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Référendum 2014: un Royaume-Uni sans l’Ecosse?

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« Souhaitez-vous que l’Ecosse devienne un pays indépendant ? ». Et quitte ainsi le Royaume-Uni qu’elle forme avec l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord. Voici la question à laquelle les Ecossais devront répondre le 18 septembre 2014, sept siècles exactement après la victoire de l’armée écossaise menée par le roi Robert the Bruce sur les Anglais, à la bataille de Bannockburn – la première guerre d’indépendance écossaise, en 1314.

Une indépendance considérée par les Ecossais comme « risquée »

A ce jour, les sondages prédisent qu’environ un tiers des Ecossais se disent prêts à voter pour l’indépendance. Un chiffre qui reste étonnamment constant depuis une vingtaine d’années selon Michael Keating, professeur de politique écossaise à l’université d’Aberdeen, troisième ville d’Ecosse.  La majorité du peuple écossais souhaite en effet conserver la mainmise sur leurs propres affaires, mais tout en restant dans le giron du Royaume-Uni.

« Il y a eu très peu de changement, même depuis le début de la campagne », car l’indépendance est perçue comme « risquée » explique-t-il à l’AFP nous indique le journal Libération. Risquée car le pays, en plus d’être plombé par la crise financière de 2008, voit ses ressources pétrolières décliner. Par ailleurs, ne plus faire partie du Royaume-Uni signifierait que l’Ecosse perdrait de son influence aux Nations-Unies, là où le Royaume-Uni est membre permanent du Conseil de sécurité.

Nathalie Duclos, spécialiste de la politique écossaise et maître de conférences à l’Université Toulouse 2 – Le Mirail indique à ce propos à l’AFP « qu’à moins d’une droitisation du gouvernement à Londres ou d’un effondrement économique du Royaume-Uni », Alex Salmond, le Premier ministre écossais et chef du Parti national écossais (SNP), ne recueillera pas les 50 % des voix nécessaires.

« Un saut dans l’inconnu » pour David Cameron

Le Premier ministre britannique David Cameron a été contraint – non sans peine -, au nom de la démocratie, d’avaliser la tenue de ce scrutin sous la pression de son homologue écossais, Alex Salmond, dont le Parti national ecossais (SNP) détient la majorité absolue au parlement régional depuis 2011.

Il a néanmoins mis en garde les Ecossais ce dimanche 15 septembre contre « ce saut dans l’inconnu ». Pour sa part, il espère « vraiment que l’Ecosse décidera de rester au sein du Royaume-Uni ». Il ne sera en effet pas évident pour David Cameron de négocier l’indépendance d’un pays abritant les bases nucléaires de Faslane et de Coulport ainsi que des réserves pétrolières représentant 10,5 milliards d’euros pour l’année 2010-2011.

Le retrait de l’Ecosse du Royaume-Uni aurait également des conséquences majeures sur l’appellation des autres pays du Sud du Royaume-Uni, soit la Grande-Bretagne – l’Angleterre et le Pays de Galles – affirme le journal américain The New York Times. « Quel nom devraient alors prendre les pays du Sud ? Le Royaume-Uni d’Angleterre et du Pays de Galles ? Ou simplement l’Angleterre ? Ou bien devraient-ils adopter la détestable appellation que proposent les politologues : “le reste du Royaume-Uni ? ».

Une pente glissante vers l’indépendance très ancienne

Le SNP essaie de rendre l’idée de l’indépendance moins inquiétante en expliquant « qu’en cas de divorce, les Ecossais garderont la livre sterling, la monarchie et continueront à être membre de l’UE et de l’OTAN ». Le Premier ministre écossais Alex Salmond réclame d’ailleurs seulement « une indépendance light – allégée », où « l’union sociale », à la fois commerciale et familiale, entre les Anglais et les Ecossais reste intacte.

Et pourtant les origines historiques de cette crise remontent à très loin. Alors qu’en 1707, l’Ecosse est frappée par la misère et est au bord de la banqueroute, elle a accepté de signer un « acte d’union » aux termes duquel elle pourrait accéder aux marchés anglais et aux immenses possibilités offertes par l’Empire, contre son renoncement à l’indépendance. Néanmoins, comme l’explique l’article du New York Times, ce traité n’a pas du tout été perçu de la même manière par les deux parties. Alors que les Anglais considèrent cette union comme irréversible, les Ecossais n’y voyait qu’un accord, susceptible d’être modifié, voire révoqué, d’un commun accord. Et l’idée qu’un jour l’Ecosse était une nation indépendante reste profondément ancrée chez les Ecossais.

Et c’est au XXe siècle alors marqué par le jeudi noir de 1929, par la Seconde Guerre mondiale, par le déclin des industries écossaises ainsi que par l’effondrement de l’Empire britannique, qu’un sentiment nationaliste resurgit des consciences écossaises. En 1998, ils obtinrent donc « la dévolution ». Alors que l’éducation, la santé et les transports, considérés comme les affaires intérieures de l’Ecosse, sont confiés à un Parlement et à un exécutif élus, les affaires étrangères, la protection sociale et la fiscalité restent sous la mainmise londonienne. Reste à savoir pour combien de temps…

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