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L’Islande, rescapée de la crise financière, renouvelle son Parlement

 

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JOL Press : Quel a été l’impact politique de la crise financière de 2008 ?

 

Michel Sallé : Au départ, il y a eu deux types de réactions politiques : un, il faut changer l’équipe au pouvoir ; deux, il faut changer les institutions dans le sens de plus de démocratie directe. A quoi on peut ajouter la mise sur la place publique, pour la première fois, de la question de l’adhésion à l’Union européenne. Or, l’alliance de centre-gauche au pouvoir a très fortement déçu ; et pour ce qui concerne les institutions, une fois de plus, le système actuel a montré son incapacité à se réformer.

D’où la demande de plus en plus forte de solutions, soit conservatrices, avec le Parti de l’Indépendance, soit « populistes » avec le Parti du Progrès, soit enfin « apolitiques » avec des petits partis, nouveaux, qui prônent la clarté du débat politique plus que des choix d’orientation politique. Vraiment cruel pour les deux partis au pouvoir !

JOL Press : Quels sont les thèmes au cœur de la campagne électorale ?

 

Michel Sallé : Un thème a été mis au cœur du débat électoral : celui des dettes privées. C’est surprenant car les ménages islandais ont toujours vécu à crédit, et le gouvernement a pris un certain nombre de mesures pour régler les problèmes les plus criants consécutifs à la crise.

Un autre problème est celui des négociations en cours avec l’Union européenne, car si une forte majorité d’électeurs est opposée à l’adhésion, il y a paradoxalement débat sur l’opportunité de conduire la négociation à son terme. 

JOL Press : Quels sont les enjeux de cette élection ?

 

Michel Sallé : Le gouvernement « de gauche » a su, avec  l’aide du FMI, résoudre l’essentiel de la crise financière, mais a moins bien réussi pour la relance de l’économie, faute de choix industriels clairs (c’était une des pommes de discorde entre les deux partis), et de possibilités de financement dans de bonnes conditions…  La nouvelle majorité saura-t-elle innover ou reviendra-t-elle aux choix antérieurs ?

Deuxième enjeu : celui des institutions dans le sens de plus de démocratie directe. La nouvelle coalition saura-t-elle s’attaquer à ce chantier, en profitant du chemin tracé par la commission constitutionnelle ?

Troisième enjeu : la monnaie. Faut-il garder la couronne ? La remplacer par une autre monnaie ? L’Euro est la réponse logique, mais elle suppose l’adhésion à l’Union européenne…

 

JOL Press : Quelles conséquences l’issue du scrutin peut-elle avoir sur la candidature de l’Islande à l’Union européenne ?

 

Michel Sallé : Les deux partis en passe d’être au pouvoir veulent tous les deux un référendum sur la poursuite de la négociation ; mais le feront-ils alors que la négociation arrive à son terme et qu’une majorité de la population souhaite juger sur pièce, voir ce que l’Union européenne demande – notamment pour la pêche ?

 

JOL Press : Le parti du Progrès (PP) présidé par Sigmundur David Gunnlaugsson, qui s’envole dans les sondages, s’engage à rembourser aux Islandais 20 % de leurs crédits immobiliers en prenant l’argent aux « fonds vautours », qui sont les créanciers et futurs propriétaires des banques en liquidation. Est-ce une proposition crédible ?
 

Michel Sallé : Je crois que Sigmundur David Gunnlaugsson ne s’attendait pas être pris au mot ! D’ailleurs, il est si peu crédible dans ses explications que son parti, après avoir caracolé à 30% des intentions de vote dans les sondages, perd maintenant du terrain…

Mais derrière le choix du PP, il y a celui d’un parti qui n’était au pouvoir ni avant ni après la crise, qui a pris des positions hyper nationalistes à propos de Icesave [Lorsque les banques islandaises se sont effondrées en octobre 2008, et que Reykjavik les a nationalisées, s’est posée la question du remboursement des épargnants étrangers de la banque Icesave, ndlr] sans jamais expliquer comment il aurait sorti le pays de la crise sans l’aide de ses voisins et du FMI. 

 

 

 

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