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Turquie: une campagne de soutien pour le pianiste turc Fazil Say

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«Demain, je continuerai à vivre et à produire. En continuant de vivre demain, en continuant de penser demain en homme libre, je produirai des œuvres encore meilleures.» C’est en 140 caractères, sur Twitter, que le pianiste turc Fazil Say, accusé d’insulte à l’islam, s’est exprimé à l’issue de son jugement, vendredi 20 septembre.

Insulte à l’islam

Pour avoir clamé ouvertement son athéisme et posté des messages jugés insultants envers les musulmans sur son compte Twitter, l’artiste de renommée internationale a été condamné à dix mois de prison avec sursis.  «Je ne sais pas si vous vous en êtes aperçu, mais s’il y a un pou, un médiocre, un magasinier, un voleur, un bouffon, c’est toujours un islamiste », avait-t-il écrit,  en avril 2012 sur la plateforme de microblogage, déclenchant la colère de l’AKP,  le parti islamo-conservateur au pouvoir. Mais les tensions entre le militant de la laïcité et le gouvernement turc ne datent pas d’hier.

Tensions entre le pianiste et l’AKP

 Celui que le Figaro décrit comme l’un des « grands artistes du XXIe siècle »  – il a  joué avec les orchestres philharmoniques de New York,  d’Israël, mais aussi de la BBC – a vu plusieurs de ses œuvres censurées par les autorités turques. Parmi elles : un oratorio sur Metin Altıok, un poète tué lors du massacre de Sivas, le 2 juillet 1993, lorsque des islamistes radicaux avaient mis le feu à un hôtel dans lequel se trouvait un groupe d’intellectuels alévis. 

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Une page de soutien pour Fazil Say

Le verdict du procès, vendredi 20 septembre, a suscité la colère de nombreuses personnes qui ont souhaité apporter leur soutien au célèbre artiste via Internet, annonce France 24. Une pétition en ligne a récolté les signatures de plus de 9 200 internautes bien décidés à dénoncer les actions contre la liberté d’expression menées par le gouvernement turc : « Notre objectif est d’attirer l’attention du monde sur cette situation et de rassembler les gens pour stopper le manque de « liberté d’expression » », est-il expliqué sur la page.

« Désormais, personne n’est plus fier de la Turquie »

C’est ce que dénonce également Taslima Nasrin, une auteure engagée d’origine bangladaise, dans son blog rapporté par France 24 : « La Turquie doit libérer inconditionnellement Fazil Say et doit le faire maintenant. La Turquie doit respecter le droit de chacun à la liberté d’expression. La Turquie devrait savoir que tout le monde a le droit de blasphémer. Le blasphème ne devrait pas être considéré comme un crime en Turquie », déclare la militante des droits de l’homme avant de lancer : « La Turquie était un pays progressiste dont les gens étaient  fiers. Désormais, personne n’est plus fier de la Turquie. Plus maintenant. »

Par Louise Michel D. pour JOL Press

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