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Qui est Mahmoud Abbas pour les Palestiniens?

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Il est en fonction depuis maintenant huit ans à la tête de l’Autorité palestinienne. Mahmoud Abbas a repris le chemin des négociations de paix avec Israël, à la fin du mois de juillet et, durant ces prochains mois, mettra toute sa bonne volonté à trouver le chemin de cette paix tant espérée, sous la houlette du secrétaire d’Etat américain John Kerry, lui aussi déterminé à faire de sa priorité numéro 1, la résolution du dossier israélo-palestinien, un succès.

Qu’en est-il aujourd’hui de la Palestine ?

Deux ans après son discours historique devant l’Assemblée générale des Nations Unies, durant lequel il a déposé une demande officielle de reconnaissance d’un Etat palestinien « sur les bases des lignes du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale », la situation semble avoir évolué. Désormais membre observateur des Nations Unies, l’Autorité palestinienne est entrée dans la cour des Etats du monde.

Que se passe-t-il désormais ? Mahmoud Abbas à la barre, la Palestine s’engage sur le terrain des négociations. Et à ce jeu-là, il ne semble pas exister meilleur élève que le président de l’Autorité palestinienne. Calme et placide, Mahmoud Abbas sait manier la concession. C’est ainsi que malgré les nouveaux plans de construction de colonies dans Jérusalem-Est, votés en plein milieu de l’été, Mahmoud Abbas n’a pas reculé et s’est montré déterminé à poursuivre la discussion avec l’Etat hébreu.

Pas même la mort de trois palestiniens à la suite d’une attaque israélienne dans un camp de réfugiés au nord de Jérusalem, le 26 août dernier, n’a altéré son entrain et sa détermination.

Les Palestiniens ne comprennent plus Mahmoud Abbas

Qu’en est-il alors des Palestiniens ? Après six décennies de guerre, trois ans de gel des négociations, comment perçoivent-ils cette nouvelle tentative de paix et les efforts de Mahmoud Abbas ?

L’avis est alors plus que mitigé. C‘est notamment cette attaque au nord de Jérusalem qui aurait pu mettre le feu aux poudres chez les Palestiniens les plus virulents. Nombreux sont ceux à avoir imaginé la réaction de l’Etat hébreu en pareille circonstance.

« La délégation israélienne reprendrait-elle alors les pourparlers au milieu de poignées de main et de sourires ? ». C’est la question que s’est également posé Ramzy Baroud, journaliste et directeur du site PalestineChronicle.com.

« La réponse est un non évident. […] Certes, la Palestine est un pays occupé, et sa direction est en bien plus faible position que son homologue israélien, mais si les négociations existent dans des circonstances aussi humiliantes, Abbas et son négociateur en chef Saeb Erekat peuvent-ils raisonnablement s’attendre à un résultat équitable dans ces pourparlers ? », s’interroge encore le journaliste.

Le « modéré de service »

Homme de concessions, Mahmoud Abbas est en perte de vitesse constante dans l’opinion publique. Les concessions ne sont pas du goût des Palestiniens habitués à la guerre et les récents propos du chef de l’Autorité palestinienne, rapportés par le quotidien The Guardian le 23 août dernier ne viennent que confirmer ce que beaucoup craignaient. Mahmoud Abbas n’est sans doute plus un homme de combat.

« Les Palestiniens abandonneront leurs revendications historiques sur les terres qui sont maintenant dans l’état d’Israël, en cas d’un accord de paix global », avait-il déclaré alors lors d’une entrevue à la télévision israélienne.

Pour Ramzy Baroud, Mahmoud Abbas remplit « pour le compte des Etats-Unis, le rôle du ‘modéré’ de service […] prêt à liquider les droits de son peuple, pourtant reconnus internationalement, tout en s’attendant à un accord ‘juste’ qui ouvrirait la voie à ‘une fin du conflit’ ».

Des termes durs qui semblent pourtant trouver écho auprès de la population palestinienne, lassée de trop de compromis.

Une stratégie bien définie ?

Pourtant, en homme de compromis qu’il est, Mahmoud Abbas aurait-il trouvé le seul moyen de parvenir à une fin de conflit ? En se plaçant sous l’égide américaine, l’Autorité palestinienne s’accorde les bonnes grâces du secrétaire d’Etat John Kerry.

L’objectif de tous les acteurs du dossier israélo-palestinien est bien entendu de parvenir, à terme, à la création de deux Etats indépendants et souverains. Pourtant, tous les observateurs sont d’accord, cette idée n’est aujourd’hui qu’un doux rêve bercé par les ambitions occidentales. John Kerry lui-même a récemment affirmé qu’une fenêtre était actuellement ouverte pour mener à bien ce processus de paix, et que cette fenêtre se refermerait définitivement d’ici deux ans.

Qu’en sera-t-il alors de la Palestine ? Mahmoud Abbas en a sans doute conscience, une simple autonomie fixée dans un statut particulier régenté par Israël sera peut-être la clé de tout ce processus. Quelle stratégie alors pour Mahmoud Abbas ? Peut-être amadouer pour mieux négocier par la suite.

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