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Election présidentielle en Iran: les conservateurs s’arrachent la victoire

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La campagne électorale iranienne est désormais terminée et les électeurs sont appelés aux urnes, vendredi 14 juin pour choisir un successeur au président Mahmoud Ahmadinejad.

Un réformateur contre trois conservateurs

Mais alors que depuis plusieurs semaines, le scrutin semble acquis à la faveur des conservateurs et des proches du guide Ali Khamenei, la donne pourrait bien changer à la suite des derniers bouleversements du scrutin.

Chez les réformateurs, l’espoir perdu lorsque la candidature du favori du scrutin Hachemi Rasfandjani avait été éliminée par le Conseil des gardiens de la constitution, est revenu lorsque les deux candidats réformateurs, qui n’avaient jusque là aucune chance d’être élu, ont fait cause commune.

A la demande de l’ancien président Khatami, le candidat Mohammed Reza Aref a décidé de renoncer en faveur de son ancien adversaire, Hassan Rohani, un religieux modéré qui réunit désormais toutes les voix des réformateurs.

Il est désormais dans une très bonne position face à ses adversaires conservateurs, plus que jamais désunis.

Trois candidats dans une querelle d’égo

Ils sont aujourd’hui trois candidats à se partager cet électorat. Parmi eux, Ali-Akbar Velayati, ancien ministre des Affaires étrangères, conseiller pour les affaires internationales du Guide. Très conservateur, il se prononce néanmoins pour un développement des relations avec l’Occident.

Mohammad Bagher Ghalibaf, maire de Téhéran depuis 2005 est considéré comme un redoutable conservateur :  a multiplié les arrestations d’intellectuels et de journalistes lorsqu’il était chef de la police.

Saïd Jalili est quant à lui le négociateur en chef du dossier nucléaire. Il est très proche du Guide suprême Ali Khamenei et partisan d’une politique étrangère très ferme.

« La divergence au sein de la droite a éclaté »

Pour faire gagner leur camp, ces trois hommes auraient pu s’unir autour d’une seule candidature et c’est d’ailleurs ce à quoi s’attendaient de nombreux spécialistes.

« Dans une deuxième étape, les trois candidats usulgaras, revendiquant la fidélité au Guide, contrairement à ce qu’ils avaient annoncé, n’ont pas réussi à présenter une coalition autour d’un seul candidat », explique Karim Pakzad, spécialiste de la question, pour le site Affaires stratégiques. « La divergence au sein de la droite a ainsi éclaté au grand jour », ajoute-t-il encore.

Car chaque candidat porte également sa propre ambition et ce scrutin, qui devait être contrôlé, du début à la fin, par le Guide suprême, s’est avéré devenir une bataille d’égo entre les fils spirituels de ce dernier.

Et ce n’est pas faute, pour les conservateurs, d’avoir lancé des appels à l’unité. « On attend désormais des candidats conservateurs qu’ils s’assoient ensemble sans perdre de temps, et choisissent l’un d’entre eux comme le candidat du camp conservateur », écrivait ainsi Hossein Shariatmadari, directeur du journal conservateur Kayhan lorsque l’un des deux candidats réformateurs s’est retiré pour laisser ses chances à Hassan Rohani.

Pourtant, les trois conservateurs déterminés ont bien fait comprendre qu’ils ne descendraient pas de leurs podiums, et ce jusqu’à la fin de la campagne. Cette dernière s’est terminée jeudi 13. Mercredi au soir, les trois tenaient des meetings à Téhéran pour appeler l’électorat conservateur à se mobiliser pour chacun d’entre eux. « Malgré toutes les rumeurs, je resterai dans la course jusqu’à la fin », a alors scandé Ali-Akbar Velayati, de concert avec ses deux adversaires.

Et pourquoi pas une victoire des réformateurs ?

L’idée d’une surprise électorale, écartée jusqu’à présent, fait son chemin dans les esprits des observateurs de ce scrutin.

« La victoire de M. Rouhani n’est plus une hypothèse de l’école », estime ainsi Karim Pakzad.

Reste cependant un acteur à ne pas sous-estimer. L’ayatollah Ali Khamenei n’a pas les moyens de laisser gagner le clan réformateur au risque de perdre sa mainmise sur l’exécutif. Or, si le scrutin est truqué, le scénario des évènements sanglants de 2009, qui a vu les manifestations contre les fraudes être réprimées dans le sang et qui ont ainsi permis à Mahmoud Ahmadinejad d’être élu, pourrait se reproduire. Et le régime ne peut pas se le permettre une nouvelle fois.

Il demeure également que les réformateurs du monde entier, constatant avec dépit le refus de la candidature de leur champion, Hachemi Rasfandjani, ont tous appelé les Iraniens à un boycott massif du scrutin, une démarche de protestation qui pourrait bien les pénaliser à l’heure où un réformateur aurait finalement une chance d’être élu.

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