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Quand Jeux Olympiques riment avec tension politique

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Événement planétaire par excellence, véritable « vitrine médiatique », les Jeux Olympiques sont l’occasion de faire entendre un certain nombre de revendications. Les JO de Sotchi, qui auront lieu en février 2014 dans la station thermale russe, n’ont pas dérogé à la règle.

Le 7 août dernier, un certain nombre d’ONG et de militants de la cause homosexuelle déposaient une pétition appelant le Comité international olympique (CIO) à priver Sotchi de ses Jeux suite à la loi anti-gays adoptée par le Kremlin.

« Plus la Russie est forte, et plus cela déplaît à certains »

Mais pour le ministre russe des Sports, Vitali Moutko, « il n’y a aucune raison de craindre les appels au boycott des Jeux Olympiques. » « Toutes les personnes sensées comprennent que l’ingérence de la politique dans le sport est inadmissible », a-t-il ajouté. « Plus la Russie est forte, et plus cela déplaît à certains. Nous sommes tout simplement un pays unique », déclarait-il à l’agence Interfax en août dernier.

« La charte olympique prévoit que toute ségrégation soit parfaitement interdite, que ce soit raciale, de religion, de couleur ou autre sur le territoire olympique, et donc ce sera le cas, nous en sommes persuadés », a pour sa part rappelé Jean-Claude Killy, président de la commission de coordination des Jeux de Sotchi, déclarant que le CIO n’avait « pas vocation à discuter des lois dans les pays dans lesquels les Jeux Olympiques » étaient organisés. « À partir du moment où la charte olympique est respectée, nous sommes satisfaits et c’est le cas. »

JO et politique n’ont jamais fait bon ménage. Dès les premiers Jeux Olympiques modernes en 1896, la Turquie refusait de participer, à cause des tensions avec la Grèce. Durant le XXe siècle, les différentes éditions des Jeux seront une succession de boycotts, scandales, attentats et images coup de poing.

1936 à Berlin : des Jeux en plein nazisme

Les Jeux de Berlin en 1936 sont l’occasion pour Adolf Hitler, à la tête de la chancellerie allemande depuis trois ans, de faire la promotion de son idéologie nazie.

Plusieurs pays avaient demandé le boycottage de ces Jeux, qui se déroulent dans une atmosphère d’antisémitisme croissant : défilés des jeunesses hitlériennes, discours de glorification de la race aryenne et vaste propagande nazie. Une image reste cependant gravée dans les mémoires : celle de Jesse Owens, athlète noir qui remporte le 100 m, le 200 m, le saut en longueur et le 4 x 100 m.

1956 à Melbourne : water-polo sanglant

Crise du Canal de Suez, conflit entre l’Egypte et Israël, guerre en Algérie, invasion de la Hongrie par les Soviétiques… C’est dans un contexte politique chargé que se tiennent les Jeux Olympiques de Melbourne en 1956.

Le 6 décembre 1956, alors que la Russie et la Hongrie se disputent la demi-finale de water-polo, le Soviétique Valentin Prokopov donne un coup de tête au Hongrois Ervin Zador. Les deux équipes en viennent aux mains. Plusieurs joueurs sont blessés dans la piscine olympique qui se teinte de sang… La police australienne finit par intervenir pour éviter le lynchage des Soviétiques par les spectateurs.

1968 à Mexico : le poing levé des Black Panthers

Si le monde a retenu une image des Jeux de Mexico, c’est bien celle des Black Panthers Tommie Smith et John Carlos, arrivés premier et troisième sur le podium du 200 m, le 17 octobre 1968.

Protestant contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis, ils lèvent leur poing ganté de noir lors de la remise des médailles. Un geste lourd de sens mais également de conséquences, puisqu’ils seront expulsés des Jeux Olympiques par le CIO.

1972 à Munich : massacre anti-israélien

Quatre ans après Mexico, les Jeux Olympiques de Munich finissent tragiquement. Un commando de huit Palestiniens de l’organisation Septembre noir prennent en otage et assassinent onze membres de l’équipe olympique israélienne.

Après l’arrivée des forces de l’ordre allemandes et l’échange de nombreux coups de feu, le massacre se solde par la mort de cinq des huit terroristes et d’un policier ouest-allemand.

1980 à Moscou : boycott contre l’URSS

L’invasion de l’Afghanistan par l’URSS en 1979 provoque le boycott des Jeux Olympiques par les Etats-Unis. En pleine guerre froide, le président américain Jimmy Carter adresse cet ultimatum à Moscou : « Si dans un mois au plus tard vos troupes n’ont pas évacué l’Afghanistan, l’équipe olympique américaine n’ira pas à Moscou et nous demanderons aux autres pays de s’abstenir aussi.»

Le Japon, le Canada, l’Allemagne de l’Ouest, la Corée du Sud, font partie de la longue liste de pays boycottant les Jeux cette année-là. 80 nations prirent part aux épreuves.

1984 à Los Angeles : la revanche

Quatre ans après les JO de Moscou, les Etats soviétiques, sauf la Roumanie et la Yougoslavie, prennent leur revanche et boycottent à leur tour les Jeux de Los Angeles aux Etats-Unis.

Les années 1990 et 2000 marquent un certain retour au calme, facilité par la chute du mur de Berlin en 1989. Ce qui n’empêchera pas les régulières condamnations et manifestations en marge des Jeux Olympiques.

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Et ça continue…

Les Jeux d’Atlanta en 1996 furent marqués par des problèmes d’organisation liés notamment à la communication et au transport des athlètes et des spectateurs. L’événement sportif fut également entaché par un attentat au cœur du parc du Centenaire, faisant deux morts et une centaine de blessés.

En 2002, un an après les 11 septembre, c’est la politique ultra-sécuritaire de George W. Bush qui est critiquée lors des Jeux d’hiver à Salt Lake City.

Plus récemment, en 2008, le choix de Pékin pour accueillir les Jeux fut également contesté, notamment par des organisations non gouvernementales qui condamnaient les atteintes aux droits de l’homme et la censure dans l’Empire du milieu.

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