Site icon La Revue Internationale

L’ayatollah Ali Khamenei, monarque absolu en Iran

[image:1,l]

Les Iraniens sont appelés aux urnes, le 14 juin, afin d’élire un succésseur à leur président Mahmoud Ahmadinejad. Une élection déjà très controversée tant son déroulement paraît d’ores et déjà acquis à la cause du régime islamique.

Préparation méticuleuse du scrutin

En lice, huit candidats, dont seule la moitié a une réelle chance de remporter l’élection. De ces quelques personnalités conservatrices tous ont un point commun: ils sont dans la ligne politique directe de l’ayatollah Ali Khamenei, qui les a méticuleusement choisi alors que, par l’intermédiaire du Conseil des gardiens de la Constitution, il s’arrangeait pour interdire de scrutin toutes les candidatures jugées dangereuses.

Il faut dire que cette élection n’est pas simplement l’affaire du peuple et de son président. L’ayatollah Khamenei est également directement préoccupé par le futur chef de l’Etat.

Car en Iran, le président n’est en fait, sur de nombreux sujets, que l’ombre de cet homme, dont l’existence est intimement liée à la survie du régime islamique.

Tous les pouvoirs aux mains d’Ali Khamenei

La constitution iranienne est faite ainsi, le pouvoir part de l’ayatollah et revient à l’ayatollah. Depuis 20 ans qu’il règne sur la scène politique, Ali Khamenei a régulièrement renforcé son autorité en refondant la Constitution, dont la version actuelle date du 28 juillet 1989, à peine quelques semaines après avoir succédé à  l’ayatollah Khomeini.

Le quatrième article de cette dernière précise que « le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire sont exercés sous le contrôle du Chef suprême des Croyants et Guide de la Communauté ».

C’est ainsi que le guide suprême de la république islamique se voit attribuer une liste considérable de pouvoirs, qu’il s’agisse de « la détermination de la politique générale du régime », « du commandement suprême des forces armées », « du règlement des différends et de la coordination des relations entre les trois pouvoirs », « de la révocation du Président de la République, au nom des intérêts du pays. » L’ayatollah Khameini dirige le pays en monarque absolu, et ce depuis que la révolution a laissé le champ libre aux religieux en Iran.

20 ans pour transformer un régime séculier en une république islamique

Né en 1939 à Mashhad, Ali Khamenei devient ayatollah après ses études de philosophie islamique et se distingue pendant la révolution islamique de 1979. Elu à la présidence de la république en 1981, il devient le premier religieux à occuper cette fonction dans le pays.

C’est lui qui, à l’encontre de son ami l’ayatollah Khomeini,  transformera progressivement la république séculière en un régime religieux.

Réélu en 1985, il succède à l’ayatollah Khomeini en 1989, grâce à l’appui d’Hachemi Rafsandjani, qui sera lui-même président quelques années plus tard. C’est également ce dernier qui, désormais apprécié des réformateurs, s’est vu interdire sa candidature à l’élection présidentielle du 14 juin 2013 par son ancien ami l’ayatollah.

Sous le règne de Khamenei, l’Iran accélère son tournant vers un régime plus dur. En changeant la Constitution, il s’arroge le contrôle total des relations extérieures, de la défense, des services de sécurité et de la justice.

Il agit également en faveur d’une restriction du rôle des femmes dans la société iranienne. Selon ses termes, « l’homme est fait pour entrer sur les terrains économiques et financiers. Mais la femme doit accoucher, allaiter, elle a un physique fragile, elle est moralement sensible, elle est affective, ne peut entrer dans tous les domaines […], cela crée des restrictions pour les femmes. L’homme, plus fort, est privilégié. »

Au niveau international, Ali Khamenei s’est notamment fait remarquer en lançant une fatwa contre Salman Rushdie, auteur en 1989 des Versets sataniques. « Même si Salman Rushdie se repent au point de devenir l’homme le plus pieux de notre temps, l’obligation subsiste, pour chaque musulman, de l’envoyer en enfer, à n’importe quel prix, et même en faisant le sacrifice de sa vie », a-t-il déclaré à l’époque.

Face à son plus grand ennemi, Israël, l’ayatollah Khamenei a notamment utilisé l’expression « tumeur cancéreuse », en 2009, réaffirmant trois ans plus tard que l’Etat hébreu devait être supprimé et que pour cela, l’Iran apporterait son soutien à tout pays déterminé à y contribuer.

Elu par des électeurs choisis

Le tout puissant ayatollah iranien est aujourd’hui maître en son pays et le président fait pâle figure en face de lui, particulièrement quand ce dernier dévie de la ligne politique pour laquelle il a été autorisé à se présenter.

Clé de voûte du régime, l’indétrônable chef religieux est protégé à son poste par le 107ème article de la Constitution selon lequel « la désignation du Guide est à la charge des experts élus par le peuple. » Or, ces mêmes experts élus par le peuple doivent avant tout être approuvés par le Conseil des Gardiens. Ces douze gardiens sont, pour la plupart des cléricaux et six d’entre eux sont directement choisis par le guide.

C’est ainsi que le peuple, lorsqu’il élit son guide, choisit en fait un candidat qui a été préalablement sélectionné par des personnalités placées à leur poste par ce même guide. La boucle est ainsi bouclée avec l’élection présidentielle dont les résultats ne réserveront pas de grande surprise à Ali Khamenei le 14 juin prochain.

Quitter la version mobile