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Comment Israël a interprété la dénonciation de l’Holocauste par l’Iran

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La journée de mardi 24 septembre a réservé de nombreuses surprises à l’Assemblée générale des Nations Unies. En ce premier jour de débat général, c’est le discours du nouveau président iranien qui était très attendu par ses homologues, tant par son contenu que par les réactions qu’il susciterait notamment chez Barack Obama.

Une dénonciation de l’Holocauste par l’iran

Alors que le dossier du nucléaire iranien, bloqué depuis de nombreux mois, semble être enfin en cours de normalisation et que les négociations qui devraient s’ouvrir sous peu s’annoncent sous le signe de la bonne volonté iranienne, c’est lors d’une déclaration du président iranien sur la chaîne CNN qu’Hassan Rohani a également surpris son auditoire par le ton radicalement différent de son discours au regard des habitudes qu’avaient prises son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad.

Alors que ce dernier était un habitué des sorties antisémites, antisionistes et négationnistes, Hassan Rohani a profité de cette interview sur la chaîne américaine pour reconnaître l’existence de l’Holocauste qu’il a même qualifié de « grand crime » des nazis contre les Juifs.

« De manière générale, je peux vous dire que tous les crimes commis contre l’humanité dans l’histoire, y compris ceux que les nazis ont commis contre les Juifs, sont répréhensibles et condamnables », a ainsi déclaré Hassan Rohani, selon une traduction transmise par CNN.

« Quel que soit le crime commis contre les juifs, nous le condamnons », a-t-il ajouté. « Prendre une vie est méprisable. Il n’y a aucune différence selon que cette vie est juive, chrétienne ou musulmane. Pour nous c’est la même chose », a-t-il encore ajouté, comme pour affirmer sa différence d’avec son prédécesseur afin de mettre un terme définitif aux reproches qui lui étaient fait jusqu’à présent, jugeant que le nouveau président « modéré » n’avait rien fait pour se démarquer de son prédécesseur sur ce sujet sensible.

Israël peu convaincu

Tout en affirmant néanmoins que rien ne pouvait justifier la destruction d’un Etat pour la création d’un autre, Hassan Rohani semble avoir fait un pas de géant pour normaliser le discours politique iranien.

Les réactions de l’Etat hébreu étaient alors vivement attendues, au lendemain de cette interview et de la première prestation du président de la République islamique à la tribune des Nations Unies.

Or il semble que pour les autorités israéliennes, le pas d’Hassan Rohani ne soit pas suffisant.

En effet, pour plusieurs membres du gouvernement israélien qui se sont exprimés sur le sujet mercredi 25 septembre, Hassan Rohani aurait dû aller encore plus loin et condamner fermement ses prédécesseurs.

« Il est vrai qu’il n’a pas nié la Shoah, mais il n’a pas condamné ceux qui nient la Shoah, comme son prédécesseur et d’autres dirigeants iraniens », a ainsi déclaré le ministre en charge des Relations internationales, Youval Steinitz, à la radio publique israélienne.

« Où en sommes-nous arrivés ? Il suffit de reconnaître que la Shoah a eu lieu pour passer pour un homme éclairé, cultivé et positif », a pour sa part déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères, Zeev Elkin sur la radio militaire. « Mais les dirigeants spirituels iraniens qui ont nié la Shoah sont toujours en place », a-t-il ajouté.

Boycott du discours iranien

Peu avant le discours du président iranien, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait ordonné à la délégation israélienne à l’ONU de ne pas être présent dans l’assemblée durant la prestation d’Hassan Rohani.

« Le Premier ministre a donné comme instruction à la délégation israélienne d’agir comme l’an dernier et ne pas être présente durant le discours du président iranien », pouvait-on lire sur le communiqué du bureau de Benjamin Netanyahu.

« Le Premier ministre estime que malgré l’offensive de charme du nouveau président iranien, la politique de son régime envers Israël n’a pas changé ».

« Lorsque les dirigeants iraniens cesseront de nier l’Holocauste contre le peuple juif, et cesseront d’appeler à la destruction de l’Etat juif et reconnaître le droit à l’existence d’Israël, la délégation israélienne assistera à leurs discours devant l’Assemblée générale », poursuivait encore le communiqué.

Par Sybille de Larocque

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