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Iran: l’Occident boude l’investiture d’Hassan Rohani

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La planète entière était invitée et pourtant, de nombreuses chaises seront vides ce samedi 3 août à Téhéran, à l’occasion de l’investiture du nouveau président Hassan Rohani. Il s’agissait pourtant d’un geste inédit en République islamique d’Iran. Mis à part les Etats-Unis et Israël, la totalité des pays occidentaux ont été priés d’assister à cette cérémonie, signe symbolique d’une ouverture historique vers le monde.

Les Européens n’enverront que des diplomates

A ce jour, les présidents afghan Hamid Karzaï, pakistanais Asif Ali Zardari et libanais Michel Sleiman seront présents ce jour, tout comme les alliés historiques de l’Iran, la Chine et la Russie. La Turquie, la Syrie et les pays du Golfe enverront des ministres tandis que l’Egypte enverra également une délégation. Les pays de l’Union européenne, qui ont tous décliné cette invitation, n’enverront que quelques diplomates.

« D’habitude, les pays voisins et ceux avec qui nous avons une proche amitié participent à cette cérémonie, mais nous avons lancé une invitation publique », a expliqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, lors d’une conférence de presse le 23 juillet dernier.

Les Britanniques n’enverront quant à eux aucun représentant sur place. Depuis l’attaque de l’ambassade du Royaume-Uni à Téhéran, en 2011, Londres a fermé sa représentation diplomatique sur place et aucun représentant n’est aujourd’hui présent sur place.

La souplesse à l’intérieur

L’Occident semble donc bouder ce nouveau président qui avait pourtant été accueilli favorablement au lendemain de sa victoire à l’élection présidentielle, le 14 juin dernier.

Les pays européens avaient alors salué la victoire de ce « modéré » dont la politique étrangère s’annonçait en rupture avec celle menée par l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad.

Depuis cette victoire, Hassan Rohani a d’ailleurs montré à plusieurs reprises qu’il serait ce président du changement pour les Iraniens.

En termes de politique intérieure, il a notamment déclaré que le gouvernement n’étendrait pas son pouvoir en « imposant des restrictions dans la vie des gens ou en intervenant dans la vie privée des personnes », mais en renforçant « leurs croyances et leur capital social ». C’est ainsi que lors d’un débat télévisé, durant la campagne électorale, il avait vivement critiqué l’action du gouvernement contre la possession par des particuliers d’antennes paraboliques, qualifiée selon lui de « violation de la vie privée des gens ».

Même discours en juillet, lorsque le nouveau président a lancé un appel aux 3 millions d’Iraniens exilés, les invitant à rentrer sans craindre des représailles du gouvernement.

L’ouverture à l’extérieur

Sur le plan extérieur, Hassan Rohani a pourtant tout fait jusqu’à présent pour se rapprocher de l’Occident après plusieurs années de relations diplomatiques compliquées sous le règne de Mahmoud Ahmadinejad.

Durant sa campagne électorale, le président élu a maintes fois rappelé sa volonté de tout faire pour adoucir les sanctions internationales qui pèsent lourdement contre l’Iran en se rapprochant des Etats-Unis et en assouplissant les négociations qui portent sur le programme nucléaire iranien.

Lors d’un rassemblement électoral, tenu en juin, Hassan Rohani avait notamment déclaré qu’il suivrait « la même voie que celle de Khatami et Rafsandjani ».

« Je n’approuve pas la politique étrangère actuelle du pays », avait-il affirmé. « Nous chercherons à avoir une bonne entente avec les pays étrangers pour réduire pas à pas les sanctions et les supprimer totalement ».

Des signes encourageants

Même discours quelques semaines plus tôt où, s’attaquant au président sortant Mahmoud Ahmadinejad, Hassan Rohani avait déclaré : « Ce gouvernement s’est moqué des sanctions […] alors qu’il aurait pu les éviter ou alléger leurs effets ».

De nombreux signes d’ouverture auxquels les Européens ne semblent pourtant pas être disposés à répondre.

A l’issue de cette cérémonie, le président iranien aura 15 jours pour former son futur cabinet ministériel qui sera ensuite soumis à l’approbation du Parlement iranien qui aura dix jours pour donner son avis sur les ministres choisis. Un gouvernement d’ouverture pourrait-il être la preuve supplémentaire qui rapprochera l’Occident de l’Iran ?

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