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Irak: la population doit-elle se préparer à la guerre civile?

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Depuis le début du mois de juillet, 630 Irakiens ont péri au cours de violences communautaires qui font le quotidien de l’Irak depuis la fin de l’occupation américaine. Ce chiffre alarmant rappelle étrangement les plus sombres années de guerre civile du pays, entre 2006 et 2007.

Bilan meurtrier digne d’une guerre civile

Cette semaine encore, quatre mosquées sunnites ont été la cible d’attentats fomentés par des chiites, mardi 23 juillet. Ces attaques ont fait 12 morts et une cinquantaine de blessés parmi les fidèles.

La veille, une attaque bien organisée de deux prisons de la capitale avait permis la libération de plusieurs centaines de détenus, dont certains responsables de réseaux terroristes liés à Al-Qaïda. Ce double assaut a fait au moins une quarantaine de morts.

Quelques jours auparavant, un kamikaze muni d’une ceinture d’explosifs avait tué au moins 20 personnes dans une mosquée sunnite située au nord-est de Bagdad.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes et le compteur quotidien des victimes de ces affrontements communautaires augmente la facture humaine qui ne fait qu’augmenter depuis l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis.

La vengeance des chiites

Sunnites, chiites, tous sont victimes et bourreaux à la fois de ce constat qui signe le plus grand nombre de victimes en un mois depuis plus d’un an.

En 2003, l’intervention américaine a fait tomber la dictature de Saddam Hussein. Ce dernier, qui gouvernait en s’appuyant sur la minorité sunnite irakienne, a laissé la porte grande ouverte aux chiites lorsqu’il a été exécuté, laissant le pouvoir vacant.

Les élections qui ont suivi ont naturellement porté la majorité chiite au pouvoir et aujourd’hui, c’est le Premier ministre chiite Nouri Al-Maliki qui dirige le pays.

Comme après trop d’années d’oppression, la majorité chiite gouverne aujourd’hui d’une main de maître et de vengeance à l’égard des sunnites.

C’est ainsi que les sunnites condamnent aujourd’hui le gouvernement qu’il accuse de les marginaliser et de rivaliser avec Saddam Hussein dans son comportement dictatorial.

« Les sunnites accusent le Premier ministre d’autoritarisme et de monopoliser le pouvoir. Nouri al-Maliki, en place depuis 2006, est à la fois Premier ministre, ministre de la Défense, de l’Intérieur et de la Sécurité nationale », explique ainsi Karim Pakzad, spécialiste de la question à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) pour BFM TV.

Tout est réuni pour qu’une guerre civile éclate

Le conflit syrien a également fortement attisé les tensions chez son voisin irakien. Il faut dire que les tensions communautaires en Syrie sont comme calquées sur celle qui font le quotidien des Irakiens.

« La situation envenime la crise politique en Irak », ajoute ce spécialiste. « Le gouvernement irakien craint que le remplacement de Bachar al-Assad ne permette l’arrivée au pouvoir des sunnites en Syrie ».

En Syrie, la minorité alaouite, une branche du chiisme, défend le pouvoir du président Bachar al-Assad face à l’opposition majoritairement sunnite tandis qu’en Irak, si les forces sont inversées, les noms qui s’opposent sont les mêmes.

Le Premier ministre Nouri Al-Maliki a immédiatement affiché son soutien au régime de Bachar al-Assad tandis que l’Iran chiite soutient également le gouvernement irakien.

« En renforçant la communauté arabe sunnite cela renforcerait la crise politique en Irak. Voilà pourquoi le pouvoir irakien est l’un des gouvernements arabes qui n’est pas tout à fait favorable à l’opposition syrienne », souligne Karim Pakzad. La boucle du chiisme est alors bouclée.

Pour les sunnites proches d’Al-Qaïda, l’intervention américaine est à l’origine de cette succession d’événements qui a mené à leur discrimination et depuis, les attentats menés par Al-Qaïda en Irak se multiplient.

Les experts sont alors nombreux à observer le spectre d’une guerre civile s’avancer dangereusement en Irak.

« Tous les éléments d’une guerre civile sont réunis en Irak, si la crise politique continue », explique encore Karim Pakzad. « Les sunnites n’ont jamais accepté d’avoir perdu le pouvoir et les chiites ne sont pas disposés à partager ce pouvoir de façon équitable ».

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