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Un mois et demi après l’agression au vitriol du directeur artistique du célèbre théâtre du Bolchoï, à Moscou, les trois suspects ont avoué leur implication dans l’agression, commanditée par l’un des principaux solistes du ballet du Bolchoï, Pavel Dmitritchenko.
Trois hommes à l’origine du crime
« La police de Moscou a arrêté le commanditaire présumé Pavel Dmitritchenko et l’agresseur Iouri Zaroutski ainsi que le chauffeur Andreï Lipatov qui a amené ce dernier sur les lieux du crime. Tous les trois sont reconnus coupables », a écrit la police moscovite dans un communiqué. Mis sur écoute, Iouri Zaroutski (34 ans) et Andreï Lipatov (31 ans) avaient été désignés comme principaux suspects de l’agression.
La piste est ensuite remontée jusqu’au commanditaire, qui a avoué mercredi être à l’origine du crime. « Je m’appelle Pavel Dmitritchenko, né en 1984 à Moscou, j’ai organisé cette attaque sans vouloir aller aussi loin », affirme-t-il dans ses aveux, filmés par la police et diffusés par la télévision russe. « L’investigation continue pour établir toutes les circonstances exactes du crime », a indiqué la police russe.
Profonde inimitié du soliste envers son directeur
Les enquêteurs ont retenu, comme principal motif, la « profonde inimitié » du danseur envers son directeur artistique. Pavel Dmitritchenko, qui danse au Bolchoï depuis 2002, et a déjà interprété Spartacus et Ivan le Terrible dans les ballets de Iouri Grigorovitch, n’est pas l’un des huit danseurs étoiles mais l’un des principaux solistes du ballet –un grade inférieur dans la hiérarchie du Bolchoï. Il aurait dû se produire le 16 mars prochain dans La Belle au bois dormant, mais sa carrière est désormais sérieusement compromise.
Le danseur, qui apparaît dans la vidéo diffusée par la police, le teint pâle et l’air négligé, n’a pas expliqué les raisons de son geste, mais a dit qu’il l’avait donnée aux policiers, dans une déposition écrite. Il doit comparaître jeudi 7 mars devant le tribunal, et risque une peine de prison.
Liaison amoureuse… et dangereuse
Selon une source proche du Bolchoï citée dans plusieurs médias russes, l’agression aurait cependant été commise pour une femme, la ballerine et compagne de Pavel Dmitritchenko, Angelina Vorontsova. Celle-ci se serait vu refuser le rôle principal dans le Lac des cygnes, à savoir celui d’Odette/Odile. « Filine a certainement évincé Vorontsova, mais ce n’est pas une raison pour jeter de l’acide au visage de quelqu’un », a déclaré cette source à Reuters.
« Au théâtre, on raconte qu’Angelina était frustrée parce que Filine ne la voyait pas dans ce rôle, et elle aurait parlé de cette injustice à son professeur Nikolaï Tsiskaridzé et à son ami Pavel Dmitritchenko », écrit le quotidien russe Komsomolskaïa Pravda. Pavel Dmitritchenko, dont certains disent qu’il a un « caractère explosif », n’aurait pas supporté cette injustice, qui l’aurait poussé à commettre l’irréparable.
Le « sorcier maléfique » du Lac des cygnes, influencé par ses rôles ?
Dilyara Timergazina, la conseillère artistique de Sergueï Filine, affirme quant à elle que le danseur s’est probablement trop identifié aux personnages qu’il a pu interpréter pendant sa carrière : « Il ne fait aucun doute que ce Dmitritchenko était toujours en train de menacer tout le monde comme s’il était vraiment Ivan le Terrible ou le sorcier maléfique [du Lac des Cygnes], des rôles qu’il a interprétés avec profondeur et un plaisir évident », a-t-elle déclaré.
Une autre piste suivie par les enquêteurs est l’amitié entre Pavel et un autre danseur vedette du ballet, Nikolaï Tsiskaridzé, dont le conflit avec le directeur du théâtre, Anatoli Iksanov, est notoire. Il avait d’ailleurs été soupçonné d’être à l’origine de l’agression; récemment, il avait critiqué la gestion de la direction, et Pavel Dmitritchenko l’avait soutenu. La porte-parole du Bolchoï, Katerina Novikova, s’est pour le moment refusée à tout commentaire.
Sergueï Filine, toujours en convalescence en Allemagne, a été remplacée par la danseuse Galina Stepanenko à la tête de la troupe.