, » explique-t-il assis à une terrasse de café. « C’est la chose la plus importante, car nous voyons vraiment à quel point l’Allemagne contribue à l’agression israélienne, et c’est inacceptable. »

Assise à sa gauche, Pazhareh Heidari, 29 ans, réfugiée politique iranienne. Cette étudiante en génie mécanique vit en Allemagne depuis 2000.

« L’autre question très importante, ce sont les sanctions contre l’Iran, » estime-t-elle. « C’est aussi une raison pour laquelle nous avons dû protester contre le gouvernement américain. Les sanctions sont vraiment horribles pour le peuple iranien. Ils souffrent. »

Une cause commune aux Israéliens et aux Iraniens

Ces deux personnes font partie d’une entité politique qui se nomme le Cercle irano-israélien. Ils sont étudiants, scientifiques, hommes et femmes âgés de 20 à 30 ans, iraniens comme israéliens. Certains d’entre eux viennent d’arriver en Allemagne, d’autres y vivent depuis toujours.

Ils se sont retrouvés autour de leur opposition à la politique extérieure menée par Israël, l’Iran, l’Allemagne et les États-Unis.

« Nous avons une cause commune, » explique Avner Ofrath, arrivé en Allemagne en 2008 pour étudier l’histoire moderne à l’université Libre de Berlin.

Agir pour « arrêter ça »

Ce groupe improbable s’est formé en mars dernier, en réponse à la nouvelle selon laquelle l’Allemagne allait fournir un sous-marin supplémentaire à la marine israélienne. À l’époque, un groupe d’Israéliens s’était réuni devant l’ambassade d’Israël à Berlin, à l’occasion de la visite du ministre de la Défense, Ehud Barak. Certains Israéliens avaient alors suggéré la présence de quelques Iraniens, tout aussi impliqués par le sujet.

S’en est suivi une première réunion entre quelques Israéliens et Iraniens qui ont commencé à aborder leur éventuelle collaboration. « Nous sommes tous très critiques à l’égard de nos gouvernements, Iraniens comme Israéliens, » explique Mitra, une chercheuse iranienne de 37 ans, arrivée à Berlin en 2011, et qui a demandé à ne pas être identifiée par son vrai nom.

« Nous nous sommes dit : « c’est un combat entre nos gouvernements, les gens ne sont pas impliqués, nous allons donc agir pour arrêter ça. »»

« Faire ce premier acte de foi nous a demandé un effort, explique Mitra. Ce n’était pas simple pour moi, vous pouvez l’imaginer, j’ai grandi dans un environnement où, chaque semaine on entend « à bas Israël ». Même si je suis très ouverte d’esprit, ce n’est pas très facile pour moi de dire, okay, travaillons ensemble. »

Déjà un millier de personnes

Pourtant, ils sont parvenus à faire ce choix et lors de leur réunion suivante, ils étaient déjà beaucoup plus nombreux. Grâce à Facebook et au bouche-à-oreille, les nouvelles se sont vite répandues et le groupe a pu organiser sa plus grande manifestation, le 5 mai dernier, dans le quartier de Kreuzberg, à Berlin. Un millier de personnes, selon les organisateurs, ont assisté à cette réunion.

Les organisateurs avaient appelé les participants à de pas porter de drapeaux ou de symboles nationaux, et avaient annoncé que « le nationalisme et l’antisémitisme  ne seraient pas tolérés. »

Des pancartes, écrites en anglais et en allemand ont été portées par les manifestants, et le groupe a imprimé son matériel en deux langues, en hébreu et en farsi.

Dans les mois qui ont suivi, le groupe a organisé plusieurs séances d’informations publiques sur des questions telles que les sanctions contre l’Iran et la participation allemande aux conflits au Moyen Orient.

Une entente miraculeuse

Maintenant, le groupe se réunit régulièrement au café de Kreuzberg, où de la fumée flotte dans l’air et le bruit de la machine à café est constant. Aujourd’hui, le groupe planifie son prochain déplacement : une campagne d’informations sur les sanctions contre l’Iran.

Quand on leur demande s’il y a des questions sur lesquelles ils sont en désaccord, le groupe rit unanimement et laisse échapper un long « Non ! ». Yael, un chimiste israélien de 36 ans, explique qu’effectivement il y a désaccord, mais la plupart du temps, les Israéliens sont en désaccord entre eux, et les Iraniens entre eux également.

Ils sont nombreux à affirmer aujourd’hui que c’est à Berlin qu’ils doivent leur rencontre. « En général, il n’y a pas beaucoup d’endroits où les Iraniens et les Israéliens vivent côte à côte, » explique Schaghajegh Kord, chimiste iranien de 28 ans.

Le projet s’expatrie

De nombreux efforts ont été faits pour réunir Israéliens et Iraniens dans le monde, à l’image de la page Facebook « Israel loves Iran », mais les membres de ce cercle irano-israélien de Berlin se considèrent comme une organisation unique, agissant pour promouvoir le changement politique.

Le modèle de ce groupe pourrait bien s’exporter et les membres ont d’ores et déjà été contactés par l’Autriche et le Canada. Ils espèrent également susciter de l’intérêt à New York.

Les membres de ce groupe sont pessimistes quant aux changements dans la politique américaine envers l’Iran et Israël. Leur message au président américain : arrêtez les sanctions contre l’Iran et l’aide économique et militaire envers Israël.

« Commencez par-là, » dit Pazhareh Heidari en souriant. Avner Ofrath sourit également et dit : « Faites le et revenez, nous vous dirons ce qu’il faut faire ensuite. »

Global Post / Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

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