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Occupy Wall Street: que reste-t-il du mouvement deux ans après?

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En septembre 2011, le mouvement Occupy naissait dans les rues de New York. S’inspirant des révoltes tunisiennes et égyptiennes, mais aussi du mouvement horizontal des Indignés, en Europe, Occupy rassemble rapidement des centaines d’activistes et s’étend dans plusieurs villes du monde.

Pendant des semaines, le mouvement fait la une des médias qui véhiculent les images des manifestants scandant le fameux slogan : « Nous sommes les 99 % », ainsi que les images des sit-in dans le parc Zucotti, en face de Wall Street, le quartier de la Bourse à New-York.

« Nous sommes les 99 % »

Le 17 septembre dernier, deux ans jour pour jour après la naissance d’Occupy, plusieurs centaines de personnes se sont réunies pour commémorer cet anniversaire, espérant raviver le mouvement : « Vous ne pourrez pas nous arrêter, un autre monde est possible ! » ; « Trop de dollars dans seulement quelques mains », ont clamé les activistes.

« Occupy comme mouvement national, visible et organisé a incontestablement disparu corps et âmes. On en a vu resurgir quelques déclinaisons ici ou là et la revue Adbusters continue à militer » explique à JOL Press Sylvie Laurent, chercheur à Harvard, et auteure du livre Homérique Amérique.

« Je pense que les gens conservent en eux une part de contestation vis à vis d’un système économique qu’ils croyaient sain et éthique. « Occupy » a mis le doigt sur une question de fond et même si le pays ne veut pas encore l’accepter, je pense que l’on comprendra les effets de fonds de la mobilisation, en particulier dans la jeunesse. Un vrai progressisme s’exprimera d’une façon ou d’une autre aux Etats-Unis » poursuit-elle.

De notre côté de l’Altlantique, les activistes d’Occupy France tentent tant bien que mal de maintenir la flamme d’un mouvement qui s’essoufle. Entretien avec l’un des activistes.

JOL Press : Que reste-t-il du mouvement Occupy, deux ans après?
 

Occupy France : Occupy Wall Street existe toujours. Même sans occuper des places, les activistes organisent des actions à longueur d’année sur les thèmes de la finance, des libertés publiques, de l’écologie, des mouvements anti-guerre et anti bavures policières, selon les villes.

Occupy a été un ballon d’oxygène tout comme le 15M en Espagne [le mouvement des Indignés, ndlr] et autres mouvements populaires tournés vers l’avenir, très rigoureux et modernes dans leurs formes d’action et de communication. Pouvoir s’informer, réfléchir, agir, sans le carcan des partis, syndicats – tous les acteurs officiels de la vie sociale – sans être manipulés, étaient des choses impossibles : aujourd’hui, oui. C’est l’immense changement qui s’est produit en 2011.

JOL Press : Quel a été l’impact du mouvement américain « Occupy » ?
 

Occupy France : Occupy a rendu la rue aux gens. Aux Etats-Unis, manifester n’était pas une mince affaire… Les manifestants n’ont pas besoin de déclarer leur action à l’avance contrairement à la France, par contre les policiers peuvent vous faire circuler comme bon leur semble et vous arrêter sous n’importe quel prétexte. La machine politique des deux « partis frères » est encore bien huilée, mais les mouvements d’opinion type Occupy peuvent influer sur les votes de loi, ou bien participer à une prise de conscience chez l’électeur bien lobotomisé par les média dominants.

JOL Press : En France, le mouvement continue-t-il de mener des actions ? Comment pourra-t-il évoluer ?
 

Occupy France : En France, Occupy Clermond-Ferrand est encore actif, même très actif. II n’y a pas d’autres Occupy à notre connaissance, les activistes sont plutôt regroupés sous le nom d’Indignés. Ici, on se contente d’échanger des informations pour entretenir la flamme. On ne peut pas présumer de l’avenir, mais je ne vois pas le mouvement jouer un rôle particulier en France.

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