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L’électorat UMP de plus en plus tenté par des alliances locales avec le FN

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Le 17 juin dernier, au lendemain du premier tour de l’élection législative partielle de Lot-et-Garonne, qui a permis au candidat FN d’éliminer le candidat socialiste, s’est reposée la question de la pertinence du Front républicain. L’automaticité de l’appel au vote UMP lorsqu’aucun candidat de gauche n’est présent au second tour n’est plus apparu comme une évidence. En parallèle, de plus en plus d’électeurs UMP se disent prêts à des alliances avec le FN pour contrer le Parti socialiste aux élections locales. Examinons de plus près cette évolution de l’opinion.

Au lendemain des élections régionales de 1998…

En mars 1998, à la question « Approuvez-vous ou désapprouvez-vous le fait que certains présidents de région aient accepté les voix du Front National pour être élus à la présidence de leur région ? », les Français avaient massivement manifesté leur désapprobation : 53% avaient désapprouvé ces alliances. Ils n’étaient que 36% à approuver, selon un sondage de l’Ifop pour l’Express réalisé les 20 et 21 mars 1998.

Conclusion : les présidents de région élus avec l’apport des voix du FN ont été exclus de l’UDF et le président RPR du conseil général de l’Oise, Jean-François Mancel, qui avait lui aussi passé des accords avec le FN pour garder la direction du département, a été exclu du RPR. A l’époque la droite républicaine ne devait pas pactiser avec le « diable »…

L’UMP toujours décidée à n’accepter aucune alliance en 2010

En 2010, certaines voix à l’UMP, à l’instar de Christian Vanneste, membre du collectif de la Droite populaire, appellaient à la création d’un front de droite allant de l’UMP au FN. Mais ces interventions sont restées largement minoritaires et les électeurs UMP, dans leur grande majorité, ont refusé toute compromission avec le parti de Jean-Marie Le Pen.

En octobre 2010, un sondage Ifop pour le Nouvel obs donnait 32 % des sympathisants UMP favorables à un rapprochement avec le FN lors des élections locales. « 32%, c’est beaucoup comparé à ce qui se passe dans l’appareil et au sein du parti », observait alors Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinion de l’Ifop. « On peut penser que le pourcentage de sympathisants UMP favorables à un rapprochement serait moindre pour une élection nationale », ajoutait-il.

En février 2012, à la suite d’une controverse sur la déportation des homosexuels pendant la Seconde Guerre mondiale, l’UMP retirera l’investiture de Christian Vanneste pour les élections législatives de juin 2012. Menacé d’exclusion, Christian Vanneste annonçait, à cette date, sa volonté de quitter ce mouvement politique.

Le ton change au printemps 2012

Selon un sondage Ifop réalisé en mai 2012, au soir du second tour de l’élection présidentielle, portant sur près de 2000 personnes et effectué par internet, 54 % des sympathisants de l’UMP et 77 % de ceux du FN souhaitaient qu’aux élections locales les deux partis passent des accords électoraux. Le changement d’opinion vis-à-vis du Front national est radical. Et ce n’est pas un hasard si aux élections législatives, le FN revient à l’Assemblée avec deux députés, Marion Maréchal-Le-Pen et Gilbert Collard.

Au lendemain de ces législatives, un sympathisant de l’UMP sur deux souhaite que l’UMP et le Front National passent des accords lors des élections locales. Selon un sondage de l’Ifop pour Sud-Ouest Dimanche, ils étaient en effet 48% à approuver d’éventuelles alliances. Les sympathisants du Front National souhaitent quant à eux des accords avec l’UMP lors des élections locales (72%, – 5 par rapport à mai 2012), confirmant la hausse observée d’octobre 2010 à mai 2012 (de 62% à 77%).

L’UMP peine à se positionner vis-à-vis du parti d’extrême droite

En novembre 2012, le souhait d’alliance UMP-FN est en baisse chez les sympathisants UMP. Ils sont désormais 44% à se prononcer pour des accords électoraux et 56% à les refuser (contre 52% en juin), selon un sondage Ifop publié dans le Journal du Dimanche. 88% des sympathisants UMP et 97% des sympathisants FN pensent que « l’islam progresse trop en France ».  84% des sympathisants UMP et 97% des sympathisants FN pensent qu’il y a « trop d’immigrés en France ». Entre confusion idéologique et mis à l’écart de principe, l’UMP peine à se positionner vis-à-vis d’un Front National de plus en plus populaire.

Une confusion certainement accentuée par l’élection, pourtant contestée, de Jean-François Copé à la présidence de l’UMP. D’après une enquête réalisée au mois de mai par l’Ifop, ce sont pas moins de 47% des sympathisants UMP qui souhaitent en effet qu’aux élections locales, l’UMP et le FN passent des accords électoraux.

Comment expliquer cette évolution ?

Selon l’Ifop cette évolution de l’opinion s’explique en partie par la dédiabolisation du parti d’extrême-droite, qui ne se reconnaît d’ailleurs plus dans cette appellation : « L’image du FN a évolué ces dernières années tant dans l’opinion qu’auprès des sympathisants UMP », souligne l’institut de sondage. « L’arrivée à la tête du parti de Marine Le Pen, en lieu et place de son père, a permis le développement d’une stratégie de dédiabolisation qui a porté ses fruits. »

Par ailleurs « la prise en compte de la réalité électorale et l’intégration par les électeurs UMP de la dynamique frontiste » n’est pas à négliger dans la recherche d’explication. Selon l’Ifop, « alors que le FN apparaissait comme moribond dans les années qui ont suivi l’élection présidentielle de 2007, les élections régionales de 2010, avec la présence au second tour de listes frontistes dans 12 régions, ont constitué un premier signal du retour du FN dans le jeu électoral. » Et tout porte à croire que, si l’UMP n’affirme pas clairement ses valeurs, cette tendance aille en s’amplifiant.

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