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Iran-Etats-Unis, une réconciliation après l’élection présidentielle?

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Il y a des choses qui sont prévisibles en Iran pour ce scrutin qui appelle les électeurs à choisir un successeur au président Mahmoud Ahmadinejad.

Economie et diplomatie

Parmi elles, le résultat. Sans trop parier sur la comète, le nouveau président iranien sera un conservateur, acquis à la cause de l’ayatollah Ali Khamenei. Le taux de participation également, il sera sans doute faible : la grande majorité des Iraniens désireux d’un changement radical de la République islamique ont été convaincus de rester chez eux en ce 11 juin depuis que la candidature de leur favori, Hachemi Rafsandjani, a été écartée par le Conseil des gardiens de la constitution.

Mais parmi les mystères qui entourent cette élection présidentielle, l’aspect international de l’après-Ahmadinejad demeure une interrogation pour de nombreux experts.

Et derrière cet aspect diplomatique, c’est l’économie qui est au cœur de cette élection. Frappée par de très lourdes sanctions internationales, décidées à cause des suspicions concernant le programme nucléaire du pays, l’économie iranienne est dans un état catastrophique.

Le rial, monnaie nationale, a perdu 40% de sa valeur depuis deux ans, l’inflation a quant à elle augmenté de 30% alors que le chômage touche désormais 15% de la population.

« Les conditions économiques et financières de l’Iran sont catastrophiques », explique ainsi Karim Pakzad, expert de la question iranienne à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS).

« Les sanctions internationales ont fait tomber une chape de plomb sur le pays qui ne peut plus subvenir à ses besoins. L’Iran a perdu 50 milliards de dollars de ses revenus pétroliers en 2012 », ajoute-t-il encore.

Obligé de pratiquer le troc pour survivre

Pour mettre à mal l’économie nationale, les sanctions financières infligées à l’Iran ne lui permettent plus aujourd’hui de bénéficier de l’argent de ses ventes de pétrole, principales ressources de l’économie.

« Le régime est désormais obligé de pratiquer le troc, notamment avec l’Inde et la Chine. Le concept étant d’échanger du pétrole contre des produits alimentaires, des articles de consommations et des médicaments », explique Karim Pakzad.

Face à ce délabrement économique, il ne resterait alors qu’une seule solution pour l’Iran : se soumettre à la volonté internationale et lâcher du lest sur le plan nucléaire pour retrouver une marge de manœuvre financière.

« C’est une situation qui ne peut que durer, si une solution n’est pas trouvée sur le dossier nucléaire iranien », affirme le directeur de recherche. « Pourtant, certains observateurs pensent qu’après ces élections, il y aura sans doute des gestes afin que la situation devienne plus détendue avec la communauté internationale. »

 L’Iran ne renoncera pas

L’Iran pourrait-il alors renoncer à ses projets nucléaires ? C’est peu probable tant les différents candidats à la présidentielle semblent tous aussi déterminés à affirmer que ce programme se poursuivra.

Lors des deux débats télévisés de la campagne électorale, la question du programme nucléaire iranien et du droit de l’Iran à enrichir de l’uranium a rassemblé tous les candidats en lice. Certes, ils ne s’accordent pas tous sur la manière d’y parvenir, mais le fond est bien le même.

Dans son dernier livre « Iran-Etats-Unis, les amis de demain ou l’après-Ahmadinejad » (éditionsPierre-Guillaume de Roux, 2013) Ardavan Amir-Aslani explique également, « la communauté internationale ne peut plus agir comme si l’Iran, sous la pression de l’embargo, allait céder un pouce de son indépendance et abandonner son programme nucléaire. Depuis 1979, les autorités iraniennes n’ont rien lâché sur ce terrain et ne lâcheront rien, pas plus aujourd’hui que demain. »

Discuter avec Washington n’est plus un tabou

Un début de réconciliation avec la communauté internationale serait-il néanmoins possible si l’Iran poursuit toujours les mêmes objectifs ?

Pour Ardavan Amir-Aslani, « l’idée de négocier avec les Etats-Unis était, dans la sphère dirigeante, un tabou. » Or depuis, les mentalités semblent avoir évolué. « Très peu de responsables islamiques ont eu le courage de le briser à l’exception de Rafsandjani, l’ancien président de la République. Au lendemain des élections législatives de 2012, il déclara : « Il nous faut renouer le contact avec les Américains pour aboutir à un rétablissement des relations diplomatiques. » Jamais un haut dignitaire iranien n’avait évoqué publiquement la possibilité d’un tel dialogue », explique-t-il.

Et selon cet expert, « en 2013, les discussions avec Washington ne sont plus un tabou. »

« Le pouvoir iranien a fini par se rendre à cette évidence : son isolement international n’est plus supportable et il veut s’en sortir. Khamenei lui-même fait maintenant des déclarations en ce sens. »

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