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Mongolie: le décollage économique grâce aux matières premières

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De Sylvain Fontan, via www.leconomiste.eu

Des ressources naturelles à la base du développement économique

Grâce au boom minier, la Mongolie bénéficie d’une des croissance les plus rapides du monde. En effet, le pays profite de sa proximité avec deux grandes économies (Russie et Chine) entre lesquelles il est enclavé. La demande émanant de ces deux pays est très dynamique, en particulier la demande de matières premières provenant de Chine. Grâce aux besoins chinois, la Mongolie a connu des croissances économiques très élevées en 2011 (+17,5%), en 2012 (+12,3%) et les prévisions de croissance économique pour 2013 sont supérieures à +16%. Egalement, le pays a profité de la mise en exploitation du plus grand gisement mondial, jusque-là inexploité, de cuivre et d’or. Le gisement d’Oyu Tolgoi, situé dans le sud du désert de Gobi, est contrôlé par le grand groupe minier australien Rio Tinto. A lui seul, ce gisement devrait à terme représenter un tiers de la richesse nationale (PIB). Tous ces éléments ont permis un afflux massifs de capitaux étrangers, dont la moitié provient de Chine, et qui permettent notamment de développer les infrastructures. Notons cependant que malgré un développement économique certain, plus d’un quart de la population est sous le seuil de pauvreté.

Les richesses naturelles de la Mongolie sont très importantes. En effet, la valeur des ressources naturelles de la Mongolie sont estimées à 1’300 milliards de dollars. A titre de comparaison, le PIB mongol est de seulement 10 milliards de dollars. Longtemps restées inexploitées, l’attrait de grandes puissances pour les ressources de ce pays va lui permettre d’exploiter ses immenses gisements d’or, de cuivre, de charbon et d’uranium. Concernant l’uranium, la Mongolie devrait d’ailleurs posséder dans 1O ans les deuxièmes plus grandes ressources au monde de cet élément essentiel à l’énergie nucléaire. Dans ce cadre, la France, qui est grande consommatrice d’énergie nucléaire, aurait un intérêt certain à assurer des approvisionnements en uranium depuis de ce pays. Or, la France est actuellement absente de ce pays, alors même qu’elle détient plusieurs champions nationaux (Air Liquide, GDF Suez, Areva..) qui auraient beaucoup à faire dans ce pays. Toutes ces ressources représentent une aubaine pour ce pays, dont, par ailleurs, les caractéristiques en matière de compétitivité dans d’autres secteurs sont très modestes et où les autres industries sont très peu développées.

Avenir très dépendant

Le pays est extrêmement dépendant de la demande minière mondiale. En effet, les secteurs agricoles, des services et de l’industrie hors-minerais sont trop peu développés et trop peu intégrés sur les marchés mondiaux pour venir compenser une éventuelle chute des cours et/ou de la demande mondiale de minerais. Si les cours ou la demande mondiale venaient à chuter, ou si le pays devait connaître un problème lié à l’extraction de ses ressources, alors le pays se trouverait dans une situation très délicate. Le constat est d’autant plus vrai lorsque le niveau des réserves en devises est pris en compte. En effet, ces réserves ne peuvent couvrir que trois mois d’exportations, ce qui constitue un niveau particulièrement bas et souligne la sensibilité extrême du pays à tout choc externe. En outre, l’essentiel de sa production minière (90%) est exportée vers la Chine qui a besoin de ces matières premières pour soutenir son modèle de croissance. Or, il apparaît que le ralentissement économique de la Chine se confirme. Bien entendu ce ralentissement est encore relativement modéré et ne devrait pas se traduire à court ou moyen terme par une diminution de la demande en matières premières adressée à la Mongolie. Néanmoins, ce constat est un élément constitutif d’un risque non négligeable.

Son autre dépendance renvoie à son besoin de capitaux et d’expertise étrangère. En effet, le décollage économique de la Mongolie ne pourra se matérialiser davantage si les flux de capitaux se tarissent, ainsi que leur corollaire, à savoir l’expertise technique étrangère. Les moyens financiers propres à la Mongolie sont encore très limités et ils ne peuvent pas à eux seuls assurer le financement de grands projets d’infrastructures indispensables à l’exploitation minière.  A  ce titre, pour ne pas accroître sa dépendance à la Chine, la Mongolie tente de nouer des liens avec de grandes entreprises émanant d’autres puissances telles que les Etats-Unis, la Japon, la Corée du Sud ou encore l’Allemagne. A l’exception de certaines villes où les infrastructures se sont très sensiblement développées, le pays reste notoirement sous développé en matière d’infrastructures. Une des raisons de ce manque est bien entendu le manque de finances et de savoir-faire, mais aussi il convient de souligner que la Mongolie est le pays où la densité de population est la plus faible de la planète. Dès lors, dans ces conditions, les coûts de constructions et d’entretien des voies de communication et de transports, par exemple, sont très rapidement disproportionnés. Le pays a notamment besoin de centrales électriques, du développement de sites industriels et miniers, d’usines, de réservoirs, de logements, de routes, de chemins de fer, ou encore des bâtiments publics. A titre d’exemple, le pays détient le plus gros gisement de charbon thermique au monde, mais il a néanmoins besoin d’importer son électricité de Chine car il n’a pas la capacité propre à produire cette électricité sur son sol.

Citation

Sylvain Fontan, “Le décollage économique de la Mongolie grâce aux matières premières”, décryptage publié sur «leconomiste.eu» le 24/09/2013.

 
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