Site icon La Revue Internationale

Quand le Qatar hésite entre hydrocarbures et culture

doha.jpgdoha.jpg

[image:1,l]

C’est une péninsule grande comme la Corse. Sa capitale, Doha, n’était au début du XXe siècle un petit village de pécheurs notamment connu pour son commerce de perles.

Plus d’un siècle après, le Qatar est devenu un pays incontournable, tant par son économie que par son influence culturelle. Présent sur tous les fronts, le royaume du Cheikh Hamad Bin Khalifa al-Thani a pris le parti d’exporter son image de marque partout dans le monde, mais aussi ses matières premières, clé de voute de la puissante économie qatarie.

L’émirat construit sur les ressources énergétiques

Car si le Qatar est parvenu à afficher un taux de croissance de 18,8 % en 2011, c’est principalement grâce au gaz naturel. Avec environ 1 trillion de m3 de réserve estimés en 2011, il constitue la troisième réserve mondiale la plus importante de gaz derrière la Russie et l’Iran. Et en 2007, la Qatar passait premier exportateur de gaz naturel liquéfié devant l’Indonésie.

L’extraction de pétrole aurait quant à elle généré 25,8 milliards de barils en 2012.

Hydrocarbures : 61 % du PIB

L’énergie représente ainsi 61 % du Produit Intérieur Brut – qui s’élève à 191 milliards de dollars en 2012 –  95 % des exportations et 75 % des recettes budgétaires. Le Qatar était de plus le deuxième pays au plus haut PIB par habitant en 2012 derrière le Luxembourg. Un facteur qui tient en partie à la démographie originale du pays, composée à 85 % d’expatriés alors que la population du Qatar ne dépasse pas celle de Paris (1,75 million d’habitants).

La mine d’or qatarie est donc le gaz naturel. Pourtant, l’État reste tributaire de ses réserves certes gigantesques, mais limitées. 99 % du total des réserves gazières de l’émirat sont concentrés dans un seul et même endroit, North Field. D’autre part, l’exploitation nord-américaine (et bientôt européenne) du gaz de schiste pourrait menacer la place du Qatar sur le marché mondial. Enfin, la demande interne en gaz semble connaître une augmentation subite.

Vers une transformation économique radicale

C’est pourquoi le Qatar est sur le point de troquer ses revenus uniquement basés sur les hydrocarbures contre une économie plus diversifiée. Ayant compris que sa dépendance était sa faiblesse, l’émirat entend financer la totalité de son budget national uniquement grâce à des revenus hors hydrocarbures d’ici 2020.

Pari osé, mais bien engagé à en juger par l’expansion de l’influence qatarie dans tous les secteurs et le bruit médiatique disproportionné que génère un pays si petit.

Tourisme et culture au cœur du « soft power » qatari

Pierre angulaire de cette diversification forcée : le fonds souverain Qatar Investment Authority, qui réinvestit l’argent des revenus gaziers et pétroliers à l’international. C’est grâce à ce fonds que le tourisme et la culture sont devenus les deux secteurs clé du soft power qatari.

Fin 2013, la Qatar envisage de doubler ses capacités hôtelières, passant de 15 000 à 30 000 chambres. Actuellement, l’archipel artificiel The Pearl surgit des flots, représentant à terme un ensemble d’îles exclusivement destinées au tourisme et opérationnel en 2015.

[image:2,l]

Investissements croissants dans le sport

Dans le domaine sportif, le Qatar se distingue également. Organisateur de la Coupe du monde de football en 2022, propriétaire du club Paris Saint-Germain et sponsor du FC Barcelone, Doha devrait investir prochainement dans un projet hors du commun, Aspire, une académie du sport des plus importantes du monde qui formera les futurs champions nationaux.

L’argent du Qatar provient aussi de son groupe médiatique Al-Jazeera, l’une des chaînes les plus regardées avec plus de 150 millions de téléspectateurs dans le monde. Be In Sport, la nouvelle chaîne entièrement dédiée au sport, a quant à elle rassemblé un million d’abonnés en seulement quelques mois.

Des revenus en provenance de l’international

L’industrie n’est pas exclue dans les revenus du Qatar. Là encore, l’émirat se fait remarquer par la grande disparité de ses investissements, et par les revenus protéiformes qu’ils génèrent. Ses 13 % dans Lagardère, ses 6 % dans Vinci, ses 5 % dans Veolia environnement, ses 3 % dans EADS et son 1 % dans Suez ne sont que des exemples de parts qataries dans de puissantes multinationales.

Le Qatar est aussi présent dans l’automobile avec des parts dans Porsche et Volkswagen, dans le luxe et la maroquinerie via LVMH et Le Tanneur, dans la finance avec Barclays et même dans l’hôtellerie et l’immobilier avec des parts dans les capitaux de Royal Monceau et Concorde Lafayette.

L’envolée qatarie trop rapide et incontrôlée ?

Le Qatar ne s’arrêtera pas là : dernièrement, des négociations avec des pays africains ont été menées à propos d’extraction de minerais ou d’achat de terres agricoles. Mais pour certains, l’émirat voit trop grand, et risque un retour brutal à la réalité de l’économie mondiale à trop vouloir disperser ses investissements dans des secteurs trop différents. Le Qatar semble pourtant n’avoir crainte de se bruler les ailes. Pour l’instant…

Quitter la version mobile