Site icon La Revue Internationale

Israël: la mystérieuse affaire du «prisonnier X»

[image:1,l]

Cette histoire pourrait être portée à l’écran tellement elle relève du film d’espionnage. L’affaire du « prisonnier X » débute au mois de juin 2010, lorsque le quotidienYediot Arahonot, très populaire dans le pays, publie un article sur une « personne sans nom, sans identité » qui a été « placée en isolement total » à la prison Ayalon, à Ramla près de Tel AvivL’association israélienne des droits de l’homme s’insurge mais le gouvernement réclame le retrait de l’article.

Sept mois plus tard,Yediot Arahonot informe qu’un prisonnier détenu de la prison d’Ayalon s’est suicidé par pendaison, sans faire le lien avec la première information. Deux ans après le début de l’affaire, la chaîne australienne a relancé l’affaire mardi 12 février.

Ben Zygier, 34 ans, père de deux enfants

L’identité du « prisonnier X » a été révélée dans le documentaire diffusé sur ABC, mardi 13 février. Selon la chaîne, l’homme retrouvé pendu dans sa cellule en 2010, s’appelait Ben Zygier, un avocat âgé de 34 ans venu de Melbourne, en Australie. Il aurait immigré en Israël en 2001 sous le nom de Ben Alon, puis aurait été recruté par le Mossad, les services secrets israéliens. Père de deux enfants, marié à une Israélienne, Ben Zygier a ainsi vécu une dizaine d’années en Israël avant son arrestation.

Censure

Au lendemain de la diffusion du documentaire, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a exhorté les responsables de médias à ne pas relayer l’informationTrois députés d’opposition ont cependant profité de leur immunité parlementaire pour interpeller le ministre de la Justice, Yaakov Neeman, à la Knesset, le Parlement israélien : « Dans une démocratie, la censure se justifie seulement lorsqu’il s’agit d’affaires de sécurité. Celles-ci doivent être soumises à la Cour suprême, qui peut ordonner la censure si la sécurité de l’Etat est en danger », a ainsi déclaré Zahava Gal-On, présidente du Meretz (parti de gauche).

L’affaire relayée par les médias israéliens

Les médias israéliens ont finalement été autorisés à diffuser les informations d‘ABC mercredi 13 février. « Les médias peuvent désormais utiliser ce qui a été publié à l’étranger, mais l’interdiction totale concernant les raisons de la détention (du ressortissant australien) reste en vigueur » a indiqué un responsable du service de la censure. Le même jour, l’affaire du « prisonnier X » faisait la Une d’Haarezt, l’un des plus grands quotidiens nationaux.

Beaucoup de questions, peu de réponses

Selon un communiqué publié mercredi 13 février, les autorités israéliennes ont reconnu que « le service pénitentiaire d’Israël (IPS) a détenu un prisonnier X qui était un ressortissant israélien mais qui possédait aussi la nationalité étrangère »Selon le texte officiel, la famille du détenu a « immédiatement été informée de son arrestation ». Le communiqué précise également que « le prisonnier a été retrouvé mort dans sa cellule il y a deux ans »  qu’« aucun détail supplémentaire ne peut être rendu public pour des raisons liées à la sécurité de l’État ».

Le passeport australien de Ben Zygier, utile pour le Mossad ?

Pour mener leurs opérations, les renseignements israéliens auraient souvent recours aux passeports étrangers, notamment australiens, qui bénéficient d’une bonne image. Selon le Sydney Morning Herald, les services secrets israéliens auraient ainsi recruté Ben Zygier, doté de la double nationalité israélo-australienne, pour qu’il puisse se rendre en Iran, en Syrie et au Liban, trois Etats qui interdisent l’entrée aux ressortissants israéliens.

La presse australienne avance la thèse que Ben Zygier – grâce à son passeport australien – aurait participé à l’assassinat de Mahmoud al-Mabhouh, un chef militaire du mouvement palestinien Hamas à Dubaï, en janvier 2010. La police de Dubaï avait à l’époque accusé le Mossad d’être à l’origine de cet assassinat, tout en précisant que les membres de l’équipe détenaient des passeports étrangers dont quatre australiens.

Qu’est-ce que le gouvernement israélien essaie de cacher ? Selon un ancien agent des services secrets australiens, interrogé dans le documentaire, l’issue de l’affaire ne devrait pas être connue avant « 50 ou 70 ans », rapporte le quotidien La Croix.

Découvrez le documentaire diffusé sur la chaîne australienne ABC, mardi 12 février :

Quitter la version mobile