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Égypte: les salafistes d’Al-Nour misent-ils sur le scénario du pire?

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Ils étaient également descendus dans la rue pour manifester contre le président Mohamed Morsi. Depuis un an de mandat, ils se sont régulièrement montré critiques envers les Frères musulmans qu’ils ont notamment accusés d’être eux-mêmes à l’origine de la destitution du président. Aujourd’hui, en pleine transition politique, les salafistes égyptiens semblent être l’élément gênant de la réorganisation politique égyptienne.

Les salafistes quittent la table des négociations politiques

Les représentants du parti salafiste Al-Nour ont annoncé, lundi 8 juillet, leur retrait de la table des négociations visant à assurer la transition politique à la suite du coup d’Etat mené par l’armée mardi 2 juillet.

Avant cette ultime décision, les salafistes d’Al-Nour s’étaient déjà opposés à deux propositions de nomination au poste de Premier ministre.

La candidature de Mohammed el-Baradei, prix Nobel de la paix et ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), faisait pourtant l’unanimité au sein des manifestants comme pour la classe politique d’opposition. Sa nomination, proposée par l’exécutif de la présidence d’intérim menée par l’ancien président du Conseil constitutionnel, Adly Mansour, a été refusée une première fois.

Deuxième refus, celui de la nomination de Ziad Bahaa Eldin. Figure principale du Front de salut national (FSN), qui regroupe plusieurs mouvements d’opposition, Ziad Bahaa Eldin s’est justement vu rejeté en raison de son implication dans ce mouvement.

Un technocrate qui fasse consensus

Ce dernier avait pourtant toutes les qualités requises pour faire l’unanimité tant dans l’opposition laïque et libérale que chez les islamistes radicaux d’Al-Nour. A 48 ans, Ziad Bahaa Eldin est un technocrate de centre-gauche et avocat d’affaires de formation.

Il a notamment été à la tête de nombreuses institutions économiques en charge d’investissements étrangers et a également fait partie du conseil d’administration de la banque centrale égyptienne.

Un candidat idéal qui a eu le tort d’appartenir à l’opposition officielle aux Frères musulmans. « Nous n’avons pas d’objection personnelle contre Bahaa Eldin qui est une figure économique importante […] nous rejetons sa candidature parce qu’il fait partir du Font de salut national », a ainsi déclaré Younès Makhyoun sur la chaîne Al-Arabyia.

Al-Nour « veut un technocrate qui fasse consensus ou soit acceptée par 80% à 90% des Egyptiens », a-t-il encore expliqué dans la nuit de dimanche 7 à lundi 8 juillet.

25% de l’électorat égyptien est salafiste

Or pour atteindre ce consensus voulu par les salafistes, les modérés, laïcs et libéraux devront sans doute faire de nombreuses concessions, si toutefois ils acceptaient de céder à la pression du départ d’Al-Nour de la table des négociations.

En effet, les salafistes représentent une part non-négligeable de l’électorat égyptien.

Lors des élections législatives de 2011, les Frères musulmans avaient confirmé leur engagement dans le pays en devenant le premier parti de l’Assemblée, avec 36,62% des voix. Mais la vraie surprise du résultat de ce scrutin a véritablement été dans le score d’Al-Nour.

Ces salafistes, quasiment inconnus jusqu’ici, avaient remporté près de 25% des voix. En quelques mois, Al-Nour est véritablement passé de l’ombre à la lumière en devenant le deuxième parti d’Egypte.

C’est leur alliance islamiste à l’Assemblée constituante pour établir une constitution basée sur la charia, qui a ensuite réveillé les consciences laïques en Egypte. Leur alliance a pourtant été de courte durée et les salafistes, au même titre que la foule des manifestants en Egypte, se sont rapidement soulevés contre les Frères musulmans au pouvoir.

Le refus de la démocratie incarné en politique

Le Salafisme est un mouvement sunnite revendiquant un retour à l’islam des origines, fondé sur le Coran et la Sunna. Toutes ses mouvances affirment constituer la continuation sans changement de l’islam des premiers siècles. Ils rejettent tout ce qu’ils perçoivent comme des interprétations humaines postérieures à la révélation de Mahomet.

Le principal théoricien du mouvement est Mohammed ibn Abdel-Wahhab. Sa doctrine a également donné naissance au wahhabisme, un courant légèrement différent, qui est aujourd’hui en vigueur dans le royaume ultraconservateur d’Arabie Saoudite.

Les Salafistes souhaitent une application stricte de la charia, veulent renforcer l’éducation religieuse et réclament le port d’une longue barbe et de l’habit traditionnel pour les hommes, celui du niqab pour les femmes. Ils s’opposent par ailleurs à la mixité, à l’accès des femmes à l’espace politique ou professionnel ainsi qu’à la consommation d’alcool.

Les Salafistes refusent, de plus, toute influence occidentale, en particulier la démocratie et la laïcité, accusées de corrompre la foi musulmane.

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