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Dernier round pour l’impopulaire Première ministre australienne

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Mercredi, lors d’un vote de confiance, la Première ministre travailliste australienne Julia Gillard a laissé sa place à Kevin Rudd, son principal rival, qu’elle avait éjecté du siège de Premier ministre trois ans plus tôt. Avant le vote, pour lequel elle n’a remporté que 45 voix contre 57 en faveur de son adversaire, Julia Gillard avait annoncé qu’en cas d’échec, elle quitterait la politique.

À deux mois des élections législatives, qui se tiendront le 14 septembre prochain, c’était la troisième fois de l’année que le chef du gouvernement se soumettait à un vote de confiance. Les tensions internes au parti ont écourté le mandat de la ministre, combattive mais controversée.

Première femme premier ministre

À 51 ans, cette femme originaire du Pays de Galles arrivée en Australie à l’âge de cinq ans, avocate et militante au sein du Parti travailliste, se fait connaître pour son combat pour la représentation des femmes en politique, notamment à la Chambre des Représentants et au Sénat australien. D’abord numéro deux du Parti travailliste, elle est nommé vice-Première ministre du gouvernement Kevin Rudd en novembre 2007.

« Elle est devenue la femme la plus puissante du pays », écrit alors The Australian, qui ajoute que Julia Gillard aura certainement « une influence énorme sur les orientations de la nation », allant même jusqu’à prédire que la numéro deux du gouvernement « est en lice pour devenir la première femme Premier ministre du pays ». Trois ans plus tard, face au déclin grandissant de la popularité du Premier ministre, elle prend sa place en juin 2010 après sa démission. Elle devient ainsi la première femme à accéder à cette fonction en Australie.

Contre la misogynie ambiante

Après des élections législatives mouvementées la première année de son accession à la tête du gouvernement, elle finit par obtenir une majorité absolue à la Chambre des Représentants en créant un gouvernement de coalition avec des députés Verts et indépendants. Confirmée en février 2012 dans ses fonctions de chef du Parti travailliste contre Kevin Rudd, elle s’impose comme femme de tête, malgré son caractère bien trempé et ses sorties fracassantes contre la misogynie ambiante.

Elle se fait notamment remarquer en octobre 2012, lors d’un discours de quinze minutes prononcé au Parlement à l’encontre du chef du parti d’opposition, le conservateur Tony Abbott, qu’elle n’hésite alors pas à qualifier de « sexiste » et « misogyne ».

« Je ne recevrai pas de leçons sur le sexisme et la misogynie de cet homme. Pas question. Et le gouvernement ne recevra pas de leçons sur le sexisme et la misogynie de cet homme. Ni aujourd’hui, ni jamais. Le chef de l’opposition dit que les gens qui sont sexistes et misogynes ne conviennent pas à de hautes fonctions. Eh bien, j’espère qu’il a un bout de papier et qu’il écrit sa propre démission, parce que s’il veut savoir à quoi ressemble la misogynie dans l’Australie moderne, il n’a pas besoin d’une motion à la Chambre des Représentants, il a besoin d’un miroir », avait-elle lancé. Un discours vivement commenté en Australie et dans la presse internationale.

Taxe carbone, fin du monde et impopularité

Celle qui se revendique athée et républicaine, qui vit en concubinage et sans enfant, est rapidement devenue impopulaire auprès d’une frange conservatrice de la société australienne. Une popularité qui prendra un second coup en 2011, lorsqu’elle fait adopter un projet de loi pour imposer une taxe carbone fixée à 23 dollars australiens par tonne émise, imposée aux 500 premiers pollueurs du pays, dans le but de lutter contre le réchauffement climatique et la pollution.

Fin 2012, la Première ministre fait une autre sortie remarquée sur la fin du monde, lorsqu’elle met en garde pour les besoins d’une émission le peuple australien sur « les zombies dévoreurs de chair humaine et les bêtes démoniaques de l’enfer ». « À mes chers compatriotes australiens qui sont encore vivants, la fin du monde approche, comme l’a prédit le calendrier maya », assure-t-elle.

Le désaveu de son propre parti cette année lui a porté un coup fatal. Celle qui qualifiait le leader de l’opposition de « larve pleurnicharde » est partie mercredi soir, les larmes aux yeux, remerciant ses partisans et électeurs. Pour les prochaines élections parlementaires le Parti travailliste est donné perdant face au parti conservateur de Tony Abbott.

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