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Drones américains: des ONG dénoncent les «assassinats ciblés»

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Alors que le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, qui condamne l’usage des drones américains, rencontre ce mercredi le président Barack Obama à la Maison Blanche, des ONG ont dénoncé mardi les « assassinats ciblés » et le « secret » qui entoure le programme américain d’attaques anti-terroristes.

« Serai-je le suivant ? »

« Les États-Unis ont illégalement tué des personnes au Pakistan lors d’attaques de drones dont certaines pourraient être considérées comme des crimes de guerre », a déclaré Amnesty International dans un nouveau rapport publié le 22 octobre. Ce rapport, intitulé « Will I be next ? – US drone strikes in Pakistan » (« Serai-je le suivant ? Les attaques de drones américains au Pakistan »), dresse un bilan des 45 attaques ayant frappé le nord-ouest du Pakistan, entre janvier 2012 et août 2013.

Selon l’ONG, certaines de ces attaques ont violé le droit international en frappant des personnes non impliquées dans les combats terroristes et pourraient donc s’apparenter « à des crimes de guerre ou à des exécutions extrajudiciaires. »

Des homicides injustifiés

« Nous ne trouvons rien qui justifie ces homicides. Il existe des menaces réelles contre les États-Unis et leurs alliés dans la région, et dans certaines circonstances les frappes de drones sont peut-être légales », a estimé Mustafa Qadri, chercheur d’Amnesty International sur le Pakistan, dans un communiqué.

« Mais il est difficile de croire qu’un groupe d’ouvriers ou une femme âgée entourée de ses petits-enfants puissent mettre quiconque en danger, et encore moins représenter un danger imminent pour les États-Unis », a-t-il ajouté. Dix-neuf civils non impliqués dans les combats et ne représentant « aucun danger pour autrui » auraient ainsi été tués depuis janvier 2012 dans la région pakistanaise du Waziristan, connue pour abriter des groupes de talibans.

Drones américains au Pakistan : à qui le tour ? par Amnesty_France

Amnesty demande la fin du « secret »

Dans son rapport d’une soixantaine de pages, Amnesty International exhorte les Etats-Unis à en finir avec le « voile du secret » qui selon l’ONG leur a permis « d’agir impunément et d’empêcher les victimes d’obtenir justice ou d’être indemnisées. » « La population locale vit en permanence dans la peur de violences omniprésentes auxquelles elle ne peut échapper », déplore l’organisation de défense des droits humains.

Si les Etats-Unis avaient promis, en mai dernier, plus de transparence sur les attaques de drones américains, l’ONG souhaite que le gouvernement américain rende publics les faits et les éléments qui justifient légalement les attaques de drones au Pakistan, qu’il mène des enquêtes approfondies sur les attaques de drones ayant provoqué des homicides illégaux, et qu’il traduise en justice les responsables.

Une violation des lois de la guerre

Human Rights Watch (HRW), une autre organisation de défense des droits de l’Homme, a également publié mardi un rapport d’une centaine de pages sur les tirs de drones américains au Yémen, l’un des principaux bastions des islamistes d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA).

Une enquête menée sur six frappes aériennes perpétrées par les États-Unis, une en 2009 et les autres en 2012-2013, a conclu à des violations et des dommages causés aux populations civiles yéménites.

« Deux de ces attaques ont tué des civils sans discrimination, en violation flagrante des lois de la guerre ; les autres pourraient avoir ciblé des personnes qui ne représentaient pas des objectifs militaires légitimes ou causé des morts civiles disproportionnées », indique l’organisation.

Une définition trop souple ?

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le gouvernement américain a effectué des centaines d’assassinats ciblés au Pakistan, au Yémen et en Somalie. Au Yémen, les États-Unis auraient effectué 81 assassinats ciblés, l’un en 2002 et le reste depuis 2009. Les groupes de recherche indiquent qu’au moins 473 personnes ont été tuées dans ces attaques, des combattants en majorité, mais aussi de nombreux civils.

Selon Human Rights Watch, pendant les opérations ciblées, les Etats-Unis ont utilisé une définition « trop souple » des combattants pouvant être légalement attaqués pendant le conflit.

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