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John Kerry à Paris: le signe d’une réorientation de la diplomatie US?

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Quelques semaines après sa prise de fonction officielle, le secrétaire d’Etat américain a entamé sa première tournée diplomatique en Europe où il est attendu, mercredi 27 février, par son nouvel homologue, Laurent Fabius, avant de rencontrer le président Hollande.

Le secrétaire d’Etat francophile

Après Londres et Berlin, John Kerry arrive dans un pays « ami » où il est très attendu. Connu pour être europhile et francophile, notamment pour avoir séjourné à plusieurs reprises en Bretagne, John Kerry pourrait bien marquer un nouveau tournant dans les relations franco-américaines.

Pourtant, les dossiers abordés lors de cette visite, qualifiée « d’écoute » par le secrétaire d’Etat, n’en demeureront pas sérieux et délicats. Les deux hommes devraient notamment s’entretenir sur la situation en Syrie et l’intervention française au Mali.

Les réserves des Etats-Unis sur l’intervention française au Mali

« Monsieur Fabius et son homologue discuteront de la situation au Mali, dossier sur lequel nous coopérons de manière très étroite, » a ainsi annoncé le Quai d’Orsay dans un communiqué.

« Ils évoqueront en particulier les perspectives de relance des négociations pour le processus de paix au Proche-Orient, la situation en Syrie, le programme nucléaire iranien, la stabilisation de l’Afghanistan ainsi que le dossier nord-coréen, » indique également le communiqué.

Les Etats-Unis ont, à de nombreuses reprises, émis plusieurs réserves quant à l’efficacité du déploiement d’une force africaine au Mali, en relais des forces françaises. Mais c’est pourtant le dossier syrien qui sera le plus observé, à la veille d’une réunion internationale sur la Syrie, organisée à Rome en présence du secrétaire d’Etat, actuellement menacée de boycott par une certaine partie de l’opposition au régime de Bachar al-Assad.

Une destination forte en symbole

Pour ce premier voyage officiel, John Kerry envoie un signal fort à ses alliés européens. En effet, en 2009, lorsqu’Hillary Clinton était entrée en fonction, dans le premier cabinet de Barack Obama, cette dernière avait effectué son premier voyage en Asie-Pacifique, territoire qui a ensuite été au cœur de la politique de la secrétaire d’Etat.

C’est grâce à elle que les Etats-Unis et la Birmanie ont, au fil de ces quatre années, assoupli leurs relations diplomatiques.

Un signal fort confirmé par un diplomate américain, présent dans l’avion qui a emmené la délégation américaine à Londres.

Interrogé par l’AFP, ce dernier a déclaré : « Le ministre est très satisfait de pouvoir faire son premier voyage à l’étranger avec ces partenaires européens fondamentaux. Cela reflète vraiment le degré de notre coopération internationale […] Nous sommes stratégiquement probablement plus alignés que jamais. »

Vers un rapprochement franco-américain

La visite du secrétaire d’Etat pourrait alors signifier que le deuxième mandat de Barack Obama devrait sensiblement, et à plusieurs niveaux, se tourner vers l’Europe. La tournée de John Kerry intervient notamment quelques jours après l’annonce, faite par le président américain, de la volonté américaine de créer une gigantesque zone de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Union européenne. Un projet pour lequel de nombreux pays européens se sont déjà déclaré très favorables.

« Les Britanniques soutiennent beaucoup ce projet, d’autres pays européens sont également très enthousiastes, » a déclaré le diplomate américain interrogé par l’AFP avant d’aborder les diverses « difficultés » qui devront être soulevées pour mettre en place ce partenariat économique.

John Kerry, un deuxième choix pour Barack Obama

Pourtant, les ambitions européennes de John Kerry ne signeront pas forcément le début d’une nouvelle ère entre les deux rives de l’Atlantique.

Pour Natacha Tatu, correspondante du Nouvel Observateur à Chicago, l’agenda de Barack Obama reste, malgré l’adoption d’un europhile dans son cabinet, très peu tourné vers l’Europe en crise.

« Il faut bien le dire, Barack Obama ne fait pas grand cas de l’Europe. L’opinion publique américaine non plus. Le président américain n’a jamais évoqué le sujet lors des grands débats qui ont précédé les élections ; il n’est pas allé à Berlin une seule fois depuis 2008. Seuls comptent aujourd’hui, pour lui, les accords commerciaux de libre-échange qu’il vient de passer. On est loin des grands desseins diplomatiques de John Kerry, » écrit-elle pour le Nouvel Observateur.

« La priorité de la Maison Blanche, c’est de sauver son économie et de créer des emplois, » ajoute-t-elle avant de rappeler que « la nomination de Kerry à ce poste stratégique n’était pas le premier choix d’Obama. […] Sans le scandale de Benghazi et l’assassinat de l’ambassadeur américain, c’est certainement Susan Rice qui aurait eu le job. Et John Kerry n’est pas un proche du président. »

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