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Un an plus tard, une nouvelle révolution en Égypte?

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Le 30 juin 2012, il y a bientôt un an, le président Mohamed Morsi, élu quelques jours auparavant, entrait en fonction pour devenir le premier président égyptien élu démocratiquement de l’histoire du pays. Premier président démocratiquement élu mais également premier président Frère musulman. Pour cette confrérie, maltraitée pendant plus de trente ans en Egypte, cette élection revêt à l’époque une haute portée symbolique.

Désormais plus d’opposants que d’électeurs

Presqu’un mois avant ce jour historique se déroulait le premier tour de cette élection sous tension tant, par ce scrutin, se jouait l’aboutissement de plusieurs mois d’une douloureuse révolution.

Lors de ce premier tour, le candidat Morsi avait réuni 24,78% des suffrages, soit 5 764 952 voix. La suite est connue. Le 17 juin, Mohammed Morsi était déclaré vainqueur devant son adversaire au second tour, Ahmad Chafik, un « feloul » tels que sont qualifiés les personnes ayant participé à l’ancien régime d’Hosni Moubarak.

Mais un an plus tard, un autre chiffre permet de regarder le score du président Morsi sous une autre perspective. C’est celui du nombre de pétitions demandant sa démission signées depuis quelques semaines.

Plus de 7 millions. A ce jour, plus de sept millions d’Egyptiens ont accepté de donner leur numéro de carte d’identité et de signer pour exiger la démission du premier président égyptien élu démocratiquement.

Le gouvernement porte plainte contre les initiateurs de la pétition

Initiée par le collectif indépendant Tamarrod (rébellion, en arabe) à la fin du mois d’avril, cette pétition a déjà fait le tour d’Egypte à plusieurs reprises. Il faut dire que Tamarrod a le vent en poupe dans cette Egypte qui peine à retrouver le chemin de la prospérité depuis la chute de Moubarak. Economie en berne, accusation d’entraves à la liberté individuelle, minorités religieuses discriminées, etc. Le gouvernement en place est accusé de tous les maux et les partis politiques sont de plus en plus nombreux à avoir rejoint l’initiative.

C’est ainsi que les Egyptiens veulent désormais faire entendre leur voix, et ce malgré les menaces du régime, qui a d’ailleurs déposé une plainte contre quatre des fondateurs du collectif pour « incitation au renversement du régime » et « insulte au président ».

Ces mêmes Egyptiens n’ont néanmoins pas quitté la rue, qu’ils arpentent depuis maintenant plus de deux ans.

Sur leurs banderoles, le même message : Mohamed Morsi doit quitter le pouvoir, des élections anticipées doivent être organisées. Toujours les mêmes accusations également, Mohamed Morsi n’est à leurs yeux, que le président de ses partisans. Les manifestants l’accusent de diriger le pays au nom des Frères musulmans et dans leurs seuls intérêts.

Pour un référendum sur l’avenir de l’Egypte

Ce 30 juin, comme pour célébrer l’anniversaire de la première année de mandat du président, les Egyptiens seront sans doute encore plus nombreux à descendre dans la rue à l’appel du collectif Tamarrod qui compte marquer ce jour par une « manifestation du million ».

Cette mobilisation s’annonce d’ores et déjà violente et le collectif s’y prépare. « La probabilité d’assister à une manifestation sanglante est de 60% aujourd’hui, et ce chiffre doit chaque jour être revu à la hausse », explique ainsi Yasser el-Hawary, porte-parole du parti des Egyptiens libres au site Al Monitor.

« Morsi peut empêcher ce scénario sanglant en appelant à un référendum sur une élection présidentielle anticipée. Sinon, il devra assumer la responsabilité du sang versé et devra subir un procès au côté d’Hosni Moubarak qui, lui aussi, a regardé des gens mourir en janvier 2011 », déclare encore Yasser al-Hawary.

 « C’est le premier anniversaire du président au pouvoir, ce qui marque également une année de dépression économique de frustration sociale généralisée », explique Khaled Abu Bakr, avocat représentant les familles de plusieurs dizaines de manifestants tués lors des manifestations de janvier 2011 au journal Al Monitor.

« Ces citoyens ordinaires qui ne représentent aucune idéologie politique ou religieuse descendent paisiblement dans la rue pour protester contre un groupe spécifique qui n’est pas représentatif du peuple égyptien », explique encore l’avocat.

Les Frères musulmans accablés

Le mot d’ordre est là. Pour ces Egyptiens, les Frères musulmans ne sont pas un gouvernement mais une caste à part qui ne fonctionne et ne travaille que pour elle. Ils seront alors mobilisés en masse, ce dimanche 30 juin, date attendue pour être une réplique de ce mois de janvier 2011 qui avait permis la chute d’Hosni Moubarak.

« En janvier 2011, le peuple a dirigé sa colère contre la police d’Hosni Moubarak, qui n’interviendra pas cette fois. Le rôle de la police sera alors interprété par les membres des Frères musulmans qui seront la cible de toute cette violence », explique un homme habitant dans le sud du Caire, interrogé par le quotidien.

Pour ce 30 juin 2013, c’est un anniversaire marqué par le sang de nouveaux martyrs que veulent offrir les Egyptiens à celui à qui ils ne veulent pas sacrifier une seconde année.

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