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Bijoutier de Nice: la fachosphère et les tentatives de récupération

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Depuis mercredi 11 septembre, le bijoutier de Nice, accusé d’homicide volontaire pour avoir abattu un de ses braqueurs, est au centre de toutes les conversations. L’ouverture d’une page de soutien au bijoutier sur Facebook, « likée » par plus de 1,6 million d’internautes ce mercredi 18 septembre, cristallise notamment les débats autour de celui qui en est à l’origine. Son anonymat permet aux mouvances d’extrême-droite du Net d’en faire la promotion.  

Un phénomène au sein de la fachosphère ?

Le Huffington Post révèle qu’un des rares indices capables de relier l’extrême-droite à la page Facebook est le fait que le tout premier responsable politique à en avoir assuré la promotion est le leader du Bloc Identitaire, Fabrice Robert. Ce mouvement classé à l’extrême-droite de l’échiquier politique est très présent à Nice, notamment avec le mouvement Nissa Rebela.

Le fondateur de Linkinfluence, une société d’analyse du web social, Guilhem Fouetillou, interrogé par France Info, explique qu’il y a « de fortes chances que les personnes qui ont créé cette page soient, a minima sympathisants, ou aient un corpus idéologique qui soit assez proche d’une mouvance d’extrême-droite. Mais rien ne prouve déjà que cela vient du parti ou du haut du parti, et surtout rien n’est mis en avant pour légitimer le mouvement », cette page n’ayant pas besoin d’être approuvée par les cadres d’un parti politique, ajoute-t-il.

De plus, les contours de la fachosphère sont flous. Malgré une base clairement identifiée, le racisme et la xénophobie, le terme s’applique aussi bien à ceux  qui se photographient sur les réseaux sociaux en faisant la quennelle – geste inventé par Dieudonné -, qu’à des individus complotistes qui imaginent que le 11-septembre est un coup de la CIA ou du Mossad, explique Xavier de la Porte, producteur à France Culture sur la même radio. Il se peut donc que l’accord avec le Front National ou les Identitaires ne soit pas total. Inclure les milliers de personnes qui ont « liké » cette page aux confins de la fachosphère ne semble donc pas tout à fait incohérent. 

Communication habilement instrumentée ou simple récupération politique ?

Cela n’a pas empêché l’UMP et le FN d’instrumentaliser le dossier. Le Huffington Post, selon les statistiques sociales du site d’analyse Topsy, rappelle que les premiers soutiens au bijoutier de Nice venaient de la « team Michu« , un groupe de cybermilitants membres de l’UMP. De plus, Eric Ciotti, député UMP et président du conseil général des Alpes-Maritimes, et Christian Estrosi, député-maire UMP de Nice, ont affiché publiquement leur soutien au bijoutier de Nice lors de la manifestation de lundi 16 septembre.

Le Front National, en pleine université d’été, en a profité pour replacer les thèmes de l’insécurité et la délinquance au centre du débat. Et même si Marine Le Pen a préféré rester à l’écart de la mobilisation, elle a tout de de même fait du bijoutier « un symbole », « victime de l’exaspération, et peut-être du laxisme de l’Etat. » Bruno Gollnisch a même déclaré qu’il s’agissait « d’un geste civique de défendre sa personne et ses biens », selon Rue89. Et samedi soir, lorsque le père Le Pen a évoqué l’histoire du bijoutier, ses auditeurs ont applaudi, au point de se faire mal aux mains, le geste du commerçant. Des réactions qui ne sont pas sans rappeller celles que l’on peut lire en ligne sur la page Facebook de soutien.

Il semble néanmoins que tous les partis politiques, de droite comme de gauche, surpris par une telle mobilisation, se sentent dépassés et ne sachent pas réellement comment se positionner. 

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