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Collectif de Taksim: les Turcs de France organisent la résistance

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JOL Press : Pourquoi avoir créé le « Collectif de Taksim » ?
 

Tugce Oklay : Nous sommes un groupe de jeunes, réunis au sein d’un collectif basé en France pour montrer notre solidarité avec la résistance en Turquie. Nous souhaitons combattre le non-respect des libertés démocratiques en Turquie, et rester attentifs aux potentielles représailles, policières et judiciaires qui ont souvent lieu en Turquie. Nous cherchons à dénoncer les réformes économiques néo-libérales qui bafouent les libertés fondamentales.

JOL Press : Quelles ont été vos actions depuis le début de la révolte ?
 

Tugce Oklay : Depuis le 31 mai [1er jour des manifestations turques], nous essayons d’être toujours présents dans les manifestations – qu’elles soient spontanées ou non – qui ont lieu en France. Nous sommes en contact avec la résistance en Turquie mais aussi avec des associations françaises.

Pour la fête de la musique, nous avions prévu d’aller devant la Sorbonne à Paris, et samedi 22 juin, à partir de 14h, nous avons participé à une manifestation de soutien à la résistance en Turquie, de République à Bastille, avec plusieurs associations françaises et turques.

JOL Press : Depuis le début des manifestations, comment s’organise la solidarité turque en France ?
 

Tugce Oklay : Turcs et Français ont toujours entretenu des liens, que ce soit à l’université, au travail… Depuis le début des manifestations, nos amis français nous demandent souvent ce qui se passe et comment agir. Ils veulent être mieux informés.

Avec le collectif, la solidarité devient plus claire, plus encadrée. On diffuse nos informations sur notre page Facebook et sur Twitter, ainsi, les Français peuvent réagir et se tenir au courant. Nous sommes aussi informés par des organisations comme Amnesty International ou la CIDH [Cour internationale des droits de l’Homme], sur l’utilisation abusive de gaz lacrymogènes lors des manifestations par exemple.

JOL Press : Pensez-vous que la France est assez impliquée dans ce mouvement, et que les médias français en parlent suffisamment ?
 

Tugce Oklay : Il faudrait avoir des analyses beaucoup plus poussées et beaucoup plus claires. Souvent, la réaction des médias par rapport à la résistance en Turquie n’est pas assez détaillée.

JOL Press : Que représente pour vous « l’homme debout » ?
 

Tugce Oklay : Il ne représente pas un groupe ni un parti politique, il représente des individus opprimés de différentes manières. En ce moment en Turquie il y a beaucoup d’oppression sur les minorités, religieuses ou ethniques, mais aussi contre les LGBT.

C’était donc la réaction d’un individu contre ces oppressions et aussi pour la liberté d’expression, les droits de l’homme et la démocratie. Comme il n’appartient à aucun mouvement ou idéologie, il a réussi à toucher tout le monde. C’est devenu un symbole contre l’oppression et les interdictions.

JOL Press : Depuis l’évacuation du parc Gezi et de la place Taksim, comment s’organise la résistance en Turquie ?
 

Tugce Oklay : La résistance continue toujours, malgré la répression policière très violente, notamment à Ankara. À Istanbul, j’ai des amis qui étaient au parc Gezi avant l’interdiction de la police, et qui continuent à être actifs. Les jeunes se retrouvent chaque soir dans les parcs et places de leurs quartiers, discutent de ce qu’ils veulent ou non, de leurs revendications, avec les habitants du quartier.

JOL Press : Craignez-vous que le mouvement s’essouffle ?
 

Tugce Oklay : Non, je pense qu’il continuera, les gens ont vécu une phase difficile, mais ils espèrent et vont rester actifs, même si je ne sais pas quelle sera la réponse du gouvernement et de la police.

JOL Press : Avez-vous des contacts avec d’autres mouvements de résistance en Grèce ou au Brésil par exemple ?
 

Tugce Oklay : Notre collectif ne s’intéresse pas seulement à ce qui se passe en Turquie, mais aussi à ce qui se passe en Grèce et au Brésil, mais aussi en France. C’est plutôt un mouvement collectif global, contre les politiques néo-libérales de réaménagement sauvage – comme ce qui se passe à Notre-Dame-des-Landes en France, avec qui nous gardons des contacts – ou contre les réformes liberticides très importantes en Turquie.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

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