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Toujours plus près de l’UE, l’Ukraine inquiète la Russie

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Le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne a pris un nouveau tournant cette semaine. Le forum « Stratégie européenne de Yalta » qui s’est tenu dans la ville ukrainienne du 19 au 22 septembre a en effet permis à l’ex-république soviétique de réaffirmer sa volonté de signer un accord d’association avec l’UE. Mais les ambitions européennes de l’Ukraine sont loin de ravir la Russie.

Une affaire de semaines

« L’Ukraine n’a jamais été aussi proche de rentrer dans l’Union européenne », a déclaré samedi Alexander Kwaśniewski, président du forum de Yalta et ancien président polonais. « Nous ne parlons plus d’un an, deux ans ou dix ans jusqu’à ce que nous signions cet accord, nous parlons de jours ou de semaines. Le Sommet de Vilnius aura lieu dans moins de deux mois et vous pourrez enfin profiter de la possibilité d’être associés à l’Union européenne. Cela signifie que les deux parties auront de lourdes responsabilités », a-t-il tenu à préciser.

A. Kwaśniewski a également rappelé que les conditions fixées par l’Union européenne pour l’entrée de l’Ukraine dans l’Europe des 28 – la réforme de la justice et la réforme de la législation électorale – devaient être respectées et sans attendre : « N’attendez pas quelque chose de nouveau. N’attendez pas de meilleurs moments ou considérations. L’UE n’est peut-être pas la meilleure organisation du monde. Mais elle est pragmatique et sérieuse. Et quand on fixe des exigences, elles doivent être respectées. »

Dernier pas avant l’adhésion ?

La Lituanie, qui assure en ce moment la présidence de l’Union européenne, a également déclaré lundi que les représentants des États membres avaient conclu que l’accord serait appliqué sans plus attendre. Cette « application provisoire » devrait pousser l’Ukraine à poursuivre activement les réformes structurelles qui lui permettront d’adhérer à l’UE.

L’accord commercial, dont la signature a reçu l’aval du gouvernement ukrainien la semaine dernière, devrait donc être signé en novembre prochain lors du sommet du Partenariat oriental de Vilnius, en Lituanie, marquant une avancée de plus vers la conclusion de l’adhésion ukrainienne.

La fin de la suprématie russe ?

Mais devant la possibilité d’un tel accord, la Russie a fait entendre son mécontentement. Car en cas de signature, l’Ukraine ouvrirait son marché aux membres de l’Union européenne et les barrières douanières et quotas seraient progressivement supprimés. La Russie craint ainsi une « invasion » de produits européens sur le marché intérieur ukrainien et la fin de la « suprématie » russe.

En 2010, afin de créer une alliance économique similaire à l’Union européenne entre les pays de l’ex-URSS, la Russie avait en effet lancé une Union douanière avec la Biélorussie et le Kazakhstan, permettant la libre circulation des marchandises entre les trois pays. L’Ukraine, qui n’est que membre observateur au sein de cette Union, aurait dû, selon la volonté russe, intégrer l’Union douanière. Mais l’appel du pied de l’UE a eu raison des tentatives de la Russie de détourner l’Ukraine de ses ambitions européennes.

Pourtant, le Premier ministre ukrainien Mykola Azarov a estimé que l’Ukraine continuait à « chercher ce modèle [de relations avec l’Union douanière] », qui ne doit cependant pas « empêcher la coopération entre l’Ukraine et l’Union européenne et ne doit pas créer de problèmes, mais au contraire contribuer à les résoudre. »

La Russie fait pression

Moscou a d’ores et déjà indiqué qu’il mettrait un frein aux « privilèges » commerciaux accordés à l’Ukraine si les accords avec l’UE sont conclus. Le conseiller du président russe, Sergey Glazyev, a ainsi précisé sur Euronews que « la barrière commerciale avec la Russie serait [alors] difficile à franchir. Les fabricants ukrainiens perdraient les marchés russe, biélorusse et kazakh. La coopération entre les infrastructures serait également sérieusement mise à mal. Mettre en place des taxes d’importation signifierait la fin de la coopération dans plusieurs branches de l’économie. »

Le Premier ministre ukrainien a répliqué en déclarant que son pays était « habitué à ces attaques », mais qu’elles ne « faisaient pas peur » à l’Ukraine. « Évidemment, nous travaillons à différentes options sur la façon de gérer la situation et bien sûr nous espérons avoir le soutien de l’Union européenne », a précisé le chef du gouvernement ukrainien.

Le cas Timochenko, principal point de blocage

Du côté européen, les pressions russes ont été qualifiées « d’inacceptables ». Mais Bruxelles a également tenu à rappeler que l’UE signerait l’accord avec l’Ukraine seulement si Kiev s’engageait à respecter les conditions exigées, notamment en matière de droits de l’homme.

Car l’ex-Première ministre ukrainienne, Loulia Timochenko, incarcérée depuis deux ans, purge une peine de sept ans de prison pour « abus de pouvoir ». Une condamnation contestée par l’Union européenne qui juge cette incarcération purement politique. « Le cas Timochenko est le véritable point de blocage, car sur le plan des réformes législatives exigées par l’UE, les avancées sont rapides et consensuelles entre les députés de la majorité et de l’opposition », a déclaré Hervé Maurey, sénateur UDI et président du groupe interparlementaire d’amitié France-Ukraine, à Euractiv.

L’Ukraine doit maintenant redoubler d’efforts avant le sommet de Vilnius qui aura lieu les 28 et 29 novembre prochains, et qui devrait permettre la signature de l’accord avec l’Union européenne. Celle-ci devrait également finaliser les négociations sur les accords d’association avec la Moldavie, la Géorgie et l’Arménie.

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