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Après la Malaisie et le Maroc, c’est en Russie qu’Elton John fait l’objet des critiques de certains islamistes qui voient d’un mauvais œil la venue d’un chanteur défenseur de la cause homosexuelle.
Le musicien, engagé depuis 2005 avec le Canadien David Furnish dans une « union civile », mariage réservé aux personnes de même sexe au Royaume-Uni, a eu deux fils par l’intermédiaire d’une mère porteuse.
« La tentation du Mal »
Au Tatarstan, une petite république de Russie de tradition musulmane, l’imam Saïdjagfar Loutfoulline a récemment déclaré dans une interview que « la seule chose que nous pouvons faire en tant que croyants est d’appeler les gens à ne pas tomber dans la tentation du Mal et à ne pas assister aux concerts d’Elton John en Russie, notamment son concert à Kazan », la capitale locale dans laquelle doit se produire le chanteur en décembre prochain lors d’une tournée en Russie.
« Ceux qui assistent aux concerts et ceux qui se produisent sur scène seront punis d’un châtiment divin pour avoir participé à une réunion de la sodomie », a-t-il également déclaré au quotidien russe Nezavissimaïa Gazeta. La cause d’un tel emportement résiderait dans l’homosexualité assumée du chanteur britannique.
Contre la « propagande homosexuelle »
Ces propos interviennent alors que la Russie vient d’adopter une loi contre la « propagande homosexuelle » envers les mineurs, loi sévèrement critiquée par les défenseurs de la cause gay. Or, « tout comme la chanteuse Madonna, [Elton John] préconise la légalisation du mariage entre personnes de même sexe et condamne dans les médias les gouvernements des pays qui interdisent les gay pride », a précisé l’imam.
Sodome et Gomorrhe sont « deux villes bibliques légendaires qui ont été détruites par Allah pour les péchés de leurs habitants : les relations sexuelles entre personnes de même sexe, l’homosexualité. Et c’est ce dont le célèbre homosexuel Elton John fait la propagande », a continué Saïdjagfar Loutfoulline.
Des précédents au Maroc et en Malaisie
Ce n’est pas la première fois que le pianiste et chanteur de rock est critiqué par des islamistes. En mai 2010 déjà, sa participation au festival Mawazine au Maroc avait fait l’objet d’une polémique dans les rangs conservateurs du parti islamiste marocain Justice et Développement (PJD). Ces derniers avaient appelé à « interdire » la participation du chanteur homosexuel, participation qui risquait « d’encourager l’homosexualité au Maroc. »
« Le problème n’est pas au niveau du chanteur lui-même, mais par rapport à l’image qu’il a auprès de la société », avait déclaré Lahcen Daoudi, député du PJD. « La société marocaine a une perception négative de ce chanteur et nous devons la prendre en considération. » Si le chanteur avait quand même pu se rendre au royaume chérifien, un concert avait été annulé en Égypte à cause de propos controversés qu’il aurait émis sur la religion et l’homosexualité au Moyen-Orient.
La Malaisie, dont 60 % de la population est musulmane, avait pour sa part accueilli le chanteur en novembre 2011 malgré les protestations du parti islamique (PAS). Protestations renouvelées un an plus tard lors d’une seconde tournée dans le pays. Le PAS critiquait alors la « promotion de valeurs immorales » faite par le chanteur homosexuel. L’homosexualité est encore taboue en Malaisie et la sodomie est passible de 20 ans de prison.
Quand Al-Qaïda s’en mêle…
Plus récemment, dans une vidéo diffusée début septembre par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), le groupe terroriste reprochait notamment au roi du Maroc d’avoir accueilli sur son sol le chanteur homosexuel Elton John en 2010. Une affaire qu’Al-Qaïda ne semblait pas avoir digérée.
La vidéo de menaces envers Mohammed VI évoque le Maroc comme « royaume de la corruption et du despotisme » et a été publiée par le quotidien espagnol El Païs. Reprise par le journal marocain indépendant Lakome, elle a valu l’arrestation et la détention du directeur de la rédaction du journal, Ali Anouzla.
Concert d’Elton John lors du festival Mawazine à Rabat en 2010 :