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Entre chiites et sunnites, c’est œil pour œil et dent pour dent en Irak

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Entre chiites et sunnites, c’est œil pour œil et dent pour dent en Irak. Dimanche 22 septembre, au moins douze personnes ont été tuées et 30 personnes ont été blessées au cours d’un attentat suicide survenu pendant des funérailles sunnites à Bagdad. La veille, ce sont des funérailles chiites qui avaient été la cible d’une attaque menée par des sunnites, faisant 73 morts et plus de 200 blessés.

Records de morts en 2013

Depuis le début de l’année, l’Irak a été le théâtre de près de 500 attentats à la voiture piégée. Cet été a vu battre des records en termes de morts dans ces attentats. 1 057 Irakiens sont morts au cours du mois de juillet tandis que 804 ont perdu la vie durant le mois d’août, alors que plus de 2 000 personnes auraient été blessées au cours de ce mois.

Depuis le début de l’année 2013, ce sont donc près de 5 000 civils qui ont été tués et 12 000 blessés, d’après un récent communiqué de la Mission d’assistance des Nations Unies en Irak (UNAMI).

Alors que le niveau de violence avait considérablement baissé depuis 2008, c’est le retrait des troupes américaines qui semble l’avoir relancée en Irak. Les violences politiques ne cessent d’augmenter et les tensions sectaires, dans un pays ou les sunnites sont minoritaires, semblent être à leur paroxysme et font planer sur l’Irak la menace d’une guerre civile.

Arabie Saoudite contre Iran

Dans le Moyen-Orient actuel, ces tensions qui se répercutent dans quasiment tous les pays sont exacerbées par la tension politique qui divise les deux géants que sont l’Arabie Saoudite sunnite et l’Iran chiite.

« C’est le croissant chiite (Téhéran-Bagdad-Damas et le sud du Liban) contre l’arc sunnite (majorité des pays arabo-musulmans) », explique le quotidien Metro Montréal.

« L’Iran, par exemple, cherche à exploiter les « printemps arabes » qui ont bourgeonné dans des pays majoritairement sunnites », indique encore le journal. « La carte géopolitique du Moyen-Orient est en train de se redéfinir à l’ombre de la rivalité millénaire entre les frères ennemis de l’islam. »<!–jolstore–>

Les victimes sont devenues bourreaux

Depuis que les chiites, opprimés durant le règne de Saddam Hussein, sont majoritaires dans le pays, les sunnites accusent le gouvernement et particulièrement le Premier ministre Nouri Al-Maliki de régner en maître et d’opprimer à son tour la minorité sunnite.

« Les sunnites accusent le Premier ministre d’autoritarisme et de monopoliser le pouvoir », expliquait cet été Karim Pakzad, spécialiste de la question à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) à BFM TV. « Nouri al-Maliki, en place depuis 2006, est à la fois Premier ministre, ministre de la Défense, de l’Intérieur et de la Sécurité nationale. »

Victimes et bourreaux, les sunnites comme les chiites semblent être les acteurs de la grande croisade de l’islam du XXIe siècle. Cette croisade qui n’oppose pas des religions mais divise les religions entre elles. Car dans le monde arabo-musulman, l’islam n’est pas indivisible.

« Les chiites et les sunnites sont issus de groupes qui, après la mort de prophète Muhammad, ne se sont pas accordés sur sa succession », explique Sabrina Mervin, chercheuse au CNRS et spécialiste de la question chiite. « Très schématiquement, pour les chiites, elle revient de droit aux imams, divinement désignés parmi les descendants du prophète par sa fille Fâtima et son cousin Ali. Alors que ceux qui allaient devenir les sunnites ont élu des califes parmi les compagnons du prophète. »

Les chiites attendent l’imam Mahdi

C’est en 632 que se produit ce schisme, à la mort du prophète Mahomet. Les controverses sur la succession de ce dernier conduira ensuite à des problématiques théologiques qui perdurent jusqu’à nos jours.

« Il en résulte des doctrines différentes sur l’autorité : ainsi, l’imamat fait partie des fondements de la religion chez les chiites qui vouent amour et dévotion aux imams et à la famille du prophète », explique Sabrina Mervin.

Dans le monde chiite, douze imams sont reconnus infaillibles quant à leur interprétation du Coran. Onze d’entre eux ont déjà existé tandis que le dernier, l’imam Mahdi, devra revenir à la fin des temps afin de juger les hommes.

Divergences hiérarchiques

Ces divergences de fond ont bien sûr des incidences au quotidien. Les sunnites considèrent que le Coran est une création divine tandis que les chiites l’interprètent comme une œuvre humaine.

Les sunnites possèdent également la « sunna » comme livre de référence. Ce livre retranscrit la vie du prophète sous forme de préceptes à respecter dans la vie d’un musulman.

Le sunnisme diverge également du chiisme dans la hiérarchie religieuse. Les sunnites n’accordent aucune importance à la séparation du politique et du religieux et un chef d’Etat peut donc être le chef des croyants. Chez les chiites, le commandeur des croyants est un personnage totalement dissocié du monde civil et politique. En Iran, pays qui regroupe la majorité des chiites du monde arabo-musulman, le chef d’Etat Hassan Rohani est totalement indépendant des ayatollahs, tandis qu’au Maroc, pays sunnite, le roi Mohammed VI est également le chef religieux.

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