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Pour John Kerry, Palestiniens et Israéliens se rapprochent

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John Kerry effectue son sixième voyage au Proche-Orient depuis son arrivée à la tête du secrétariat d’Etat américain en février dernier. Un rythme soutenu qui prouve sa détermination à être l’homme qui remettra sur les rails le processus de paix israélo-palestinien.

Les Etats-Unis sont confiants

A l’occasion d’une visite à Amman, en Jordanie, le secrétaire d’Etat américain s’est entretenu avec le roi Abdallah II. Lors de cette entrevue, John Kerry a affirmé que ces négociations, qui sont clairement au point mort depuis 2010, seraient sur le point d’être reprises par les deux parties.

« Israël doit vraiment prêter attention à cette initiative, qui lui promet la paix avec 22 Etats arabes et 35 nations musulmanes », a estimé John Kerry. « C’est ainsi un total de 57 pays qui sont prêts et qui attendent la possibilité de faire la paix avec Israël », a ajouté le secrétaire d’Etat.

Ce nouveau plan de négociations, personne ne le connaît. Et bien que la Ligue arabe l’ai jugé « convenable », nul ne sait pour le moment si ces pourparlers pourront reprendre comme l’entend John Kerry.

L’Union européenne jette de l’huile sur le feu

Pourtant, si les Etats-Unis se montrent confiants, la situation sur le terrain est actuellement peu propice à la renégociation de la paix.

En effet, les autorités israéliennes ont très peu apprécié la récente décision de la commission européenne visant à exclure les Territoires occupés des accords de coopération qui unissent l’UE à Israël.

C’est la première fois que l’Union européenne introduit aussi clairement une différence entre le territoire israélien et les territoires occupés depuis 1967. Cette décision européenne a été dénoncée par le Premier ministre israélien qui estime que l’UE veut imposer des frontières à Israël, par la force.

« Nous n’acceptons aucun diktat extérieur sur nos frontières », a ainsi déclaré le Premier ministre. « Cette question ne pourra être décidée que par des négociations directes ».

Or, si l’on en croit les réactions politiques en Israël, les négociations de paix pourraient bien être remises en questions. Le ministre de l’Économie, Naftali Bennett, a estimé pour sa part que la décision européenne n’était rien de moins qu’une « attaque terroriste contre toutes les chances de paix ».

John Kerry joue toutes les cartes au Proche-Orient

Depuis son entrée en fonction, John Kerry a fait de ce processus de paix sa priorité absolue. Alors que la précédente secrétaire d’Etat Hillary Clinton n’avait que peu posé les yeux sur cette région, John Kerry veut définitivement faire du deuxième mandat de Barack Obama le temps de la paix au Proche Orient.

Et pour parvenir à ses fins, tous les moyens sont bons. Au mois de mai dernier, lors du Forum économique mondial réuni autour du Quartet pour le Proche Orient (États-Unis, Nations Unies, Union Européenne et Russie), John Kerry a joué la carte économique de son plan de bataille.

La mise en place d’un véritable « Plan Marshall » pour la Palestine a ainsi été confiée à l’ancien ministre britannique Tony Blair.

Ce plan, estimé à hauteur de 4 milliards de dollars, devrait permettre une relance économique de cette région à partir de fonds privés dont l’origine n’a pas été révélée.

L’économie incitera-t-elle à la paix ?

S’il est ambitieux, ce plan pourrait se traduire rapidement par de grandes avancées économiques. Ainsi, les experts estiment que, d’ici trois ans, le produit intérieur brut palestinien pourrait augmenter de près de 50%, le chômage baisser de deux tiers – ce qui devrait le faire passer de 21% aujourd’hui à 8%. Dans le même temps, le salaire moyen d’un Palestinien pourrait augmenter de 40%.

« Est-ce un fantasme ? », s’était alors demandé le secrétaire d’Etat américain. « Je ne le crois pas, parce qu’il y a déjà de beaux exemples d’investissements et d’initiatives qui marchent en Cisjordanie. »

La question des colonies a également été abordée et, bien entendu, ce débat dépassant le cadre strictement économique du problème, des réticences israéliennes se sont fait sentir. Pas question pour Israël de sacrifier une question politique derrière un prétexte économique.

Mais John Kerry paraît déterminé et le processus de paix, qui n’a pas été relancé depuis trop d’années, pourrait profiter de ce plan économique pour redevenir l’objet de négociations.

Pour le secrétaire d’Etat, ce projet est plus important « que tout ce qui a été proposé depuis Oslo, il y a plus de vingt ans » et, si les deux parties font preuve de bonne volonté, l’espoir peut renaître.

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