Site icon La Revue Internationale

Etat des lieux du programme nucléaire iranien

[image:1,l]

Depuis mardi 15 octobre, les négociations sur le nucléaire iranien ont repris à Genève, où une délégation iranienne présidée par le ministre des Affaires étrangères, et proche du nouveau président Hassan Rohani, Mohammad Javad Zarif, a été accueillie par le groupe des 5+1, formé des cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Royaume Uni, France, Russie, Chine) et de l’Allemagne.

Une proposition secrète

Durant ces deux jours, la bonne volonté de la délégation iranienne a été particulièrement analysée par les Occidentaux, soucieux de savoir si les engagements oraux du président iranien élu en juin dernier pourront se transformer en actes.

Pour le moment, rien n’a filtré de cette réunion sous tension à Genève, si ce n’est une information restée encore confidentielle. L’Iran aurait en effet soumis une « proposition » qui pourrait faire avancer ces négociations. Toutes les parties se sont mises d’accord pour ne rien laisser filtrer de son contenu. Tout ce sur quoi on s’appuie, actuellement, ce sont les mots du vice-ministre des Affaires étrangères, Abbas Aragchi, qui s’est exprimé devant la presse iranienne.

La proposition « très complète […] peut permettre une percée dans les négociations », a-t-il affirmé. « Nous sommes sérieux, nous ne sommes pas là symboliquement ou pour perdre notre temps », a-t-il encore ajouté.

L’Iran laisse toujours planer un certain doute

Si cette proposition aboutissait, elle permettrait de mettre un terme à onze années de bras de fer entre la République islamique et les autorités mondiales de régulations du nucléaire.

L’Iran aurait commencé à établir les bases de son programme nucléaire dans les années 80. Mais ce n’est que plusieurs années plus tard, en 2002, que ce programme a été rendu public. L’Agence internationale de l’énergie atomique a alors voulu comprendre quelles étaient les réelles ambitions de l’Iran et a dépêché, à de nombreuses reprises, des délégations sur place.

Mais durant toutes ces années, les autorités iraniennes ont toujours été soucieuses de ne pas tout révéler de leurs projets, laissant planer un doute permanent sur les véritables projets nucléaires iraniens.

Officiellement, la République islamique a toujours affirmé qu’elle ne cherchait qu’à développer sa capacité nucléaire civile. Les pays observateurs ont quant à eux toujours accusé l’Iran de cacher un volet militaire derrière ces projets.

Certains sites encore suspects en Iran

Qu’en est-il vraiment ? Il est toujours difficile de déterminer exactement quelle est la réelle capacité nucléaire de l’Iran à ce jour. Néanmoins, les différents rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique permettent de dessiner une carte du nucléaire iranien.

« L’Iran affirme ainsi développer de l’uranium enrichi à 3,5 % pour sa production électrique sur la centrale nucléaire de Bouchehr et de l’uranium enrichi à 20 % (un taux qui le rapproche du seuil militaire) pour son réacteur de recherche à Téhéran, sur les sites de Natanz et de Fordow », nous apprend Le Monde. « Selon l’AIEA, le stock enrichi à 20 % atteignait 186,3 kg, fin août – il faut au minimum 240 kg pour produire une arme nucléaire. L’Iran possède plus de 19 000 centrifugeuses, dont 1 000 de nouvelle génération, bien plus puissantes que les précédentes », explique encore le quotidien.

C’est à Parchin, une base militaire au sud de Téhéran, que l’Iran pourrait éventuellement mener à bien ses projets nucléaires militaires. Des hypothèses jugées « sans fondement », par les autorités iraniennes et pourtant, l’Agence internationale de l’énergie atomique soupçonne fortement l’Iran d’y avoir procédé à des essais nucléaires. En 2000, une cuve de confinement d’explosifs aurait été construite afin de mener des expériences hydrodynamiques.

Déjà assez d’uranium pour construire une bombe ?

Récemment, le quotidien britannique The Economist se lançait à son tour dans un calcul précis de l’avancée de la recherche iranienne. Dans une vidéo intitulée « le compteur de la fin du monde », The Economist a tenté de savoir à quel moment l’Iran pourrait avoir franchi la « ligne rouge » contre laquelle le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait largement mis la communquté internationale en garde, lors de l’Assemblée générale de l’ONU de septembre 2012.

Lorsque Benjamin Netanyahu parlait de « ligne rouge », il sous-entendait à l’époque que cette ligne serait dépassée lorsque les Iraniens auraient obtenu au moins 250 kg d’hexafluorure d’uranium, c’est-à-dire, 165 kg d’uranium moyennement enrichi. C’est à partir de cette forme d’uranium qu’on obtient de l’uranium hautement enrichi qui permet la fabrication d’une bombe nucléaire.

Entre février 2010 et mai 2013, les scientifiques seraient parvenus à enrichir 219 kg d’uranium. Assez pour construire une bombe. Il faut cependant réduire ce chiffre dans la mesure où une partie de cet enrichissement a été utilisé à des fins civiles.

The Economist affirme que 96 kg doivent être soustraits. L’Iran aurait donc en sa possession 123 kg d’uranium hautement enrichi.

En fonction de la qualité de l’enrichissement, le pays pourrait donc avoir assez d’uranium pour fabriquer sa bombe atomique.

Quitter la version mobile