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Paix au Proche Orient: John Kerry joue la carte économique

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Il ne sera pas dit que le secrétaire d’Etat américain John Kerry, en poste depuis quelques mois, n’aura pas tout fait pour jeter les bases d’une relance du processus de paix au Proche-Orient.

Un « plan Marshall » pour la Palestine

C’est sur une promesse plutôt encourageante que s’est soldé le Forum économique mondial réuni autour du Quartet pour le Proche Orient (Etats-Unis, Nations Unies, Union Européenne et Russie), dimanche 26 mai.

Puisque la voie politique n’aboutit pas, la voie économique l’emportera. C’est ainsi que John Kerry voit les choses.

Cette mission a été confiée à l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair et l’idée est de débloquer un véritable « Plan Marshall » pour la Palestine. Ce plan, estimé à hauteur de 4 milliards de dollars, devrait permettre une relancé économique de cette région à partir de fonds privés dont l’origine n’a pas été révélée. Sous la direction de Tony Blair, toutes les options seront étudiées, qu’il s’agisse du tourisme, de l’énergie ou du bâtiment, pour transformer la Palestine en une région prospère

Vers le doublement du PIB palestinien

S’il est ambitieux, ce plan pourrait se traduire rapidement par de grandes avancées économiques. Ainsi, les experts estiment que, d’ici trois ans, le produit intérieur brut palestinien pourrait augmenter de près de 50%, le chômage baisser de deux tiers – ce qui devrait le faire passer de 21% aujourd’hui à 8%. Dans la même lancée, le salaire moyen d’un Palestinien pourrait augmenter de 40%.

Reste désormais que les difficultés empêchant le bon fonctionnement de ce « plan Marshall » sont nombreuses. Le 9 avril dernier, John Kerry lui-même abordait cette question et affirmait que le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas s’étaient accordés pour commencer à « lever les obstacles » commerciaux en déployant « des efforts très précis ».

Parmi eux, les nombreuses restrictions imposées par Israël sur les territoires palestiniens, le tracé du mur qui coupe des terres agricoles, le statut des réfugiés palestiniens.

Le projet le plus ambitieux depuis Oslo

« Est-ce un fantasme ? », s’est alors demandé le secrétaire d’Etat américain. « Je ne le crois pas, parce qu’il y a déjà de beaux exemples d’investissements et d’initiatives qui marchent en Cisjordanie. »

La question des colonies a également été abordée et, bien entendu, ce débat dépassant le cadre strictement économique du problème, les réticences israéliennes se sont fait sentir. Pas question pour Israël de sacrifier une question politique derrière un prétexte économique.

Mais John Kerry paraît déterminé et le processus de paix, qui n’a pas été relancé depuis trop d’années, pourrait profiter de ce plan économique pour redevenir l’objet de négociations.

Pour le secrétaire d’Etat, ce projet est plus important « que tout ce qui a été proposé depuis Oslo, il y a plus de vingt ans » et, si les deux parties font preuve de bonnes volontés, l’espoir peut renaître.

Venez signer !

C’est sur une note plus agressive que le secrétaire d’Etat a voulu marquer son initiative. « J’ai entendu tous les arguments qui dissuadent d’œuvrer à la paix au Proche-Orient », a-t-il expliqué en présence du président de l’Autorité palestinienne et de son homologue israélien Shimon Peres.

« Cette entreprise suscite un énorme cynisme […], mais le cynisme n’a jamais permis de bâtir quoi que ce soit, et encore moins un Etat », a poursuivi John Kerry. « Les négociations n’aboutiront pas si vous ne négociez pas, » a-t-il de nouveau martelé.

« J’ai un accord ici-même, si vous voulez le signer. Allez, venez, venez ! »

Les mois et années qui viennent diront si l’appel pressant de John Kerry a été entendu.

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