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Le conflit entre sunnites et chiites fait chanceler l’Irak

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Selon les derniers chiffres, le nombre de morts causé par les douze bombes placées à proximité de restaurants, arrêts de bus et lieux de travail s’élève à 56 personnes, et plus de 200 blessés. Les extrémistes sunnites, qui représentent une petite partie de la deuxième plus grande secte religieuse d’Irak, ont été tenus responsables des attaques.

La violence ne fait qu’aggraver l’instabilité d’un système démocratique déjà chancelant

« Les autorités ont annoncé qu’elles allaient retarder les élections provinciales qui auront lieu le mois prochain à Al-Anbar et Ninive, deux provinces à majorité sunnite qui sont devenues des points de friction et de protestation ces derniers mois », écrit le Washington Post.

Les chercheurs et les analystes attribuent la hausse du nombre d’attaques sunnites contre les chiites à une perturbation de l’équilibre du pouvoir entre les deux principales sectes musulmanes après le renversement de Saddam Hussein, qui avait longtemps réprimé les chiites, favorisé les sunnites, et réussi à tenir le conflit religieux en grande partie en accord avec la brutalité de son régime.

« Pour la première fois dans l’histoire de la région, le dictateur le plus fort a été chassé du pouvoir » explique l’historien irakien Saad Eskander. « Il a changé l’équilibre à plusieurs niveaux. Et en premier, l’équilibre entre chiites et sunnites est devenu un déséquilibre – pour la première fois, un chiite accède au pouvoir à la suite d’une invasion étrangère ».

La « guerre sainte » d’Al-Qaïda

Maintenant, beaucoup de sunnites sont préoccupés par leur place en Irak, et Al-Qaïda est intervenue pour lutter contre les chiites dans ce qu’elle perçoit être une « guerre sainte ». En effet, Al-Qaïda en Irak (AQI) a revendiqué l’attentat suicide de jeudi dernier au ministère de la Justice de Bagdad, qui a tué 22 personnes.

Une déclaration d’AQI fait référence à une « invasion bénie dans le cadre d’opérations spéciales, en représailles pour les femmes sunnites libres emprisonnées dans les prisons des apostats ». Onze femmes sunnites détenues pour des accusations diverses par le gouvernement dominé par les chiites ont été remises en liberté en janvier, après une vague de manifestations anti-gouvernementales menées par la minorité sunnite.

Anti-américanisme et fondamentalisme religieux alimentent les tensions

Les racines historiques de la fracture entre sunnites et chiites sont profondes, remontant à la mort du prophète Mahomet en l’an 632 ; la fracture s’est envenimée et changée en débat séculaire sur l’identité de son successeur légitime.

Un mélange toxique d’anti-américanisme et de fondamentalisme religieux en Irak alimente les attaques sectaires, mais l’antipathie entre sunnites et chiites est également alimenté par un conflit régional entre l’Arabie Saoudite dominée par les sunnites, et l’Iran dominé par les chiites.

« À défaut d’apprécier la profondeur des sentiments sectaires, la pression américaine pour organiser des élections démocratiques a facilité la montée au pouvoir d’un gouvernement chiite et la propagation de l’influence iranienne dans ce pays-clé du monde arabe », écrit Caryle Murphy, correspondant GlobalPost/JOL Press.

Le conflit entre sunnites et chiites devient un paradigme régional

Maintenant, l’administration Obama doit naviguer dans une région où les conflits entre sunnites et chiites sont devenus le paradigme dominant, de la Syrie à Bahreïn en passant par le Pakistan.

« C’est en train de devenir l’axe autour duquel une grande partie de la politique s’organise au Moyen-Orient », a déclaré à Caryle Murphy un responsable du département d’État américain. « Ce qui est intéressant, c’est que la dynamique est de plus importante, même dans certains pays où il n’y a pas de chiites ».

GlobalPost / Adaptation : Anaïs Lefébure pour JOL Press

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