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Hamid Karzaï veut se réconcilier seul avec les Talibans

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Il n’aura fallu que quelques heures aux Américains pour se mettre à dos leurs alliés en Afghanistan, le président Hamid Karzaï en chef de file.

Une réunion avortée

Depuis l’annonce officieuse de l’ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l’Afghanistan, Hamid Karzaï menace de tourner le dos à l’Occident en cassant les accords qui unit les Américains à son peuple.

A l’origine de cet incident diplomatique, des rumeurs. Les talibans, décidés à revenir sur le devant de la scène par la voie du dialogue, ont installés leurs bureaux au Qatar. Depuis Doha, les Talibans affirment alors vouloir favoriser « le dialogue et l’entente avec les pays du monde ».

C’est alors que le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, réagit immédiatement en félicitant les talibans pour cette déclaration. Or, dans l’entourage diplomatique des Américains, la nouvelle circule vite. On entend alors parler d’une rencontre bilatérale entre Washington et les talibans, dans quelques jours, sans que jamais la présence d’Hamid Karzaï ne soit envisagée.

Une date est même annoncée. Le 20 juin, rendez-vous est donné à Doha. L’information n’est pas confirmée par la Maison Blanche.

Un bureau « ambassade » qui ne plaît pas à Hamid Karzaï

C’est lorsque l’information arrive aux oreilles du président afghan que les choses se compliquent. Ce dernier, mécontent de constater qu’il est absent du dialogue que semble avoir instaurer les Etats-Unis et les talibans, et après avoir constaté que les insurgés ont donné le nom « d’émirat islamique d’Afghanistan » à leur bureau qatari, qui n’est autre que le nom que portait le gouvernement taliban au pouvoir Afghanistan avant d’être renversé en 2001, Hamid Karzaï s’insurge.

Il faut dire que ce nom n’a pas été choisi au hasard et de nombreux observateurs décryptent dans cette mise en scène la volonté pour les talibans de se positionner comme un gouvernement légitime en exil d’Afghanistan.

Hamid Karzaï a pourtant toujours été clair avec les Etats-Unis, les talibans sont le fait de l’Afghanistan et ce n’est pas aux Etats-Unis, même s’ils sont pressés de quitter l’Afghanistan, de régler le problème des insurgés.

Une réconciliation à l’afghane

Conclusions de ces quelques heures de mauvaise communication entre les différents acteurs, l’Afghanistan d’Hamid Karzaï a menacé de refuser toute négociation avec les talibans. Hamid Karzaï a également déclaré à l’adresse de Washington que toutes les négociations en vue de la signature d’un accord concernant le maintien d’une présence américaine en Afghanistan après 2014 étaient suspendues.

Mercredi 19 au soir, le président Barack Obama est donc venu au secours de ses diplomates. En visite en Allemagne, Barack Obama a appelé les « Afghans », talibans compris, à se parler. Le même soir, le département d’Etat a annoncé que les négociations avec les insurgés étaient annulées.

Les talibans refusent de négocier avec Hamid Karzaï

Pourtant, les talibans sont fermes sur un point, celui de refuser toute négociation avec les autorités afghanes. En effet, pour les insurgés, Hamid Karzaï n’est qu’une marionnette au service de Washington qu’il convient de dépasser pour atteindre directement la cible.

Même volonté de fer côté afghan, le président Karzaï refuse toute implication étrangère dans ce processus de négociation. Ce dernier n’était pourtant pas contre l’installation d’un bureau taliban à Doha, mais l’aspect « ambassade » du bâtiment, complété du drapeau blanc représentatif de l’émirat n’a pas été accepté par Kaboul.

« Il y a une contradiction entre ce que le gouvernement américain dit et ce qu’il fait en ce qui concerne les discussions de paix », a ainsi déclaré Aimal Faizi, porte-parole du président afghan.

Après 18 mois de difficiles tractations, le processus de paix avec les insurgés talibans, devant notamment permettre la mise en place d’un cessez-le-feu dans certaines zones, la protection des minorités et l’acceptation de la constitution afghane sur tout le territoire est aujourd’hui au point mort.

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