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Les Kurdes irakiens veulent signer leur indépendance à Erbil

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Erbil, ses palaces cinq étoiles, ses touristes, son exotisme oriental et ses puits d’hydrocarbures. La capitale de la région semi-autonome du Kurdistan irakien a été élue, à l’automne dernier, capitale du tourisme 2014 par le Conseil arabe du tourisme.

Quatrième réserve d’hydrocarbures au monde

Pourtant, sur place, une bataille féroce, engagée depuis plusieurs mois entre les autorités autonomes et la capitale irakienne pourrait bien menacer ce joli paradis touristique. Au cœur de ce conflit en préparation : la question stratégique de l’exploitation des réserves d’hydrocarbures, considérées comme les quatrièmes plus importantes du monde.

Ces réserves sont officiellement situées sur le sol irakien et Bagdad exige donc en toute légitimité que la totalité du pétrole extrait de ces puits passe par la capitale.

Les Kurdes irakiens estiment quant à eux, que la Constitution en vigueur en Irak signée à la suite du renversement de Saddam Hussein en 2003, leur donne le droit d’exploiter eux-mêmes ces réserves, et surtout, de vendre leurs produits à qui ils veulent.

Les Kurdes préfèrent les Turcs aux Iraquiens

Car les Kurdes irakiens voudraient bien profiter de cette manne pétrolière pour renforcer leurs liens avec leurs voisins turcs et depuis un an, un partenariat économique est en cours d’élaboration entre les deux régions.

Au milieu, le gouvernement irakien, lésé d’une partie de ses ressources se voit exproprié de puits qu’il revendique et dont certains barils seraient envoyés directement et secrètement en Turquie, sans passer par la case Bagdad, et sans que le gouvernement ne touche l’argent de ces ventes.

Mais du point de vue kurde, les coupables sont à Bagdad. En avril dernier, le Kurdistan a même suspendu ses envois de pétrole, prétextant des arriérés de paiement d’1,5 milliard de dollars du gouvernement fédéral. Si le trafic a officiellement repris en août, Bagdad accuse néanmoins le Kurdistan iraquien de n’avoir jamais envoyé les 140 000 barils/jour du mois de septembre, ni les 200 000 barils/jour promis jusqu’à la fin de l’année 2012.

Trafic de pétrole interrompu

L’affaire est montée d’un cran, le 29 janvier dernier, lorsque le gouvernement fédéral irakien a accusé le Kurdistan de « continuer à exporter son pétrole vers la Turquie de manière illégale, » lors d’une conférence de presse du vice-Premier ministre chargé du Pétrole, Hussein Chahristani.

« Le destin des revenus liés à ces exportations pétrolières est du domaine de l’inconnu, » s’est alors emporté le ministre.

« Bagdad a débloqué 650 milliards de dinars (environ 550 millions de dollars) mais n’a pas reçu de pétrole en septembre ni dans les mois qui ont suivi. Bien au contraire, la région a totalement cessé de fournir du pétrole juste avant la fin de l’année, » a encore affirmé Hussein Chahristani.

Le Kurdistan veut son propre oléoduc

Erbil persiste pourtant, le 7 février dernier, le ministre de l’Energie de la province a réaffirmé la volonté du Kurdistan de construire son propre oléoduc, à destination de la Turquie.

« Nous voulons notre propre oléoduc, » a ainsi déclaré Ashti Hawrami, lors d’une conférence de presse. « Il est actuellement en travaux et nous continuerons jusqu’à ce qu’il soit terminé, » a ajouté le ministre.

Les Etats-Unis craignent une escalade de tension

Face à cette volonté kurde, les Etats-Unis ont également tenté de venir en aide à la diplomatie entre les deux autorités. A la suite de la déclaration du ministre kurde des Réserves naturelles, l’ambassadeur américain en Turquie s’est publiquement inquiété d’une situation qui pourrait sérieusement dégénérer.

« Si la Turquie et l’Irak ne parviennent pas à améliorer leurs relations économiques […], le conflit pourrait s’aggraver en Irak et les forces de désintégration à l’intérieur de l’Irak pourraient se renforcer, » a déclaré Francis Ricciardone.

Car la crainte américaine devant cette escalade de tension dans une région relativement calme depuis plusieurs années, est que le projet kurde n’aboutisse, à terme à une scission de l’Irak.

Espoir d’un Etat indépendant

Il semblerait bien aujourd’hui que le pire soit à prévoir. A la frontière qui sépare la région autonome de l’Irak, environ 60 000 hommes, dont la moitié de soldats irakiens et l’autre moitié de « Peshmergas » kurdes, ont été déployés.

La tension est à son maximum et la voie diplomatique semble dans une impasse car pour la première fois depuis la chute de l’empire ottoman et la fin de la Première Guerre mondiale, les Kurdes, d’Irak, de Turquie ou encore de Syrie, qui ont toujours lutté pour un Etat indépendant, pourraient bien parvenir à leur fin grâce à ces ressources miraculeuses.

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