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Les Etats-Unis et l’Iran prêts à rompre 33 ans de silence diplomatique?

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Si cette réunion a bien lieu, cela fera 33 ans que les deux pays ne se sont pas officiellement rencontrés. Le président iranien récemment élu, Hassan Rohani, s’apprêterait à rencontrer son homologue américain Barack Obama en marge de la session ordinaire de l’Assemblée  générale des Nations Unies.

Une rencontre à New York ?

Il y a encore quelques mois, voire quelques semaines, cette rencontre aurait paru incongrue au président Obama, et pourtant, force est de constater que le président Rohani, après de multiples gestes d’ouverture, pourrait revenir dans les petits papiers de la communauté internationale.

Méfiants envers ce président jugé « modéré » par rapport à son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad, les Etats-Unis n’avaient jusqu’à présent porté qu’une très faible attention à Hassan Rohani. Mais depuis quelques jours, ce comportement de défiance semble évoluer, comme l’indiquent d’une part la première d’une longue série d’interviews que le président de la République islamique a accordées à la chaîne américaine NBC, mais aussi la libération par l’Iran, mercredi 18 septembre, de onze prisonniers parmi lesquels figure la célèbre avocate Nasrin Sotoudeh.

Les deux présidents ont échangé des lettres

Durant cette première interview inédite aux médias américains, le président Rohani affirme avoir reçu une lettre du président Obama au lendemain de son élection, le félicitant pour son accession à la tête de la République islamique.

Dans cette même lettre, Barack Obama évoquerait également « d’autres sujets », selon les termes d’Hassan Rohani qui affirme que cette lettre était rédigée d’un ton « positif et constructif. »

« J’ai répondu à cette lettre. Je l’ai remercié et j’ai exprimé le point de vue de la République islamique d’Iran », indique encore Hassan Rohani qui ajoute qu’il « pourrait s’agir de petits pas subtils vers quelque chose d’important. »

Hassan Rohani confirme que l’Iran ne cherche pas l’arme nucléaire

Sur le dossier nucléaire notamment, le président iranien a affirmé une nouvelle fois que les volontés de son pays ne sont pas belliqueuses et a confirmé, en revanche, le projet nucléaire civil de la République islamique, projet auquel la communauté internationale ne veut pas croire.

« Dans aucune circonstance nous ne cherchons à obtenir des armes de destruction massive », insiste-t-il. « Nous n’avons jamais cherché à obtenir une bombe nucléaire et nous n’avons pas l’intention de le faire. »

Autre sujet de méfiance des pays occidentaux concernant le dossier nucléaire : l’évaluation du vrai pouvoir du président, dans un pays où le guide suprême, l’ayatollah Khamenei, dirige quasiment tous les organes du pays en sous-main.

Selon Hassan Rohani, le gouvernement iranien qu’il dirige disposerait bien de « tous les pouvoirs » et d’une « autorité complète » sur les projets nucléaires iraniens.

« Une chance pour la diplomatie »

Le ton de la communauté internationale change, les différents messages envoyés par la Maison Blanche en témoignent. Mercredi 18 septembre, alors qu’il était interrogé par la chaîne Telemundo, le président américain a affirmé qu’une nouvelle ère pourrait s’ouvrir entre l’Iran et les Etats-Unis.

« Il y a là une chance pour la diplomatie. J’espère que les Iraniens la saisiront », a-t-il déclaré.

En quelques semaines, la volonté d’ouverture américaine semble avoir largement évolué. Au mois d’août, alors que le président Rohani avait été élu deux mois plus tôt et qu’il s’apprêtait à être investi à la tête de la République islamique, l’Occident avait largement et unanimement boudé la cérémonie qui devait faire de lui le successeur officiel de Mahmoud Ahmadinejad.

Seuls les pays voisins de l’Iran et quelques Etats amis tels que la Russie, la Chine ou encore les pays du Golfe avaient fait le déplacement jusqu’à Téhéran.

Les pays de l’Union européenne, qui avaient tous décliné l’invitation, n’ont envoyé que quelques diplomates.

Comment Américains et Iraniens ont mis fin à leurs relations

De tout temps, les Etats-Unis et l’Iran ont entretenu des relations diplomatiques en dents de scie, marquées par une forme de désintérêt cordial jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Mais à partir des années 50, les Etats-Unis se rapprochent de l’Iran, affirmant leur soutien au Shah qui mène de son côté une politique d’occidentalisation de son pays.

Or durant la révolution de 1979, le Shah ne reçoit aucun soutien des Etats-Unis et rapidement, il est destitué et remplacé par l’ayatollah Khomeini qui transforme l’Iran en République islamique.

Fin 1989 survient la crise des otages en Iran. Le 4 novembre, des étudiants iraniens, avec le soutien de l’ayatollah, envahissent l’ambassade des Etats-Unis et prennent 52 Américains en otages. Ces derniers resteront captifs durant 444 jours. Cet épisode signa la fin des relations diplomatiques entre les deux pays, officialisée le 7 avril 1980.

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