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Berlusconi, futur député européen en Estonie?

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Silvio Berlusconi veut renaître de ses cendres. Malgré sa condamnation à quatre ans de prison – dont trois ans amnistiés – l’ancien président du Conseil italien n’en a pas fini avec la politique. Mercredi, le Cavaliere s’est même confié dans une vidéo de 16 minutes, déclarant sur un ton mélodramatique : « Déchu ou pas, je serai toujours à vos côtés. On peut faire de la politique sans être au Parlement ».

Bruits de couloirs

Et si Berlusconi revenait effectivement en politique ? Après avoir annoncé qu’il comptait reformer son premier parti politique, Forza Italia, censé libérer le pays de « la dictature de la magistrature communiste », le Cavaliere risque d’être exclu du Sénat et proclamé inéligible, en application de la loi italienne Severino, suite à sa condamnation début août à un an de prison et à l’interdiction d’exercer tout mandat public.

Pourtant, selon le quotidien italien Il Messaggero, l’ancien président du Conseil serait peut-être en train de tramer un autre plan pour sa carrière politique. « Et si Silvio Berlusconi, même s’il est déchu du Sénat, se portait candidat en Europe ? » « En Europe ? Impossible ! Le Cavaliere est inéligible » « Non, pas aux élections européennes sur les listes italiennes, mais sur celles d’un autre des 27 pays européens où la loi Severino n’a aucune valeur juridique… ».

Ce dialogue, intercepté dans un couloir du palais Montecitorio – le siège de la Chambre des députés à Rome – et rapporté par le quotidien italien, avait pour protagonistes Aniello Formisano, chef du groupe parlementaire du Centro Democratico, et un responsable du PdL – le parti de Silvio Berlusconi – dont le journal préfère taire le nom.

Des précédents

Malgré son inéligibilité, l’idée de se présenter aux élections européennes ne semble pas si farfelue. Car si la loi italienne Severino, votée en 2012, interdit bien aux citoyens condamnés à plus de deux ans de prison de participer à des élections en Italie, elle ne leur interdit pas de se présenter aux européennes dans un autre pays de l’UE où cette loi ne s’applique pas.

Il Messaggero rappelle le cas d’un communiste italien, Giuletto Chiesa, ancien correspondant à Moscou reconverti dans la politique, qui s’était présenté en 2009 sur la liste lettone « Pour les droits humains dans une Lettonie unie », formation représentant la minorité russe lettonne. Giuletto Chiesa n’avait finalement pas été retenu, mais s’il l’avait été, son élection aurait été validée, explique le quotidien.

L’ancien député européen Victor Uspaskich, ex-ministre lituanien de l’Économie et riche homme d’affaires, avait de son côté obtenu un siège de député européen en 2009 – dont il est désormais déchu – afin d’obtenir l’immunité parlementaire et échapper ainsi à des poursuites judiciaires pour cause de fraude fiscale.

Ce que dit la loi

Selon les modalités d’élection au Parlement européen, « tout citoyen de l’Union résidant dans un État membre dont il n’est pas ressortissant a le droit de vote et d’éligibilité aux élections au Parlement européen dans l’État membre où il réside. »

En France par exemple, les citoyens européens peuvent participer aux élections au Parlement européen dans les mêmes conditions que les électeurs français, c’est-à-dire lorsqu’ils ont leur domicile réel en France et y résident de façon continue. « Les personnes qui justifient d’une résidence continue et effective depuis plus de six mois peuvent également s’inscrire sur les listes électorales », indique le ministère de l’Intérieur.

Mais pourquoi l’Estonie ?

Quant à savoir pourquoi le Cavaliere choisirait l’Estonie comme « terre d’accueil » pour obtenir un siège de député au Parlement européen, Il Messaggero rappelle qu’à Tallin, capitale estonienne, se trouve un certain Ernesto Preatoni. Cet homme d’affaires italien qui a bâti un véritable empire immobilier en Italie et en Égypte est aussi un grand ami de Silvio Berlusconi. « Lui procurer des voix serait alors un jeu d’enfants », indique le quotidien.

Mais pourquoi Berlusconi devrait-il s’échiner à se présenter ? Selon Aniello Formisano, « le bouclier de l’immunité parlementaire est très solide au Parlement européen, comme l’a montré le cas De Magistris [maire de Naples]. Quand il était député, il a utilisé ses prérogatives et son statut d’eurodéputé pour se défendre contre les actes d’accusation ». Un moyen, pour Berlusconi, de retarder – encore – l’exécution de sa peine.

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