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Pussy Riot: l’une des membres dépeint l’horreur des camps en Russie

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Cela fait un an que Nadia Tolokonnikova, membre du groupe russe des Pussy Riot, est emprisonnée dans un centre pénitencier en Mordovie, à 600 km à l’est de Moscou, pour avoir fait une « prière anti-Poutine » dans la principale cathédrale orthodoxe de Moscou.

Condamnée en août 2012 à deux ans de camp, la jeune femme s’est attirée les foudres des autorités pénitentiaires pour avoir publié une lettre ouverte dans laquelle elle dénonçait les conditions de détention du centre IK-14. La punkette a également entamé une grève de la faim pour alerter l’opinion, avant d’y mettre fin huit jours plus tard en raison de la détérioration de son état de santé.

« Esclavage moderne »

Dans sa lettre publiée, le 23 septembre dernier, Nadia Tolokonnikova révélait un véritable « esclavage moderne » dans sa colonie pénitentiaire 14 de Mordovie : 17 heures de travail par jour, de sévères punitions et des salaires ridicules…

« La brigade de l’atelier de couture à laquelle j’ai été intégrée travaille de 16 à 17 heures par jour. De 7h30 le matin jusqu’à minuit et demi. Le sommeil ? Dans le meilleur des cas, quatre heures par jour. Un jour de sortie chaque mois et demi », explique Nadia Tolokonnikova dans sa lettre.

« Une atmosphère menaçante et nerveuse »

« Pour maintenir discipline et obéissance, un système de punitions informelles, qui a largement fait ses preuves, est utilisé : nous maintenir dans le noir ; empêcher l’accès à l’hygiène (…) ; interdire l’accès à des provisions personnelles ou à la théière », poursuit-elle dans le texte publié par le quotidien britannique The Guardian. 

Elle y décrit également l’ambiance « menaçante et nerveuse » dans les ateliers de travail : « En manque de sommeil permanent et épuisées par une course interminable pour remplir des normes inhumaines, les détenues sont prêtes à craquer, à hurler et à se battre pour la moindre broutille. Il y a peu de temps, une jeune femme s’est fait planter des ciseaux dans le crâne parce qu’elle n’a pas rendu un pantalon à l’heure. Une autre a récemment essayé de s’éventrer avec une scie à main. Elle en a été empêchée […]», témoigne Nadia Tolokonnikova. 

Onde de choc

Sa lettre a fait l’effet d’une bombe en Russie, poussant  les instances officielles de protection des droits de l’Homme à réagir. Une commission du Conseil présidentiel pour le développement de la société civile et des droits de l’Homme a envoyé quatre représentants pour enquêter et interroger la détenue. Parmi eux :  Elena Massiouk qui a réussi a interviewer la membre des Pussy Riots, quelques jours avant son placement à l’hôpital, au 7e jour de sa grève de la faim. L’entretien a été publié par le tabloïd russe Novaïa Gazeta.

Révélations

La jeune femme de 23 ans confie notamment qu’il y a eu des travaux effectués dans le camp quelques jours avant l’arrivée des représentants : « Ça arrive à chaque fois qu’il y a une inspection, l’administration essaie de corriger certains défauts, mais cela se traduit par une surcharge de travail des détenues qui est insoutenable. Les détenues passent leur journée dans l’atelier et après cela, elles rentrent dans l’unité et poursuivent leur travail la nuit pour corriger les défauts du centre pénitencier », a-t-elle expliqué à Elena Massiouk.

Depuis près de deux semaines, la famille et défenseurs de Nadejda Tolokonnikova sont sans nouvelles d’elle : « Nous ne savons pas dans quel état elle est, quel est le diagnostic de son état et quels soins elle reçoit », s’inquiète Pavel Tchikov, chef de l’ONG russe Agora. Ses proches s’inquiètent de l’état de santé de la jeune femme, fragilisée depuis sa grève de la faim. 

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