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Au Yémen, ils se battent pour continuer à faire du vélo

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Au Yémen, elle parcourt les routes, souvent sous les huées, parfois sous les encouragements. L’équipe nationale de cyclisme – la seule – doit faire face à un combat quotidien.

Entraînements entre insultes et jets de pierres

De vieux vélos hors-d’âge, un budget pour ainsi dire inexistant, le plus gros challenge de l’équipe yéménite n’est pourtant pas l’argent. « Quand on est sur la route, des gens nous disent que ce que l’on fait est honteux, explique Tariq Zaid, membre de l’équipe. Tout simplement parce que nous essayons de copier la façon dont s’habille l’Occident. »

C’est donc entre insultes et jets de pierres que les cycliste yéménites s’entraînent quatre à cinq fois par semaine. Au mieux, ils sont un spectacle, si rare dans ce pays qui, malgré une révolution pacifique silencieuse en 2011, est toujours soumis à un islam conservateur. Et au pire, ils sont une cible.

« C’est comme si les gens d’ici ne comprenaient pas ce sport. Ils ne l’aiment pas, déplore Yusuf Al-Bandini, un autre membre de l’équipe. Quand nous sommes sur la route, nous ne sommes pas respectés, et nous avons beaucoup de problèmes avec les automobilistes. »

Le gouvernement d’aucune aide

« D’abord il y eu des problèmes liés à la révolution, poursuit Yusuf Al-Bandini. Mais au-delà de ça, le ministre yéménite du sport ne reconnaît pas le cyclisme comme un sport. »

Le gouvernement encadre étroitement les activités de ses sportifs, y compris lors de compétitions à l’étranger. En 2010, la fédération d’échecs yéménite avait été dissoute par le ministre de la jeunesse et des sports du pays, Hamoud Oubad. L’équipe avait en effet disputé des parties avec des Israéliens lors d’un tournoi international à Minsk.

Première compétition en cinq ans

Mais en dépit de ce déni de la part des politiques, l’équipe de cyclisme continue ses entraînements réguliers. L’objectif : une compétition, la première à l’étranger depuis cinq ans.

« Le cyclisme yéménite a mauvaise réputation, explique le coach de l’équipe, parce que les équipes qui ont représenté le Yémen jusque là étaient mauvaises. […] Ils ne faisaient que participer. »

L’équipe nationale de cyclisme espère faire mieux que leur coach, qui avait figuré à une bonne place dans le classement de l’une de ses course à l’étranger. Mais il ne s’agit pas du seul objectif, ni du plus important. Car pour eux, le but de tout cela est bien plus simple : continuer à avoir le droit de concourir.

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