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Le projet avait été dévoilé début janvier, après le rachat de Current TV, la chaîne d’Al Gore – ancien vice-président américain – par Al-Jazeera. Le groupe qatari avait alors annoncé le lancement prochain d’une « nouvelle chaîne d’information basée aux États-Unis et qui fournira des nouvelles intérieures et internationales pour le public américain ».
« Une couverture en profondeur »
« Nous savons que les Américains veulent une couverture en profondeur des sujets d’actualité qui comptent pour eux », a expliqué Ehab Al Shihabi, directeur général par intérim d’Al-Jazeera America à l’AFP. « Ils veulent plus de reportages impartiaux et moins de prises de position, c’est exactement ce que fait Al-Jazeera », a-t-il assuré.
Joie Chen, une ancienne journaliste de CNN et CBS, qui travaillera désormais pour Al-Jazeera America, a également indiqué à l’AFP avoir été attirée par la chaîne pour « la qualité du travail accompli » : « Nous voulons raconter les histoires qui ne sont pas suffisamment couvertes, nous voulons parler aux communautés qui ne sont pas assez suivies ».
Dans la cour des grands
Avec ses 14 heures de direct, auxquelles il faudra ajouter des documentaires, des débats et un bulletin télévisé toutes les heures, Al-Jazeera America se lance sur le sol américain, déjà bien occupé par les géants de l’information en continu comme CNN, Fox News ou MSNBC. Si la chaîne qatarie devra jouer des coudes avec ses concurrentes, elle espère bien faire la différence en proposant des formats longs et des reportages approfondis.
Al-Jazeera America ne diffusera cependant que six minutes de publicité par heure, contre quinze minutes pour la majorité des autres chaînes.
D’abord accessible à 40 millions de foyers américains, Al-Jazeera America compte s’étendre sur tout le territoire. En janvier dernier, elle justifiait sa politique d’expansion sur le continent américain en déclarant que « près de 40% de l’audience en ligne d’Al-Jazeera English provient des États-Unis » et que les téléspectateurs « ont prouvé clairement qu’ils apprécient » l’information fournie par la chaîne.
Doit faire ses preuves
Malgré son prestige sur la scène internationale et son financement garanti par la famille royale qatarie, Al-Jazeera se lance pourtant sur une terre inconnue, où la chaîne a déjà subi des remontrances.
Car la réputation d’Al jazeera a été entachée par la crainte de certains de voir s’installer dans le paysage audiovisuel américain une chaîne dont le rôle dans la radicalisation des musulmans à l’étranger est sujet à polémique. La diffusion, par le passé, de messages et vidéos du groupe terroriste Al Qaïda ou d’Oussama Ben Laden avaient été très critiqués.
D’autres observateurs ont également mis en garde contre la tentation du Qatar d’utiliser la chaîne pour étendre son influence sur la scène internationale.
Douze bureaux aux États-Unis
850 personnes ont été embauchées par la chaîne, dont plusieurs grands noms médiatiques qui espèrent renouveler le journalisme télévisuel américain. Ils travailleront dans douze bureaux aux États-Unis. Le siège d’Al-Jazeera America est situé à New York, près de Penn Station.