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Dmitry Rybolovlev, le nouveau prince de Monaco

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Le marché des transferts n’ouvrira officiellement que le 9 juin mais, déjà, le club princier s’est assuré les signatures de quelques noms ronflants – Falcao, J. Moutinho, J. Rodriguez, R. Carvalho, Victor Valdés… – pour un total qui dépasse les 100 millions d’euros. De quoi redorer le blason du septuple champion de France et finaliste de la Ligue des Champions 2004, qui n’était plus que l’ombre de lui-même depuis sa descente à l’étage inférieur en 2011. Merci qui ? Un mystérieux étudiant de médecine devenu roi du potassium sous le règne de Boris Eltsine.

Des propriétés de stars, deux avions, un bateau

A Perm, au pied des montagnes de l’Oural, où il est né il y a de cela 46 ans sous le régime soviétique, Dmitry Rybolovlev se lance comme son père dans la médecine, mais file très vite vers Moscou afin de gagner sa vie et subvenir aux besoins de sa femme – rencontrée sur les bancs de l’école – et de ses deux filles. Et celles-ci auront le ventre bien garni, en témoigne l’appartement acheté pour l’ainée Ekaterina à New-York, dominant Central Park et qui dispose d’une superficie totale de 650m². Coût du chèque : près de 70 millions d’euros. Cash et sans négociation. La plus grosse transaction jamais effectuée par un particulier dans la Grosse Pomme selon Forbes. Ce même magazine qui le classe à la 119e place des plus grosses fortunes mondiales, avec un total estimé à plus de 7 milliards d’euros.

Ce n’est pas le seul gros coup immobilier de l’oligarque qui, au milieu des années 2000, voulait faire construire une réplique du palais versaillais du Petit Trianon sur la propriété suisse de 10 000m² qu’il s’était offert quelques mois auparavant, pour un montant s’élevant à 25 millions d’euros. La Société d’art public calma alors les envies folles du Russe, ne permettant pas de construire une façade de plus de 16 mètres de haut près du lac Léman. Il poursuit sa chasse aux patrimoines en acquérant en 2008 la « Maison de l’Amitié », qui appartenait à Donald Trump. 75 millions d’euros pour un pied-à-terre de 3 000m² sur les plages de Floride. Cash bien entendu. Ajoutons à cela deux avions – un Airbus A319 et un Dassault Falcon), un yacht d’une valeur de 75 millions d’euros qu’il a baptisé My Anna et quelques toiles de grands maîtres (Van Gogh et Picasso notamment.

Onze mois de prison et la pression du Kremlin

Une puissance financière acquise grâce à l’explosion de l’URSS et à la vague de privatisations qui a suivi. Comme de nombreux oligarques, il profite alors des vestiges industriels soviétiques pour faire fortune. Après avoir fondé une compagnie d’investissement et une banque, il rachète à moindres frais une société spécialisée dans les engrais potassiques, Uralkali.

Le début de la gloire, mais aussi des ennuis. En 1996, il est accusé d’avoir commandité le meurtre d’Eugenia Panteleimon, patron d’une entreprise chimique dont il détient encore 40% des parts. L’Ouralien est incarcéré et passe onze mois derrière les barreaux, avant qu’un témoin ne se rétracte, avouant un faux témoignage. L’homme d’affaires  s’exile alors, ne supportant plus le climat délétère qui règne dans cette Russie plongée dans le chaos. Il gère son entreprise entre les Etats-Unis, la Suisse et… Monaco. Mais très vite la mère patrie se rappelle à lui.

Les années 2000 sont engagées et Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir. Le maître du Kremlin veut reprendre le contrôle des ressources naturelles russes et s’en prend aux exilés. L’effondrement d’une des mines principales d’Uralkali en 2006 est du pain béni pour le pouvoir moscovite, qui conclut à une catastrophe écologique et menace celui désormais surnommé de « milliardaire du potassium ». Suleyman Kerimov, un proche de Poutine, représentant de la République du Daguestan au Sénat russe et également propriétaire du club d’Anzhi Makhachkala – qui a également défrayé la chronique il y a plusieurs mois en offrant des ponts d’or à Samuel Eto’o ou encore Roberto Carlos -, rachète les parts de Dmitry Rybolovlev pour la bagatelle d’environ 5 milliards d’euros.

Un divorce historique

Deux ans plus tard, c’est sa vie privée qui va se trouver exposée – un mauvais coup pour un homme qui n’apprécie aucunement faire parler de lui dans les médias. On ne l’a d’ailleurs jamais surpris dans les manifestations publiques au bras de sa femme. Il se veut discret, mais pas assez puisque lassée des infidélités et des orgies organisées sur le yacht du couple, Elena demande le divorce et réclame le partage de la fortune de son mari, comme le prévoit la loi helvétique, lorsqu’un couple n’a pas établi de contrat de mariage. Le malin s’est alors empressé de mettre à l’abri ses actifs aux quatre coins du globe et de liquider une bonne partie de ses biens à prix cassés afin que son ex-femme en touche le moins possible.

L’achat de l’Association Sportive de Monaco s’est-il fait dans ce but ? Peut-être. En tout cas à Monaco il est loin des problèmes de son pays natal, celui qui l’a vu faire fortune. Sur le Rocher, il est chez lui désormais, même si on ne le voit que rarement, que ce soit au stade ou en ville. Un investissement peu rationnel (une assise populaire faible), mais la volonté de monter une grande équipe de football et profiter de sa passion pour le ballon rond. Mais si cette nouvelle vitrine peut profiter au football français – comme l’ont montré les prémices cette saison du PSG version Qatar -, la LFP et la FFF essayent déjà de se mesurer au club princier, voulant réduire les avantages fiscaux sur lesquels peut s’appuyer la Principauté – un Zlatan Ibrahimovic par exemple coûte à l’année 92 millions d’euros au PSG, là où les rouges et blancs ne débourseraient « que » 14 millions. De nouvelles menaces pour le nouveau prince de Monaco, qui devra cette fois-ci se mettre sur le devant de la scène pour protéger son nouveau joujou.

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